Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1915-10-31
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Description : 31 octobre 1915 31 octobre 1915
Description : 1915/10/31 (Numéro 14246). 1915/10/31 (Numéro 14246).
Description : Note : Ed. de Paris. Note : Ed. de Paris.
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/07/2008
̃ 4 «s
s Le Petit Parisiens •̃
Les besoins chimiques
de nos usines privées
| et nos usines fie guerre
Quand, après la paix victorieuse, on
écrira l'histoire de ce qui s'est passé à
l'arrière de la zone de bataille, on sera
forcé de rendre un superbe hommage,
sous peine de méconnaître injustement
les faits, à l'activité chimique qui s'e=t
développée dans notre pays sous la pres-
sion des événements.
On pourra même en écrire long sur ce
sujet. Je veux parler de l'activité chimi-
que industrielle, sans laquelle un pays
civilisé reste au-dessous de tous les pro-
grès manufacturiers et s'enlise dans une
servitude désastreuse vis-à-vis de la na-
tion qui aura su prendre les devants.
Avant la guerre, la France nous ne
saurions trop nous le répéter était
ainsi devenue la tributaire presque in-
souciante de l'Allemagne. Les médica-
ments chimiques venaient d'outre-Rhin,
pour la plupart antipyrine, pyramidon,
aspirine, salol, salicylate de soude, etc.
Les parfums artificiels, qui luttent au-
jonrd'hni brillamment avec ceux élabo-
rés dans le nectaire des fleurs, nous
étaient expédiés en grande partie par les
laboratoires allemands. Nos distilleries
de la Côte-d'Azur savent à quoi s'en te-
nir sur cette concurrence effrénée.
Les matières colorantes artificielles,
qui constituent, après cinquante ou
soixante ans de recherches et de décou-
vertes, une palette merveilleuse qui défie
les plus riches couleurs de nos parterres,
constituaient pour l'Allemagne un mo-
nopole s'imposant au monde entier.
Une &fmée de chimistes pratiquant le
pas de l'oie dans le domaine de la chimie
appliquée a atteint peu à peu ce résultat
économique, pendant que nos chimistes
lçs plus éminents passaient leur temps à
se quereller sur la constitution des corps.
Rappelons-nous les passes d'armes aca-
démiques et mémorables, à ce propos,
f-ntre l'école de Wurtz et celle de Ber-
ttaelot. Pendant ce temps, les Allemands
fabriquaient et vendaient bien plus, ils
monopolisaient la vente.
Et quand notre régime douanier, ou
notre vieille loi sur les brevets, apportait
quelque entrave à l'exercice de cette, hé-
gémonie chimique industrielle, l'achat
de nos usines, la fabrication sur notre sol
même des médicaments ou des colorants
devenaient la tactique courante qu'ils
employaient pour tourner les difficultés
et étendre sur notre pays leurs tentacules
et leurs ventouses.
Faut-il ajouter que ces substances fa-
hriquées, plus ou moins complexes, sont
les derniers termes de transformations
successives'? Pour les produire, il faut
avoir à sa disposition certaines matières
premières chimiques indispensables, qui
sont la clef de toutes les fabrications.
L'acide sulfurique et la soude qui
l'ignore aujourd'hui ? constituent, en
quelque sorte, le primiim movens de
toute production chimique. Ajoutons, si
l'on veut, les acides nitrique et chlorhy-
drique, et aussi le chlore.
Ici, encore, les Allemands étaient les
maîtres. Notre pays venait bien après.
De l'autre côté du Rhin, des milliers de
tonnes de ces matières premières sor-
taient quotidiennement d'immenses usi-
nes de production. Ajoutons, point capi-
tal, qu'elles scrtaient à bas prix.
La guerre éclate. Les ponts sont rom-
pus avec l'Allemagne. La nécessité nous
impose de nous suffire à nous-mêmes.
C'est là qu'il faut louer le prodigieux
effort pour réparer les erreurs du temps
de paix.
La production de l'acide sulfurique de
tout degré, indispensable pour fabriquer
la poudre sans fumée, la mélinite et tous
les explosifs, devait être beaucoup plus
que décuplée. On y a pourvu, on y pour-
voit avec une merveilleuse activité. C'est
la production gigantesque que nous vou-
lons. Et nous l'obtenons.
Car enfin, devons-nous arrêter la fabri-
cation des matières colorantes, des mé-
dicaments, des engrais, etc., pour con-
centrer uniquement notre effort sur les
produits chimiques de guerre ? Telle est
la question angoissante qui s'est posée
chez nous, il y a quelques mois déjà,
comme certainement en Angleterre et
en Russie.
La réponse ne pouvait être que néga-
tive. Arrêter la production des matières
colorantes, c'est arrêter la grande indus-
trie de la teinturerie en France et par
suite arrêter les tissages de soie. de laine
et de coton. A Lyon et dans la région
'lyonnaise, ce sont deux cent mille chô-
meurs qu'on risquait de jeter sur le pavé,
si l'industrie des matières colorantes était
arrêtée faute d'acide sulfurique, le pain
de l'industrie.
L'industrie dans un grand pays cons-
titue une vaste trame dont tous les fils
sont liés et solidaires. Puis l'ouvrage re-
pose sur des piliers de soutien, piliers
énormes et robustes sans lesquels fr-mt
s'effondre.
L'acide sulfurique est un de ces piliers
sans lesquels l'industrie tout entière s'a-
bîme dans la ruine, en s'écroulant.
Des milliers de tonnes par jour sont
devenues nécessaires. Nos ennemis, cer-
tes, n'échappent pas à cette contrainte, à
cette obligation de surproduction.
Mais, chez nous, il a fallu plus spécia-
lement des prodiges de volonté et d'ini-
tiative pour créer de nouvelles chambres
de plomb, afin de fabriquer l'acide à 53°,
de nouveaux appareils à concentration
afin d'obtenir l'acide à 66° indispensable,
et enfin de nouveaux agencements afin
de produire, par synthèse, Yoleum, c'est-
à-dire l'acide tout à fait riche et con-
centré.
C'est dans le silence du cabinet que
s'est élaboré ce programme de produc-
tion fabuleuse, programme qui se réalise
à la stupéfaction de nos ennemis, les-
quels escomptaient l'effondrement chi-
mique de notre pays.
Et comme en chimie industrielle rien
n'est fabriqué sans métaux, sans grès,
sans maçonnerie, pour les fours, les ré-
servoirs, les récipients, les tuyaux, etc.,
on entrevoit la mise en mouvement d'une
foule d'industries d'à côté. C'est la fièvre
à l'arrière qui fait pendant à la fièvre
héroïque de nos « poilus » dans les tran-
chées.
Et s'il ne s'agissait que de l'acide sul-
tnriqne 1 Mais on s'aperçoit bien vite que
si le benzène, qu'on appelle encore ben-
zol ou benzine, est la matière indispensa-
ble pour fabriquer la mélinite, elle est
aussi la matière indispensable pour fa-
briquer le noir d'aniline, ce noir mer-
veilleux par sa stabilité, qui a produit, à
l'époque de sa découverte, toute une ré-
volution dans la teinturerie en noir.
Cette belle soie noire, inaltérable à
l'air et à la lumière, que la soierie lyon-
naise expédie, même en temps de guerre,
en quantités appréciables aux Etats-
Unis, est teinte au noir d'aniline.
C'est ainsi que notre industrie privée
dispute aux usines de guerre le précieux
benzène, clef de voûte de la fabrication
dp produits importants variés.
La naphtaline, elle aussi retirée du
goudron de houille comme le benzène,
est un élément important d'un certain
explosif tout comme elle est la base du
noir naphtol également utilisé en tein-
ture.
Et je pourrais multiplier les exemples
en passant en revue bien d'autres indus-
tries, l'industrie des engrais où le nitrate
de soude et le sulfate d'ammoniaque sont
d'une utilisation courante, concurrem-
ment avec nos usines d'explosifs nos
filatures de coton, qui disputent à la pou-
dre sans fumée la matière première, etc.
Un problème très aride se posait donc,
dès le premier coup de canon tiré celui
de ne pas laisser périr d'inanition nos
industries privées et en même temps de
pousser au maximum notre production
chimique de guerre, La défense nationale
commande d'accroître ses moyens d'ac-
tion, sans que la vie économique du pays
s'arrête. C'est ce juste équilibre qu'il fal-
lait trouver. Il est trouvé.
Le sous-secrétaire d'Etat aux Muni-
tions, dont j'apprécie l'intelligente acti-
vité, n'est pas homme à. se laisser rebuter
par les difficultés les Plus épineuses. Sa-
voir coordonner les efforts pour répondre
à tous les besoins est une tâche patrioti-
que silencieuse qui n'est pas au-dessus
de ses forces, j'en demeure convaincu.
Paul CAZENEUVE,
Sénateur du Rhhne,
Rapporteur de la commission de l'armée.
LA QUESTION DES TAXIS
est sur le point d'ètra ra:o ue
Les améliorations proposées par le pré-
fet de police aux loueurs de voitures et ac-
ceptées par ceux-ci, pour remédier à la pé-
nurie de taxis dont souffrent les Parisiens
la nuit, sont sur le point d'être mises à exé-
cution et nous savons déjà que, très pro-
chainement, un supplément de cinq cents
voitures seront mises en circulation dans
Paris.
On ignore encore quelle heure sera choi-
sie par le préfet de la Seine pour l'applica-
tion du tarif de nuit.
A propos de l'essence
La question de l'essnnce, telle que l'enten-
dent les conducteurs de taxis-autos, est, en
quelque sorte, subsidiaire de celle du ben-
zol.
Jusqu'à la guerre, les autos-taxis, comme
les autobus, consommaient du benzol, sous-
produit de la houille, en majeure partie d'ori-
gine allemande. Ce carburant, dont le prix
de revient est naturellement assez faible,
n'avait à supporter que des frais de trans-
port peu élevés. Il bénéficiait de l'exonéra-
tion des droits de douane et d'octroi qui,
pour l essence, s'élèvent, dans Paris, à 15
centimes par litre.
Privés de benzol, les loueurs ont dû avoir
recours à l'essence, dont la valeur intrinsè-
que est supérieure, puisqu'il faut, pour l'ob-
tenir, raffiner des pétroles extraits des ré-
gions minières et transportés par bateaux-
citernes dans lés ports de la mer Noire ou
de l'Atlantique, puis dans ceux de France.
Les loueurs, si les difficultés bugdétaires
le permettaient, pourraient toutefois deman-
der la remise des 75 centimes par bidon que
le fisc ne toucherait pas si le carburant ha-
bituel était utilisé.
Au cours de son entretien avec les repré-
sentants des grandes sociétés de fiacres au-
tomobiles et des raffineries de pétrole, le
préfet de police a recueilli leurs doléances
sur ce point. Les raisons de renchdrissement
qui lui ont été présentées résidaient dans la
rareté des bateaux-citernes, réquisitionnés
par l'amirauté anglaise, et aussi dans l'in-
suffisrrnce du trafic par voie ferrée, gêné par
les nécessités de la guerre.
D'autre part, les industriels français s'ap-
provisionnent, moitié en Russie et en Rou-
manie, moitié aux Etats-Unis. La fermeture
des Dardanelles les prive de l'apport des
deux premiers producteurs, et les prix aux
Etats-Unis ou la consommation locale a
sensiblement augmenté se sont élevés de
0/0. devant l'activité de la demande et en
tenant compte de la hausse du change. A ces
causes, il faut ajouter le renchérissement
du fret.
Cependant. il convient de considérer
comme exceptionnel le prix de 4 fr. 50 le bi-
don de cinq litres pratiqué par des détail-
lants peu scrupuleux. Les prix de vente au
commerce sont de beaucoup inférieurs.
La cession de quelques navires pétroliers,
conformément à la demande présentée par
le ministre de la Marine irançais à son col-
lègue anglais, peut, à bref délai, résoudre
la question.
Formalisme vraiment exagéré
Mme L. domiciliée à Rouen, était venue
passer deux jours à Paris, dans sa famille.
Hier matin, elle se rendait à la gare Saint-
Lazare et demandait un billet pour prendre
le train de sept heures, passant à Rouen.
Avez-vous un sauf-conduit? demanda
l'employé.
Non, répondit la voyageuse.
En ce cas, allez au commissariat de
votre quartier, où, avec un certificat de do-
micile, on vous délivrera la pièce dont il
s'agit.
Mais, monsieur, je n'ai pas de domicile
fixe à Paris. Je suis donc dans l'impossibilité
de me faire établir le certificat nécessaire.
De guerre lasse, Mme L. se rendit au
commissariat de la gare. Elle y exhiba tous
ses papiers d'identité, qui furent reconnus
en règle. Néanmoins, on refusa de lui déli-
vrer le sauf-conduit dont elle avait besoin.
La voyageuse, après avoir vu partir son
train, se rendit au commissariat du quar-
tier où demeure sa mère, chez laquelle elle
était descendue. Là, grâce à deux témoins
patentés qui ne la connaissaient d'ailleurs
pas, mais qui certifièrent néanmoins se
trouver en présence de Mme L. elle put
se faire enfin délivrer le talisman capable
d'amadouer les trop zélés fonctionnaires.
Les envois gratuits aux soldats
Les indigents ont droit à l'envoi mensuel
d'un -colis gratuit aux combattants. Qu'en-
tend-on par indigent ? Des titulaires d'allo-
cation se voient refuser le bénéfice de la
gratuité d'expédition, le fait de toucher l'al-
location ne justifiant pas l'indigence. A dé-
faut de règlement précis, il semble logique,
au contraire, d'autoriser tous les titulaires
d'allocation à effectuer chaque mois un
colis en franchise.
A L'EXTRÈME-ARRIÈRE
bien, Joseph, est-ce que nous avançons?
L'Ecole des Beaux=Arts au feu
L'Ecole des Beaux-Arts est presque entiè- Mélange curieux que celui de ces feuilles,
rement mobilisée. L'ardente- jeunesse qui uniquement réservées aux membres de
la composait est au feu, et elle a largement l'Ecole, où voisinent, dans un certain pêle-
versé son sang, comme l'atteste le tableau, mêle, de simples informations d'adresses,
entouré de draperies tricolores, qui, dans quelques lignes des ·c patrons », des profes-
le vestibule auquel on accède, après avoir seùrs, affirmant leur intérêt et leur affection
traversé la cour du quai Malaquais, con- pour leurs disciples, des citations qui ont été
tient, hélas, tant de noms déjà La façon communiquées, des avis des comités invi-
dont les élèves peintres, sculpteurs, graveurs, tant à user de l'aide offerte, des extraits des
architectes, cnrnprennent le grand devoir, un lettres reçues, les unes graves, payant leur
autre tableau, qui relève les citations, la dit tribut de regrets à la mémoire* d'un ami glo-
eloquemment En quittant le pinceau, rieuscment tué, les autres gardant une ro-
l'ébauchoir, le burin, l'équerre pour le fusil, buste galté, du sérieux, de l'émotion et du
ces artistes, qui poursuivaient un rêve de rire, de ce rire français qui est une des for-
beauté, sont devenus des soldats détermi- mes du courage. C'est, comme une conversa-
nés ne pensant plus qu'à la patrie, à l'œu- j tion qui se poursuit entre ceux qui sont sé-
vre de libération pour laquelle ils se bat- parés, une conversation qui ravive les sou-
tent. Uissérninés, selon les régiments dont | venirs et réchauffe l'attachement mutuel, en
ils font partie, des bords de l'Yser aux mon- une atmosphère de famille,
tagnes d'Alsace, l'idéal vers quoi se tend Telle de ces gazettes a pris le nom du
leur volonté, maintenant, c'est la victoire. maire, comme e Rednr, « organe le plus
Voici l'époque de l'année revenue où formidablement poilu de tous les organes
l'Ecole reprenait sa vie, sa vie de travail les plus poilus » ou le Cri de ralliement des
dans une belle humeur qui était un élément Grosmort. La gazette de l'atelier Defrasse
d'activité. Quelques cours vont faire leur s'est offert le luxe d'un frontispice. Celle de
réouverture, mais dans quelles conditions l'atelier Deglove est rédigée par le « patron »
différentes de celles d'un récent autre- lui-méme. C'est Mlle l-leiivelmans, grand-prix
fois » Le silence pèse sur les vastes bâti- de Rome, qui donne ses soins à celles des
ments ateliers Coutan, Pujalbert, Mercié et Peter,
Pas partout, cependant. Voisine des bu- et, par surcroît, à celle des graveurs.
reaux du secrétariat, une salle a gardé de M. Course les-Dumont réunit les lettres des
l'animation ceux qui l'occupent semblent c°mnattants des ateliers Cormon Flameng,
même affairés. 11 s'accomplit là une oeuvre Co']ln; M. Martmeau est 1 intermédiaire des
de solidarité, simplement et cordialement, soldats de 1 atelier Jean-Paul :aurens.
L'Ecole comprenait un certain nombre Les lettres de ces jeunes gens, qui sont au
d'élèves américains, qui ne virent pas sans danger et trop de victimes parmi eux,
émotion partir leurs camarades,. Ils songé- attestent la part prise à la défense natio-
rent à leur prouver leur amitié; ils s'orga- £ale ont une belle crànerie L Ecole des
nisèrent en un comité qui se donna la mis- Beaux-Arts, même sous les obus et sous les
sion d'apporter aux combattants ime aide h,alles ne peut pas abdiquer sa fantaisie, et
fraternelle, de pourvoir discrètement aux ? Ps} dans les plus rudes épreuves que cette
besoins des moins fortunés, de leur taire fantaisie a vraiment sa grâce.
d'utiles envois. A la vérité, ils étaient alors Les soldats de la rue Bonaparte sont gais,
les seuls qui formassent encore un groupe, <5crit un jeune peintre. Ils rient et ne
en une époque de dispersion. Puis, par une sont Pas désarmés. La gailé est une sixième
irançats, composé de maîtres, de quelques taille sans arrêt. Sourions à la victoire, qui nous
élèves non mobilisés ou réfornés, d'éléver sourit et nous tend les bras, c'est une sacrée
temmes. Cet autre comité avait l'ambition belle fî'Jle! Notre seule grande tristesse est que
d'assurer de premières ressources à de ceux qui ont le mieux mérité d'elJe ne seront
grands blessés ou à des familles particuliè- Plus la pour l'embrasser.
rement éprouvées par les deuils qui attei- La gaîté sous les obus
gnaient l'Ecole. Il s'ingénia il s'ingénie
encore à trouver les moyens de remplir Parmi ces lettres, il en est beaucoup qui,
sa tâche, que les circonstances devaient après un peu d'attendrissement, finissent
élargir Des bonnes volontés s'employèrent par une plaisanterie.
aussi un ouvroir a été institué, où vien- « Le moral est bon », disent-elles presque
nent travailler, pour le front, des mères, toutes. A la vérité, pour cette constatation,
des sœurs, des femmes d'artistes. il n'y a qu cueillir, au hasard, dans cette
Mais l'appui matériel, était-ce tout ce que j collection, formée par les gazettes. C'est,
pouvait suggérer la tidélité aux absents ? par exemple, M. Pujalbert, qui reçoit ce bil-
Ceux-ci étaient sans liens les uns avec les let d'un de ses élèves, blessé
autres. L'idée naquit de les réunir par la Au nombre des nôtres, tombés au champ
pensée, et, malgré la distance qui les sé- d'honneur, j'ai eu le regret de lire bien des noms
parait, de garder entre eux cette cohésion amis. Popr ma part, ;'ai un éclat d'obus à la
mtime qui est une tradition de la Maison. i tëte, une balle à l'épaule droite, une autre à l'iii-
dex droit. une troisième à la cuisse droite.
Le tiait a union des se rebouche et on recommence. A part ça, bonne
Comment réaliser cette union, en dépit de santé.
l'éloignement ? Chaque atelier fonda sa Qa- Un architecte, qui est dans l'Argonne,
zette, une manière de petit journal, en effet, j comme aspirant d'infanterie, rappelle qu'il
imprimé à la machine à écrire centralisant a manqué une médaille, à l'un des derniers
les renseignements, et devant être adressé concours. Mais si, quand il reviendra, on
aux camarndes qui furent priés d'y collabo- donne comme sujet de concours « une déco-
rer en donnant de leurs nouvelles. Dans le ration de blockhaus » ou « une grotte de com-
premier numéro, le directeur et le sous- mandementn, il est sûr. cette fois, de rem-
directeur de l'Ecole, MM. Bonnat et Bomier, porter le prix. Un peintre, cité à l'ordre du
saluèrent le dévouement, la ténacité, l'héroïs- jour, raconte comment il a enfoncé opportu-
me de ces grands garçons, qu'ils avaient nément sa baïonnette dans le ventre d'un
connus joyeux, tumultueux parfois, débor- Allemand. « A quoi j'ai pensé, dans ce mo-
dant de sève, et qui, maintenant, étaient ment-là 2 A ceci Tiens, cochon, voilà
tout à la lutte sacrés. Chacune de ces ga- pour m'empêcher de faire de la peinture
zettes prit peu à peu sa physionomie propre, depuis quatorze mois » Un sculpteur, adju-
à mesure que les lettres arrivaient dés sec- daDt, résume ses impressions de Souchez,
teurs, sentant la poudre, reflétant la force où il s'est battu « J'aimais assez la musi-
morale. l'entrain, l'énergie, l'espoir, que allemande, mais celle que j'ai entendue
FLAMBEAU SOUS LES BOMBES, par Benjamin RABÎER
là est vraiment trop bruyante. » Devenu j
capitaine, un autre a appris à ses soldats
une chanson d'atelier, Je Pompier, et c'est
en l'en tonnant que charge sa compagnie.
Mais les gazettes de l'Ecole, qui se bor-
naient d'abord à ces correspondanc2s, s'en-
richissent progressivement d'une partie lit-
téraire » et de dessins. L'esprit d'atelier per-
siste chez les poilus. Ce n'est pas parce
qu'on est en face de l'ennemi qu'on n'est pas
tenté de se servir d'un bout de crayon qu'on
a entre les doigts ou qu'on retient une idée
amusante, voire un couplet ou une parodie.
Et croquis et facéties sont vite envoyés aux
organes de l'E. D B. A. (Ecole des Beaux-
Arts), qui ne se piquent pas de sévérité et ne
se hérissent pas n'étant soumis à aucune
censure devant des communications d'un
ton un peu libre. Ces gamineries, expédiées
des tranchées, entre deux attaques, reflètent
une appréciable possession de soi-même.
'l'el illustre au 'trait, les moyens de repro-
duction étant sommaires, un entretien entre
le vieux Bon Dieu et un Boche, qui se glo-
rifie de ses forfaits » C'est bien, dit le
vieux Bon Dieu, une place au ciel, une »
Tel autre esquisse un trio d'Allemands char-
gés de leurs appareils à gaz asphyxiants. Un
autre chante, en vers épiques, la lutte, pleine
de péripéties, avec de redoutable» parasites.
Ici git, ô poilu*, un pou cadavérique.
Voici un drame rapide, en quatre actes,
de quatre lignes chacun, mais combien réa-
liste, qui fait assister l'empoisonnement
de Prussiens par leur seule fétidité. Voici
des caricatures de camarades, des scènes du
front, des souvenirs d'hôpital, e.t la verve se
dépense largement On collabore au moins
pour un écho La campagne allemande
Un Paris perdu » ou bien « Ordre de la
kommandantur Doivent être immédiate-
ment envoyés à la fonte tous les individus
possesseurs de voix cuivrées, de coliques de
plomb, de pieds nickelés, de jarrets d'acier,
de nez en pied de marmite, d'un teint
6ronzé! » Un blessé conte son aventure
en une fable, avec moralité, par à-peu près.
Il se présente au chirurgien avec 1 index
coupé, mais on le fait attendre pour donner
des soins à un autre blessé, atteint à la
figure « La face prime le doiat » Sans
doute, à Paris, dans la tranquillité de l'ate-
lier, ce ne seraient là que badinages assez
maigres, mais le rire sous le feu leur donne
une couleur héroïque.
L'Ecole des Beaux-Arts, en s'offrant a
tous les sacritices pour la patrie, ne consent
pas à faire celui de son humeur primesau-
tière et narquoise. Paul GINISTY.
LES JUGES PAIX ET LE MORATORIUM
Un juge de paix incompétent pour sta-
tuer sur une demande en paiement de
loyers, parce que le chiffre de ces loyers
excède le taux de la compétence, doit-il se
borner à se déclarer incompétent, sans se
prononcer sur la question, qui lui est éga-
lement soumise, de savoir s'il y a lieu ou
non d'appliquer le moratorium ?
Le cas était, hier, soumis à la sixième
chambre du tribunal, où M. le substitut La-
fon a soutenu que le juge doit se prononcer.
S'il décide que le moratorium est applica- j
blr, Ifs poursuites s<* trouvent suspendues.
S'il juge que le moratnrium n'est pas ap-
plicable, il doit renvoyer l'affaire devant la
juridiction compétente, c'est-à-dire le tri-
bunal civil.
TROIS FOIS INSOUMIS
M. Amédée Manuel, éleveur de chevaux,
propriétaire d'une marque de champagne
il. Reims, licencié es sciences et qui a pris
huit inscriptions comme étudiant en tnéde-
cine, comparaissait hier, pour insoumis-
sion, devant le 3" conseil de guerre. Deux
fois, en 1911 et lors de la mobilisation, M.
Amédée Manuel n'avait pas répondu aux
convocations de l'autorité militaire. On le
découvrit à Sannois, caché dans une cave.
Il a été condamné à cinq ans de prison.
UNE SCÈNE DE VAUDEVILLE
Mme veuve Leutre tient les rôles gais, au
théâtre, sous le nom de Croix-Meyer. Il y
a quelque temps, à Joigny, où elle se trou-
vait chez sa fille, un gendarme vint lui de-
mander son domicile et sa profession.
Mme Croix-Meyer s'empressa d'obtempé-
rer.
Et votre âge ? continua le gendarme.
Quatre-vingt onze ans répondit sans
sourciller Mme Croix-Meyer.
Pas possible fit le gendarme.
Vous êtes bien aimable, reprit Mme
Croix-Meyer. Allons, mettez trente-deux
ans.
Le gendarme ne manifesta, cette fois, au-
cune surprise, mais, peu auprès, Mme Croix-
Meyer était citée à comparaître, pour outra-
ges à un représentant de l'autorité publi-
que, devant le tribunal de Pontoise qui lui
infligea 500 francs d'amende.
Hier, la cour de Paris a estimé que c'était
traiter un peu lourdement une scène de vau-
deville, et. elle a réduit l'amende à francs.
L'AFFAIRE LOMBARD
L*. TRENTE-TROISIÈME ARRESTATION
Les arrestations continuent dans l'affaire
Lombard. Le trente-troisième inculpé a été
écroué, hier, à la prison du Cherche-Midi.
Son histoire démontre que le docteur Lom-
bard recrutait ses clients, non seulement à
Paris, mais aussi en province.
Le soldat en question languissait dans un
dépôt de province, quand il entendit parler,
pour la première fois, du docteur Lombard
et de son agence clandestine. Sans hésiter,
il fit le voyage et se présenta au docteur
Lombard. L'affaire ne traîna pas. Le client
fut admis à l'ambulance de Neuilly, puis
gratifié d'un congé de convalescence.
Le capitaine Bouchardon a fait subir un
nouvel interrogatoire au soldat Dubosc, se-
crétaire d'état-major il lui a fait préciser
certains points de ses déclarations précé-
dentes, notamment sur la manière dont il
établissait ses fausses pièces.
M. Bouchardon a ensuite entendu, à titre
de témoins, quelques parents d'inculpés; il
leur a demandé s'ils avaient été tenus au
courant de l'intervention frauduleuse du doc-
teur Lombard et de ses acolytes
UNE LETTRE DE M. LACOSTE
M. Lacoste, président de l'Association fra-
ternelle des employés et ouvriers des che-
mins de fer français, nous adresse une lettre
dans laquelle il nous fournit les précisions
suivantes en ce qui concerne l'hôpital auxi-
liaire de Neuilly, dont le docteur Lombard
était médecin-chef
En raison de la subvention qui avait été allouée
par l'Association fraternelle à la société chargée
de l'hôpital militaire complémentaire V.L.38. j2
fus sollicité de faire partie du conseil d'adminis-
tration de cette société et choisi comme deuxième
vice-président, au mois de juillet dernier, le doc-
teur Lombard étant premier vice-président et
médecin-chef depuis le lî mai. Dès mon entrée
en fonctions, j'exigeai un contrôle rigoureux des
dépenses et une comptabilité impeccable, avant
eu soin de prendre toutes garanties à cet effet.
La gestion de l'hôpital et son administration
ne sauraient donner lieu il la moindre critique
et peuvent affronter tous les examens. D'ailleurs,
il n'est rien reproché au conseil d'administration
de la «Croix de Lorraine Rouge», et tes faits in-
criminés concernent simplement des complaisan-
ces coupables, émanant dé médecine nommés par
le service de santé, et sur les agissements des-
quels la société n'avait aucun moyen de contrble.
Au surplus, on a si peu critiqué mon rôte que
M. le sous-secrétaire d'Etnt au service de santé
a chargé l'Association fraternelle d'assurer dé-
sormais le fonctionnement de l'hôpital installé
au restaurant Gillet.
CONTES DU 'PETIT PARISIEN"
Radoïtza
LÉGENDE SERBE
C'était au temps de la domination des
Turcs. Sous le croissant acéré, la Serbie
ployait, vaincue mais non soumise.
Seuls, quelques partisans farouches te-
naient encore les montagnes, d'où ils
harcelaient par des attaques inopinées
l'oppresseur abhorré.
Parmi eux, le haïdouk Radoïtza se fai-
sait remarquer par son courage et son,
adresse. Son sabre, comme une faucille,
avait moissonné plus d'un chef à turban.
Et chaque fois il avait su se dérober des
pièges. Mais un jour enfin il fut fait pri-
sonnier.
Entraîné et jeté dans un cachot de
Zara, sa mort fut résolue.
Allongé sur le sol, les oreilles sourdes
aux menaces de ses ennemis, les regards
fixes et comme absents, dans une impas-
sibilité étrangement stoïque et léthargi-
que, il attendait son sort.
Si bien que, le jour fixé pour son exé-
cution, les soldats, chargés de venir le
saisir, le crurent déjà mort en effet.
En vain ils le frappèrent et, soulevant
le corps, le laissèrent retomber. Le corps
inerte se renversa, le front frappant les
dalles, sans qu'un signe de vie s'échap-
pàt de ce qui ne paraissait désormais
qu'un cadavre.
Déçus, ils allèrent avertir l'aga otto-
man du décès de leur victime.
Il est bien mort? demanda l'aga.
Mort, répondirent les soldats.
Qu'on le jette à la mer, dit l'aga.
Et Radoïba, cependant, les entendait,
car, bien vivant encore, ce n'était que
par une prodigieuse force de volonté
qu'imposant à ses membres l'immobilité
du sépuicre. dans une sourde espérance
de salut, i1 dimulait la mort.
Mais, tandis qu'emporté déjà par les
soldats, il passait devant la tente de
l'aga Békir, la femme de celui-ci, en
l'apercevant, eut un doute
Voyons d'abord s'il est bien mort,
dit-elle. Qu'on aille chercher des sar-
ments secs.
Et, sur la poitrine dénudée de Ra-
doïtza, du feu est allumé qui, déjà, com.
mence à entamer la chair.
Haineuse, la femme turque se penche
pour surprendre, sur la face fermée du
héros, un signe qui trahisse la douleur.
Mais Radoïtza ne bouge pas. Sa vn
Ion té, plus forte que la torture atroce,
tient son corps immobile.
La flamme, cependant, s'est éteinte.
Il est bien mort, dit l'aga.
Peut-être, dit la feurme.
Sur son conseil, pourtant, des esclaves
rapportent une vipère, échauffée au s'i
leil, et la déposent, à ?on tour sur le sel
de Radoïtza. La bête hideuse se déroule,
son dard menace la figure de l'heidouk,
qui n'en remue pas in cil.
Qu'on l'enlève, dit l'aga.
Pas encore, dit la femme. Qu'on lui
enfonce des clous sous les ongles, et s'il
ne crie pas, cette fois, je croirai A
mort.
Un à un les clous sont enfoncés sou~
les ongles de chaque doigt, sans que l
souffrance parvienne à arracher à H;;
doïtza un geste ni une plainte. Un coin
de sa lèvre, prise sous ses dents serrée-
a seulement saigné. Mais c'est dans
bouche qu'elle saigne, et le héros a h-
son sang.
Dépitée, la femme de Békir ne se ru,:
pas encore.
Et, d'avance souriant méchamme;
i de sa ruse, elle fait appeler Haïkouna.
Célèbre pour mener la ronde nationt.
des Kolos, Haïkouna est la plus graii';
et la plus belle fille de Zara. Aucun
homme ne saurait résister au charme d
sa prestance, au resplendissement de son
i visage. Tige d'amour et fleur de beauté,
elle répand la grâce et les parfums. Ses
cheveux sont des tresses de soie, ses
sourcils sont noirs comme des sangsues
marines, ses brunes paupières battent
comme les ailes de l'hirondelle, ses yeux
ont l'éclat des précieuses pierres sur
elle, blanche et rose, est un reflet d'au-
j rore ses petites dents sont de perles et
douce est sa bouche mignarde comme
un sachet de sucre. Sa taille a la svel-
tesse d'un jeune sapin, la blancheur des
colombes est sur son sein. Dans sa voix
une tourterelle roucoule et le soleil sem-
ble briller dans son rire éclatant. Ainsi
le cœur des hommes bat à la cadence
de sa danse gracieuse.
Appelant donc avec elle les jeunes
filles du pays, la femme de l'aga ordonne
à Haïkouna de conduire la ronde autour
du corps toujours inerte de Radoïtza,
dont la mégère, avidement, épie l'im-
passibilité déconcertante.
Et toujours le héros, dans son immo-
bilité de statue, reste figé stoïquement.
Un moment pourtant, au pas léger de la
danse, au bruit du collier secoué au cou
blanc de la belle Haïkouna, son œil
éteint, une seconde, paraît s'animer et,
devant le visage merveilleux, qui se
penche vers le sien, il ne peut s'empê-
cher de sourire.
Mais, aussi rapide qu'a été, son sou-
rire, a été le geste de la jeune Serbe.
Fière à la fois et prise de pitié devant
son tragique succès, elle laisse retomber
sur le visage du héros son mouchoir de
soie, avant que ses compagnes et la mé-
chante femme aient pu surprendre le
sourire de Radoïtza.
Il est bien mort, dit Haïkouna.
Il est mort, répètent ses amies.
Eh bien, fait la femme de l'aga,
maussade, qu'on le jette à la mer
Du haut des rochers, les soldats pous-
sent le corps dans les fiots.
Les vagues roulent et l'entraînent. Il
a disparu dans l'écume.
Bon nageur, pourtant, et retrouvant
toute sa force au contact de l'eau, Ra.
doïtza, subrepticement, regagne la rive.
La nuit, il revient dans la tente de Békir
aga et, de son propre sabre, lui tranche
la tête. Puis, après avoir tué la méchante
femme en lui enfonçant dans la poitrine
les dix clous qu'il a retirés de ses doigts.
il enlève Haïkouna et se sauve avec elle
sur les montagnes de Serbie, où il
l'épouse dans la blanche église, à l'om-
bre des forêts natales.
Ainsi agit le héros serbe. Qu'un même
coeur, frères, nous anime tous'
Henry FÈVRE.
s Le Petit Parisiens •̃
Les besoins chimiques
de nos usines privées
| et nos usines fie guerre
Quand, après la paix victorieuse, on
écrira l'histoire de ce qui s'est passé à
l'arrière de la zone de bataille, on sera
forcé de rendre un superbe hommage,
sous peine de méconnaître injustement
les faits, à l'activité chimique qui s'e=t
développée dans notre pays sous la pres-
sion des événements.
On pourra même en écrire long sur ce
sujet. Je veux parler de l'activité chimi-
que industrielle, sans laquelle un pays
civilisé reste au-dessous de tous les pro-
grès manufacturiers et s'enlise dans une
servitude désastreuse vis-à-vis de la na-
tion qui aura su prendre les devants.
Avant la guerre, la France nous ne
saurions trop nous le répéter était
ainsi devenue la tributaire presque in-
souciante de l'Allemagne. Les médica-
ments chimiques venaient d'outre-Rhin,
pour la plupart antipyrine, pyramidon,
aspirine, salol, salicylate de soude, etc.
Les parfums artificiels, qui luttent au-
jonrd'hni brillamment avec ceux élabo-
rés dans le nectaire des fleurs, nous
étaient expédiés en grande partie par les
laboratoires allemands. Nos distilleries
de la Côte-d'Azur savent à quoi s'en te-
nir sur cette concurrence effrénée.
Les matières colorantes artificielles,
qui constituent, après cinquante ou
soixante ans de recherches et de décou-
vertes, une palette merveilleuse qui défie
les plus riches couleurs de nos parterres,
constituaient pour l'Allemagne un mo-
nopole s'imposant au monde entier.
Une &fmée de chimistes pratiquant le
pas de l'oie dans le domaine de la chimie
appliquée a atteint peu à peu ce résultat
économique, pendant que nos chimistes
lçs plus éminents passaient leur temps à
se quereller sur la constitution des corps.
Rappelons-nous les passes d'armes aca-
démiques et mémorables, à ce propos,
f-ntre l'école de Wurtz et celle de Ber-
ttaelot. Pendant ce temps, les Allemands
fabriquaient et vendaient bien plus, ils
monopolisaient la vente.
Et quand notre régime douanier, ou
notre vieille loi sur les brevets, apportait
quelque entrave à l'exercice de cette, hé-
gémonie chimique industrielle, l'achat
de nos usines, la fabrication sur notre sol
même des médicaments ou des colorants
devenaient la tactique courante qu'ils
employaient pour tourner les difficultés
et étendre sur notre pays leurs tentacules
et leurs ventouses.
Faut-il ajouter que ces substances fa-
hriquées, plus ou moins complexes, sont
les derniers termes de transformations
successives'? Pour les produire, il faut
avoir à sa disposition certaines matières
premières chimiques indispensables, qui
sont la clef de toutes les fabrications.
L'acide sulfurique et la soude qui
l'ignore aujourd'hui ? constituent, en
quelque sorte, le primiim movens de
toute production chimique. Ajoutons, si
l'on veut, les acides nitrique et chlorhy-
drique, et aussi le chlore.
Ici, encore, les Allemands étaient les
maîtres. Notre pays venait bien après.
De l'autre côté du Rhin, des milliers de
tonnes de ces matières premières sor-
taient quotidiennement d'immenses usi-
nes de production. Ajoutons, point capi-
tal, qu'elles scrtaient à bas prix.
La guerre éclate. Les ponts sont rom-
pus avec l'Allemagne. La nécessité nous
impose de nous suffire à nous-mêmes.
C'est là qu'il faut louer le prodigieux
effort pour réparer les erreurs du temps
de paix.
La production de l'acide sulfurique de
tout degré, indispensable pour fabriquer
la poudre sans fumée, la mélinite et tous
les explosifs, devait être beaucoup plus
que décuplée. On y a pourvu, on y pour-
voit avec une merveilleuse activité. C'est
la production gigantesque que nous vou-
lons. Et nous l'obtenons.
Car enfin, devons-nous arrêter la fabri-
cation des matières colorantes, des mé-
dicaments, des engrais, etc., pour con-
centrer uniquement notre effort sur les
produits chimiques de guerre ? Telle est
la question angoissante qui s'est posée
chez nous, il y a quelques mois déjà,
comme certainement en Angleterre et
en Russie.
La réponse ne pouvait être que néga-
tive. Arrêter la production des matières
colorantes, c'est arrêter la grande indus-
trie de la teinturerie en France et par
suite arrêter les tissages de soie. de laine
et de coton. A Lyon et dans la région
'lyonnaise, ce sont deux cent mille chô-
meurs qu'on risquait de jeter sur le pavé,
si l'industrie des matières colorantes était
arrêtée faute d'acide sulfurique, le pain
de l'industrie.
L'industrie dans un grand pays cons-
titue une vaste trame dont tous les fils
sont liés et solidaires. Puis l'ouvrage re-
pose sur des piliers de soutien, piliers
énormes et robustes sans lesquels fr-mt
s'effondre.
L'acide sulfurique est un de ces piliers
sans lesquels l'industrie tout entière s'a-
bîme dans la ruine, en s'écroulant.
Des milliers de tonnes par jour sont
devenues nécessaires. Nos ennemis, cer-
tes, n'échappent pas à cette contrainte, à
cette obligation de surproduction.
Mais, chez nous, il a fallu plus spécia-
lement des prodiges de volonté et d'ini-
tiative pour créer de nouvelles chambres
de plomb, afin de fabriquer l'acide à 53°,
de nouveaux appareils à concentration
afin d'obtenir l'acide à 66° indispensable,
et enfin de nouveaux agencements afin
de produire, par synthèse, Yoleum, c'est-
à-dire l'acide tout à fait riche et con-
centré.
C'est dans le silence du cabinet que
s'est élaboré ce programme de produc-
tion fabuleuse, programme qui se réalise
à la stupéfaction de nos ennemis, les-
quels escomptaient l'effondrement chi-
mique de notre pays.
Et comme en chimie industrielle rien
n'est fabriqué sans métaux, sans grès,
sans maçonnerie, pour les fours, les ré-
servoirs, les récipients, les tuyaux, etc.,
on entrevoit la mise en mouvement d'une
foule d'industries d'à côté. C'est la fièvre
à l'arrière qui fait pendant à la fièvre
héroïque de nos « poilus » dans les tran-
chées.
Et s'il ne s'agissait que de l'acide sul-
tnriqne 1 Mais on s'aperçoit bien vite que
si le benzène, qu'on appelle encore ben-
zol ou benzine, est la matière indispensa-
ble pour fabriquer la mélinite, elle est
aussi la matière indispensable pour fa-
briquer le noir d'aniline, ce noir mer-
veilleux par sa stabilité, qui a produit, à
l'époque de sa découverte, toute une ré-
volution dans la teinturerie en noir.
Cette belle soie noire, inaltérable à
l'air et à la lumière, que la soierie lyon-
naise expédie, même en temps de guerre,
en quantités appréciables aux Etats-
Unis, est teinte au noir d'aniline.
C'est ainsi que notre industrie privée
dispute aux usines de guerre le précieux
benzène, clef de voûte de la fabrication
dp produits importants variés.
La naphtaline, elle aussi retirée du
goudron de houille comme le benzène,
est un élément important d'un certain
explosif tout comme elle est la base du
noir naphtol également utilisé en tein-
ture.
Et je pourrais multiplier les exemples
en passant en revue bien d'autres indus-
tries, l'industrie des engrais où le nitrate
de soude et le sulfate d'ammoniaque sont
d'une utilisation courante, concurrem-
ment avec nos usines d'explosifs nos
filatures de coton, qui disputent à la pou-
dre sans fumée la matière première, etc.
Un problème très aride se posait donc,
dès le premier coup de canon tiré celui
de ne pas laisser périr d'inanition nos
industries privées et en même temps de
pousser au maximum notre production
chimique de guerre, La défense nationale
commande d'accroître ses moyens d'ac-
tion, sans que la vie économique du pays
s'arrête. C'est ce juste équilibre qu'il fal-
lait trouver. Il est trouvé.
Le sous-secrétaire d'Etat aux Muni-
tions, dont j'apprécie l'intelligente acti-
vité, n'est pas homme à. se laisser rebuter
par les difficultés les Plus épineuses. Sa-
voir coordonner les efforts pour répondre
à tous les besoins est une tâche patrioti-
que silencieuse qui n'est pas au-dessus
de ses forces, j'en demeure convaincu.
Paul CAZENEUVE,
Sénateur du Rhhne,
Rapporteur de la commission de l'armée.
LA QUESTION DES TAXIS
est sur le point d'ètra ra:o ue
Les améliorations proposées par le pré-
fet de police aux loueurs de voitures et ac-
ceptées par ceux-ci, pour remédier à la pé-
nurie de taxis dont souffrent les Parisiens
la nuit, sont sur le point d'être mises à exé-
cution et nous savons déjà que, très pro-
chainement, un supplément de cinq cents
voitures seront mises en circulation dans
Paris.
On ignore encore quelle heure sera choi-
sie par le préfet de la Seine pour l'applica-
tion du tarif de nuit.
A propos de l'essence
La question de l'essnnce, telle que l'enten-
dent les conducteurs de taxis-autos, est, en
quelque sorte, subsidiaire de celle du ben-
zol.
Jusqu'à la guerre, les autos-taxis, comme
les autobus, consommaient du benzol, sous-
produit de la houille, en majeure partie d'ori-
gine allemande. Ce carburant, dont le prix
de revient est naturellement assez faible,
n'avait à supporter que des frais de trans-
port peu élevés. Il bénéficiait de l'exonéra-
tion des droits de douane et d'octroi qui,
pour l essence, s'élèvent, dans Paris, à 15
centimes par litre.
Privés de benzol, les loueurs ont dû avoir
recours à l'essence, dont la valeur intrinsè-
que est supérieure, puisqu'il faut, pour l'ob-
tenir, raffiner des pétroles extraits des ré-
gions minières et transportés par bateaux-
citernes dans lés ports de la mer Noire ou
de l'Atlantique, puis dans ceux de France.
Les loueurs, si les difficultés bugdétaires
le permettaient, pourraient toutefois deman-
der la remise des 75 centimes par bidon que
le fisc ne toucherait pas si le carburant ha-
bituel était utilisé.
Au cours de son entretien avec les repré-
sentants des grandes sociétés de fiacres au-
tomobiles et des raffineries de pétrole, le
préfet de police a recueilli leurs doléances
sur ce point. Les raisons de renchdrissement
qui lui ont été présentées résidaient dans la
rareté des bateaux-citernes, réquisitionnés
par l'amirauté anglaise, et aussi dans l'in-
suffisrrnce du trafic par voie ferrée, gêné par
les nécessités de la guerre.
D'autre part, les industriels français s'ap-
provisionnent, moitié en Russie et en Rou-
manie, moitié aux Etats-Unis. La fermeture
des Dardanelles les prive de l'apport des
deux premiers producteurs, et les prix aux
Etats-Unis ou la consommation locale a
sensiblement augmenté se sont élevés de
0/0. devant l'activité de la demande et en
tenant compte de la hausse du change. A ces
causes, il faut ajouter le renchérissement
du fret.
Cependant. il convient de considérer
comme exceptionnel le prix de 4 fr. 50 le bi-
don de cinq litres pratiqué par des détail-
lants peu scrupuleux. Les prix de vente au
commerce sont de beaucoup inférieurs.
La cession de quelques navires pétroliers,
conformément à la demande présentée par
le ministre de la Marine irançais à son col-
lègue anglais, peut, à bref délai, résoudre
la question.
Formalisme vraiment exagéré
Mme L. domiciliée à Rouen, était venue
passer deux jours à Paris, dans sa famille.
Hier matin, elle se rendait à la gare Saint-
Lazare et demandait un billet pour prendre
le train de sept heures, passant à Rouen.
Avez-vous un sauf-conduit? demanda
l'employé.
Non, répondit la voyageuse.
En ce cas, allez au commissariat de
votre quartier, où, avec un certificat de do-
micile, on vous délivrera la pièce dont il
s'agit.
Mais, monsieur, je n'ai pas de domicile
fixe à Paris. Je suis donc dans l'impossibilité
de me faire établir le certificat nécessaire.
De guerre lasse, Mme L. se rendit au
commissariat de la gare. Elle y exhiba tous
ses papiers d'identité, qui furent reconnus
en règle. Néanmoins, on refusa de lui déli-
vrer le sauf-conduit dont elle avait besoin.
La voyageuse, après avoir vu partir son
train, se rendit au commissariat du quar-
tier où demeure sa mère, chez laquelle elle
était descendue. Là, grâce à deux témoins
patentés qui ne la connaissaient d'ailleurs
pas, mais qui certifièrent néanmoins se
trouver en présence de Mme L. elle put
se faire enfin délivrer le talisman capable
d'amadouer les trop zélés fonctionnaires.
Les envois gratuits aux soldats
Les indigents ont droit à l'envoi mensuel
d'un -colis gratuit aux combattants. Qu'en-
tend-on par indigent ? Des titulaires d'allo-
cation se voient refuser le bénéfice de la
gratuité d'expédition, le fait de toucher l'al-
location ne justifiant pas l'indigence. A dé-
faut de règlement précis, il semble logique,
au contraire, d'autoriser tous les titulaires
d'allocation à effectuer chaque mois un
colis en franchise.
A L'EXTRÈME-ARRIÈRE
bien, Joseph, est-ce que nous avançons?
L'Ecole des Beaux=Arts au feu
L'Ecole des Beaux-Arts est presque entiè- Mélange curieux que celui de ces feuilles,
rement mobilisée. L'ardente- jeunesse qui uniquement réservées aux membres de
la composait est au feu, et elle a largement l'Ecole, où voisinent, dans un certain pêle-
versé son sang, comme l'atteste le tableau, mêle, de simples informations d'adresses,
entouré de draperies tricolores, qui, dans quelques lignes des ·c patrons », des profes-
le vestibule auquel on accède, après avoir seùrs, affirmant leur intérêt et leur affection
traversé la cour du quai Malaquais, con- pour leurs disciples, des citations qui ont été
tient, hélas, tant de noms déjà La façon communiquées, des avis des comités invi-
dont les élèves peintres, sculpteurs, graveurs, tant à user de l'aide offerte, des extraits des
architectes, cnrnprennent le grand devoir, un lettres reçues, les unes graves, payant leur
autre tableau, qui relève les citations, la dit tribut de regrets à la mémoire* d'un ami glo-
eloquemment En quittant le pinceau, rieuscment tué, les autres gardant une ro-
l'ébauchoir, le burin, l'équerre pour le fusil, buste galté, du sérieux, de l'émotion et du
ces artistes, qui poursuivaient un rêve de rire, de ce rire français qui est une des for-
beauté, sont devenus des soldats détermi- mes du courage. C'est, comme une conversa-
nés ne pensant plus qu'à la patrie, à l'œu- j tion qui se poursuit entre ceux qui sont sé-
vre de libération pour laquelle ils se bat- parés, une conversation qui ravive les sou-
tent. Uissérninés, selon les régiments dont | venirs et réchauffe l'attachement mutuel, en
ils font partie, des bords de l'Yser aux mon- une atmosphère de famille,
tagnes d'Alsace, l'idéal vers quoi se tend Telle de ces gazettes a pris le nom du
leur volonté, maintenant, c'est la victoire. maire, comme e Rednr, « organe le plus
Voici l'époque de l'année revenue où formidablement poilu de tous les organes
l'Ecole reprenait sa vie, sa vie de travail les plus poilus » ou le Cri de ralliement des
dans une belle humeur qui était un élément Grosmort. La gazette de l'atelier Defrasse
d'activité. Quelques cours vont faire leur s'est offert le luxe d'un frontispice. Celle de
réouverture, mais dans quelles conditions l'atelier Deglove est rédigée par le « patron »
différentes de celles d'un récent autre- lui-méme. C'est Mlle l-leiivelmans, grand-prix
fois » Le silence pèse sur les vastes bâti- de Rome, qui donne ses soins à celles des
ments ateliers Coutan, Pujalbert, Mercié et Peter,
Pas partout, cependant. Voisine des bu- et, par surcroît, à celle des graveurs.
reaux du secrétariat, une salle a gardé de M. Course les-Dumont réunit les lettres des
l'animation ceux qui l'occupent semblent c°mnattants des ateliers Cormon Flameng,
même affairés. 11 s'accomplit là une oeuvre Co']ln; M. Martmeau est 1 intermédiaire des
de solidarité, simplement et cordialement, soldats de 1 atelier Jean-Paul :aurens.
L'Ecole comprenait un certain nombre Les lettres de ces jeunes gens, qui sont au
d'élèves américains, qui ne virent pas sans danger et trop de victimes parmi eux,
émotion partir leurs camarades,. Ils songé- attestent la part prise à la défense natio-
rent à leur prouver leur amitié; ils s'orga- £ale ont une belle crànerie L Ecole des
nisèrent en un comité qui se donna la mis- Beaux-Arts, même sous les obus et sous les
sion d'apporter aux combattants ime aide h,alles ne peut pas abdiquer sa fantaisie, et
fraternelle, de pourvoir discrètement aux ? Ps} dans les plus rudes épreuves que cette
besoins des moins fortunés, de leur taire fantaisie a vraiment sa grâce.
d'utiles envois. A la vérité, ils étaient alors Les soldats de la rue Bonaparte sont gais,
les seuls qui formassent encore un groupe, <5crit un jeune peintre. Ils rient et ne
en une époque de dispersion. Puis, par une sont Pas désarmés. La gailé est une sixième
irançats, composé de maîtres, de quelques taille sans arrêt. Sourions à la victoire, qui nous
élèves non mobilisés ou réfornés, d'éléver sourit et nous tend les bras, c'est une sacrée
temmes. Cet autre comité avait l'ambition belle fî'Jle! Notre seule grande tristesse est que
d'assurer de premières ressources à de ceux qui ont le mieux mérité d'elJe ne seront
grands blessés ou à des familles particuliè- Plus la pour l'embrasser.
rement éprouvées par les deuils qui attei- La gaîté sous les obus
gnaient l'Ecole. Il s'ingénia il s'ingénie
encore à trouver les moyens de remplir Parmi ces lettres, il en est beaucoup qui,
sa tâche, que les circonstances devaient après un peu d'attendrissement, finissent
élargir Des bonnes volontés s'employèrent par une plaisanterie.
aussi un ouvroir a été institué, où vien- « Le moral est bon », disent-elles presque
nent travailler, pour le front, des mères, toutes. A la vérité, pour cette constatation,
des sœurs, des femmes d'artistes. il n'y a qu cueillir, au hasard, dans cette
Mais l'appui matériel, était-ce tout ce que j collection, formée par les gazettes. C'est,
pouvait suggérer la tidélité aux absents ? par exemple, M. Pujalbert, qui reçoit ce bil-
Ceux-ci étaient sans liens les uns avec les let d'un de ses élèves, blessé
autres. L'idée naquit de les réunir par la Au nombre des nôtres, tombés au champ
pensée, et, malgré la distance qui les sé- d'honneur, j'ai eu le regret de lire bien des noms
parait, de garder entre eux cette cohésion amis. Popr ma part, ;'ai un éclat d'obus à la
mtime qui est une tradition de la Maison. i tëte, une balle à l'épaule droite, une autre à l'iii-
dex droit. une troisième à la cuisse droite.
Le tiait a union des se rebouche et on recommence. A part ça, bonne
Comment réaliser cette union, en dépit de santé.
l'éloignement ? Chaque atelier fonda sa Qa- Un architecte, qui est dans l'Argonne,
zette, une manière de petit journal, en effet, j comme aspirant d'infanterie, rappelle qu'il
imprimé à la machine à écrire centralisant a manqué une médaille, à l'un des derniers
les renseignements, et devant être adressé concours. Mais si, quand il reviendra, on
aux camarndes qui furent priés d'y collabo- donne comme sujet de concours « une déco-
rer en donnant de leurs nouvelles. Dans le ration de blockhaus » ou « une grotte de com-
premier numéro, le directeur et le sous- mandementn, il est sûr. cette fois, de rem-
directeur de l'Ecole, MM. Bonnat et Bomier, porter le prix. Un peintre, cité à l'ordre du
saluèrent le dévouement, la ténacité, l'héroïs- jour, raconte comment il a enfoncé opportu-
me de ces grands garçons, qu'ils avaient nément sa baïonnette dans le ventre d'un
connus joyeux, tumultueux parfois, débor- Allemand. « A quoi j'ai pensé, dans ce mo-
dant de sève, et qui, maintenant, étaient ment-là 2 A ceci Tiens, cochon, voilà
tout à la lutte sacrés. Chacune de ces ga- pour m'empêcher de faire de la peinture
zettes prit peu à peu sa physionomie propre, depuis quatorze mois » Un sculpteur, adju-
à mesure que les lettres arrivaient dés sec- daDt, résume ses impressions de Souchez,
teurs, sentant la poudre, reflétant la force où il s'est battu « J'aimais assez la musi-
morale. l'entrain, l'énergie, l'espoir, que allemande, mais celle que j'ai entendue
FLAMBEAU SOUS LES BOMBES, par Benjamin RABÎER
là est vraiment trop bruyante. » Devenu j
capitaine, un autre a appris à ses soldats
une chanson d'atelier, Je Pompier, et c'est
en l'en tonnant que charge sa compagnie.
Mais les gazettes de l'Ecole, qui se bor-
naient d'abord à ces correspondanc2s, s'en-
richissent progressivement d'une partie lit-
téraire » et de dessins. L'esprit d'atelier per-
siste chez les poilus. Ce n'est pas parce
qu'on est en face de l'ennemi qu'on n'est pas
tenté de se servir d'un bout de crayon qu'on
a entre les doigts ou qu'on retient une idée
amusante, voire un couplet ou une parodie.
Et croquis et facéties sont vite envoyés aux
organes de l'E. D B. A. (Ecole des Beaux-
Arts), qui ne se piquent pas de sévérité et ne
se hérissent pas n'étant soumis à aucune
censure devant des communications d'un
ton un peu libre. Ces gamineries, expédiées
des tranchées, entre deux attaques, reflètent
une appréciable possession de soi-même.
'l'el illustre au 'trait, les moyens de repro-
duction étant sommaires, un entretien entre
le vieux Bon Dieu et un Boche, qui se glo-
rifie de ses forfaits » C'est bien, dit le
vieux Bon Dieu, une place au ciel, une »
Tel autre esquisse un trio d'Allemands char-
gés de leurs appareils à gaz asphyxiants. Un
autre chante, en vers épiques, la lutte, pleine
de péripéties, avec de redoutable» parasites.
Ici git, ô poilu*, un pou cadavérique.
Voici un drame rapide, en quatre actes,
de quatre lignes chacun, mais combien réa-
liste, qui fait assister l'empoisonnement
de Prussiens par leur seule fétidité. Voici
des caricatures de camarades, des scènes du
front, des souvenirs d'hôpital, e.t la verve se
dépense largement On collabore au moins
pour un écho La campagne allemande
Un Paris perdu » ou bien « Ordre de la
kommandantur Doivent être immédiate-
ment envoyés à la fonte tous les individus
possesseurs de voix cuivrées, de coliques de
plomb, de pieds nickelés, de jarrets d'acier,
de nez en pied de marmite, d'un teint
6ronzé! » Un blessé conte son aventure
en une fable, avec moralité, par à-peu près.
Il se présente au chirurgien avec 1 index
coupé, mais on le fait attendre pour donner
des soins à un autre blessé, atteint à la
figure « La face prime le doiat » Sans
doute, à Paris, dans la tranquillité de l'ate-
lier, ce ne seraient là que badinages assez
maigres, mais le rire sous le feu leur donne
une couleur héroïque.
L'Ecole des Beaux-Arts, en s'offrant a
tous les sacritices pour la patrie, ne consent
pas à faire celui de son humeur primesau-
tière et narquoise. Paul GINISTY.
LES JUGES PAIX ET LE MORATORIUM
Un juge de paix incompétent pour sta-
tuer sur une demande en paiement de
loyers, parce que le chiffre de ces loyers
excède le taux de la compétence, doit-il se
borner à se déclarer incompétent, sans se
prononcer sur la question, qui lui est éga-
lement soumise, de savoir s'il y a lieu ou
non d'appliquer le moratorium ?
Le cas était, hier, soumis à la sixième
chambre du tribunal, où M. le substitut La-
fon a soutenu que le juge doit se prononcer.
S'il décide que le moratorium est applica- j
blr, Ifs poursuites s<* trouvent suspendues.
S'il juge que le moratnrium n'est pas ap-
plicable, il doit renvoyer l'affaire devant la
juridiction compétente, c'est-à-dire le tri-
bunal civil.
TROIS FOIS INSOUMIS
M. Amédée Manuel, éleveur de chevaux,
propriétaire d'une marque de champagne
il. Reims, licencié es sciences et qui a pris
huit inscriptions comme étudiant en tnéde-
cine, comparaissait hier, pour insoumis-
sion, devant le 3" conseil de guerre. Deux
fois, en 1911 et lors de la mobilisation, M.
Amédée Manuel n'avait pas répondu aux
convocations de l'autorité militaire. On le
découvrit à Sannois, caché dans une cave.
Il a été condamné à cinq ans de prison.
UNE SCÈNE DE VAUDEVILLE
Mme veuve Leutre tient les rôles gais, au
théâtre, sous le nom de Croix-Meyer. Il y
a quelque temps, à Joigny, où elle se trou-
vait chez sa fille, un gendarme vint lui de-
mander son domicile et sa profession.
Mme Croix-Meyer s'empressa d'obtempé-
rer.
Et votre âge ? continua le gendarme.
Quatre-vingt onze ans répondit sans
sourciller Mme Croix-Meyer.
Pas possible fit le gendarme.
Vous êtes bien aimable, reprit Mme
Croix-Meyer. Allons, mettez trente-deux
ans.
Le gendarme ne manifesta, cette fois, au-
cune surprise, mais, peu auprès, Mme Croix-
Meyer était citée à comparaître, pour outra-
ges à un représentant de l'autorité publi-
que, devant le tribunal de Pontoise qui lui
infligea 500 francs d'amende.
Hier, la cour de Paris a estimé que c'était
traiter un peu lourdement une scène de vau-
deville, et. elle a réduit l'amende à francs.
L'AFFAIRE LOMBARD
L*. TRENTE-TROISIÈME ARRESTATION
Les arrestations continuent dans l'affaire
Lombard. Le trente-troisième inculpé a été
écroué, hier, à la prison du Cherche-Midi.
Son histoire démontre que le docteur Lom-
bard recrutait ses clients, non seulement à
Paris, mais aussi en province.
Le soldat en question languissait dans un
dépôt de province, quand il entendit parler,
pour la première fois, du docteur Lombard
et de son agence clandestine. Sans hésiter,
il fit le voyage et se présenta au docteur
Lombard. L'affaire ne traîna pas. Le client
fut admis à l'ambulance de Neuilly, puis
gratifié d'un congé de convalescence.
Le capitaine Bouchardon a fait subir un
nouvel interrogatoire au soldat Dubosc, se-
crétaire d'état-major il lui a fait préciser
certains points de ses déclarations précé-
dentes, notamment sur la manière dont il
établissait ses fausses pièces.
M. Bouchardon a ensuite entendu, à titre
de témoins, quelques parents d'inculpés; il
leur a demandé s'ils avaient été tenus au
courant de l'intervention frauduleuse du doc-
teur Lombard et de ses acolytes
UNE LETTRE DE M. LACOSTE
M. Lacoste, président de l'Association fra-
ternelle des employés et ouvriers des che-
mins de fer français, nous adresse une lettre
dans laquelle il nous fournit les précisions
suivantes en ce qui concerne l'hôpital auxi-
liaire de Neuilly, dont le docteur Lombard
était médecin-chef
En raison de la subvention qui avait été allouée
par l'Association fraternelle à la société chargée
de l'hôpital militaire complémentaire V.L.38. j2
fus sollicité de faire partie du conseil d'adminis-
tration de cette société et choisi comme deuxième
vice-président, au mois de juillet dernier, le doc-
teur Lombard étant premier vice-président et
médecin-chef depuis le lî mai. Dès mon entrée
en fonctions, j'exigeai un contrôle rigoureux des
dépenses et une comptabilité impeccable, avant
eu soin de prendre toutes garanties à cet effet.
La gestion de l'hôpital et son administration
ne sauraient donner lieu il la moindre critique
et peuvent affronter tous les examens. D'ailleurs,
il n'est rien reproché au conseil d'administration
de la «Croix de Lorraine Rouge», et tes faits in-
criminés concernent simplement des complaisan-
ces coupables, émanant dé médecine nommés par
le service de santé, et sur les agissements des-
quels la société n'avait aucun moyen de contrble.
Au surplus, on a si peu critiqué mon rôte que
M. le sous-secrétaire d'Etnt au service de santé
a chargé l'Association fraternelle d'assurer dé-
sormais le fonctionnement de l'hôpital installé
au restaurant Gillet.
CONTES DU 'PETIT PARISIEN"
Radoïtza
LÉGENDE SERBE
C'était au temps de la domination des
Turcs. Sous le croissant acéré, la Serbie
ployait, vaincue mais non soumise.
Seuls, quelques partisans farouches te-
naient encore les montagnes, d'où ils
harcelaient par des attaques inopinées
l'oppresseur abhorré.
Parmi eux, le haïdouk Radoïtza se fai-
sait remarquer par son courage et son,
adresse. Son sabre, comme une faucille,
avait moissonné plus d'un chef à turban.
Et chaque fois il avait su se dérober des
pièges. Mais un jour enfin il fut fait pri-
sonnier.
Entraîné et jeté dans un cachot de
Zara, sa mort fut résolue.
Allongé sur le sol, les oreilles sourdes
aux menaces de ses ennemis, les regards
fixes et comme absents, dans une impas-
sibilité étrangement stoïque et léthargi-
que, il attendait son sort.
Si bien que, le jour fixé pour son exé-
cution, les soldats, chargés de venir le
saisir, le crurent déjà mort en effet.
En vain ils le frappèrent et, soulevant
le corps, le laissèrent retomber. Le corps
inerte se renversa, le front frappant les
dalles, sans qu'un signe de vie s'échap-
pàt de ce qui ne paraissait désormais
qu'un cadavre.
Déçus, ils allèrent avertir l'aga otto-
man du décès de leur victime.
Il est bien mort? demanda l'aga.
Mort, répondirent les soldats.
Qu'on le jette à la mer, dit l'aga.
Et Radoïba, cependant, les entendait,
car, bien vivant encore, ce n'était que
par une prodigieuse force de volonté
qu'imposant à ses membres l'immobilité
du sépuicre. dans une sourde espérance
de salut, i1 dimulait la mort.
Mais, tandis qu'emporté déjà par les
soldats, il passait devant la tente de
l'aga Békir, la femme de celui-ci, en
l'apercevant, eut un doute
Voyons d'abord s'il est bien mort,
dit-elle. Qu'on aille chercher des sar-
ments secs.
Et, sur la poitrine dénudée de Ra-
doïtza, du feu est allumé qui, déjà, com.
mence à entamer la chair.
Haineuse, la femme turque se penche
pour surprendre, sur la face fermée du
héros, un signe qui trahisse la douleur.
Mais Radoïtza ne bouge pas. Sa vn
Ion té, plus forte que la torture atroce,
tient son corps immobile.
La flamme, cependant, s'est éteinte.
Il est bien mort, dit l'aga.
Peut-être, dit la feurme.
Sur son conseil, pourtant, des esclaves
rapportent une vipère, échauffée au s'i
leil, et la déposent, à ?on tour sur le sel
de Radoïtza. La bête hideuse se déroule,
son dard menace la figure de l'heidouk,
qui n'en remue pas in cil.
Qu'on l'enlève, dit l'aga.
Pas encore, dit la femme. Qu'on lui
enfonce des clous sous les ongles, et s'il
ne crie pas, cette fois, je croirai A
mort.
Un à un les clous sont enfoncés sou~
les ongles de chaque doigt, sans que l
souffrance parvienne à arracher à H;;
doïtza un geste ni une plainte. Un coin
de sa lèvre, prise sous ses dents serrée-
a seulement saigné. Mais c'est dans
bouche qu'elle saigne, et le héros a h-
son sang.
Dépitée, la femme de Békir ne se ru,:
pas encore.
Et, d'avance souriant méchamme;
i de sa ruse, elle fait appeler Haïkouna.
Célèbre pour mener la ronde nationt.
des Kolos, Haïkouna est la plus graii';
et la plus belle fille de Zara. Aucun
homme ne saurait résister au charme d
sa prestance, au resplendissement de son
i visage. Tige d'amour et fleur de beauté,
elle répand la grâce et les parfums. Ses
cheveux sont des tresses de soie, ses
sourcils sont noirs comme des sangsues
marines, ses brunes paupières battent
comme les ailes de l'hirondelle, ses yeux
ont l'éclat des précieuses pierres sur
elle, blanche et rose, est un reflet d'au-
j rore ses petites dents sont de perles et
douce est sa bouche mignarde comme
un sachet de sucre. Sa taille a la svel-
tesse d'un jeune sapin, la blancheur des
colombes est sur son sein. Dans sa voix
une tourterelle roucoule et le soleil sem-
ble briller dans son rire éclatant. Ainsi
le cœur des hommes bat à la cadence
de sa danse gracieuse.
Appelant donc avec elle les jeunes
filles du pays, la femme de l'aga ordonne
à Haïkouna de conduire la ronde autour
du corps toujours inerte de Radoïtza,
dont la mégère, avidement, épie l'im-
passibilité déconcertante.
Et toujours le héros, dans son immo-
bilité de statue, reste figé stoïquement.
Un moment pourtant, au pas léger de la
danse, au bruit du collier secoué au cou
blanc de la belle Haïkouna, son œil
éteint, une seconde, paraît s'animer et,
devant le visage merveilleux, qui se
penche vers le sien, il ne peut s'empê-
cher de sourire.
Mais, aussi rapide qu'a été, son sou-
rire, a été le geste de la jeune Serbe.
Fière à la fois et prise de pitié devant
son tragique succès, elle laisse retomber
sur le visage du héros son mouchoir de
soie, avant que ses compagnes et la mé-
chante femme aient pu surprendre le
sourire de Radoïtza.
Il est bien mort, dit Haïkouna.
Il est mort, répètent ses amies.
Eh bien, fait la femme de l'aga,
maussade, qu'on le jette à la mer
Du haut des rochers, les soldats pous-
sent le corps dans les fiots.
Les vagues roulent et l'entraînent. Il
a disparu dans l'écume.
Bon nageur, pourtant, et retrouvant
toute sa force au contact de l'eau, Ra.
doïtza, subrepticement, regagne la rive.
La nuit, il revient dans la tente de Békir
aga et, de son propre sabre, lui tranche
la tête. Puis, après avoir tué la méchante
femme en lui enfonçant dans la poitrine
les dix clous qu'il a retirés de ses doigts.
il enlève Haïkouna et se sauve avec elle
sur les montagnes de Serbie, où il
l'épouse dans la blanche église, à l'om-
bre des forêts natales.
Ainsi agit le héros serbe. Qu'un même
coeur, frères, nous anime tous'
Henry FÈVRE.
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