Titre : Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc.
Éditeur : Aubert et cie (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1877-10-13
Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327966940
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37721 Nombre total de vues : 37721
Description : 13 octobre 1877 13 octobre 1877
Description : 1877/10/13 (A30,N1102). 1877/10/13 (A30,N1102).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55066768
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
JOURNAL AMUSANT.
N« 4102.
UNE VOCATION MANQUÉE, — par LÉONCE PETIT.
Alcide Paturel était un mauvais écolier; ce qu'on appelle un cancre.
Chaque semaine, il apportait du collège communal à sa famille une longue pancarte contenant ses notes — notes déplorables.
— Si tu continues à ne pas mieux répondre aux sacrifices que nous faisons pour ton éducation, lui dit un jour son père, nous allons te mettre en appren-
tissage chez un cordonnier. Dis, veux-tu être apprenti cordonnier?
Le prochain numéro du •Journal Amu-
sant sera entièrement composé d'une série
très-intéressante de notre collaborateur
STOP, sur la Bretagne et les Bretons.
CHRONIQUE PARISIENNE
À l'heure où les saltimbanques vont prendre leurs
quartiers d'hiver, voici qu'ils viennent de taire leur ap.
parition sur la scène des Variétés.
Ne confondez pas. Il ne s'agit pas de l'immortel Bilbo-
quet, qui, lui aussi, illustra cette même scène. L'im-
mortel Bilboquet est devenu un personnage légendaire
qui n'a plus rien de commun avec la réalité.,
Le saltimbanque contemporain ( et ici il faut bien
dire que les personnages de MM. Meilhac et Halévy
n'ont eux-mêmes rien de commun avec cette réalité), le
saltimbanque contemporain a perdu , sauf de bien
rares exceptions, toute son originalité.
Les phénomènes, qui constituaient la partie la plus
pittoresque de la corporation, ont à peu près complète-
ment disparu. On ne montre plus dans les baraques
que quelques grosses vieilles dames qui trouvent moyen
de se faire des rentes avec leur repoussante laideur.
Si dans la rue elles exhibaient leurs mollets en se re.
troussant pour éviter la crotte, tout le monde prendrait
la fuite. Et l'on donne deux sous pour leur voir faire
la même chose sur une estrade. Impénétrables mystères
du coeur humain !
Le phénomène étant décédé, il ne reste plus que les
montreurs de spectacle. Ceux-là n'ont du saltimbanque
ancien que le nom.
Plus de haillons artistiques. On voit dans le comptoir
de leur établissement siéger la patronne en robe de
velours avec des bagues à tous les doigts. Le monsieur
qui fait le boniment a des favoris en côtelettes, une
redingote noire et une cravate blanche.
Quand l'hercule a fini de travailler, il met un cha-
peau tuyau de poêle et des cravates avec épingle.
Plus rien d'imprévu.
Ces entreprises éclairées au gaz ne sont plus que
des contrefaçons de théâtre pitoyablement médiocres,
banalement triviales.
m*^ Tenez, je suis allé l'autre jour à la kermesse in-
stallée au Palais de l'industrie. C'est franchement écoeu-
rant et bêtement laid.
Du temps de Bilboquet, la loque avait de l'esprit.
, C'est fini.
I Finies aussi les parades réjouissantes où l'on trouvait
souvent des boutades étonnantes de verve et de fan-
taisie.
Le dernier pitre, un vieux qui travaillait autrefois
chez Laroche, est mort pendant le siège.
A présent, on a remplacé les lazzi drolatiques par
des contorsions stupides.
Pouah !
Ainsi je songeais en regardant l'autre soir Baron et
Hamburger.
La Cigale elle-même, qui a donné son nom à la nou-
velle pièce des Variétés, est aujourd'hui un personnage
complètement fabuleux.
Mesdemoiselles les saltimbanques sont des indus-
trielles qui pensent à s'amasser une dot pour épouser
un fils de bonnetier ou un employé en retraite. •
Mais il ne s'agit pas de demander la vraisemblance
à une oeuvre fantaisiste et capricieuse qui ne se soucie
que d'amuser son public et qui y a réussi comme vous
savez.
MM. Meilhac et Halévy font comme Paganini, qui
prenait le thème le plus vulgaire pour y broder ses va-
riations prodigieuses.
Ils ressemblent aussi à ce chapelier dont les affiches
disent aux passants :
Donnez-moi un vieux chapeau, je vous en rendrai
un neuf.
Ils disent :
— Donnez-nous un vieux sujet, nous le rajeunirons
si bien tju'il sera bon comme neuf.
Et ils ont tenu parole.
^*» Ici j'ouvre une parenthèse avant de vous parler
de Céline Chaumont et du succès étourdissant qu'elle
vient d'obtenir.
Peu à peu et sans qu'on s'en aperçût, l'opérette a
fait descendre le niveau théâtral. On s'est habitué, en
effet, à ne plus demander aux actrices de savoir jouer
la comédie; tout ce qu'on exigeait d'elles, c'était de sa-
voir à peu près mettre un semblant d'intention sur la
pointe d'un couplet. Pour le surplus, on leur faisait
crédit, et il semblait presque que le dialogue fût de-
venu une superfluité.
A ce point de vue, le triomphe.de Chaumont est plus
qu'une victoire individuelle, c'est une reprise de goût
de la part des spectateurs, décidés à revenir aux vraies
formules de l'art trop longtemps délaissées.
Elle est vraiment extraordinaire, cette comédienne de
race à qui Déjazet a livré ses secrets.
Chose rare dans les annales d'une scène de ce genre,
elle avait tellement empoigné son monde, qu'au beau
milieu du premier acte on a interrompu le spectacle
pour la rappeler deux fois.
C'est une chose si charmante que le bien dire ! On
est si heureusement étonné en entendant détailler avec
finesse ce qu'on est habitué à entendre débiter avec
des minauderies bredouillantes !
A côté de Céline Chaumont, Dupuis, qui est, lui
aussi, un comédien auquel l'accompagnement de vio-
lon est absolument inutile, Dupuis a eu sa large part
d'applaudissements largement gagnée.
N« 4102.
UNE VOCATION MANQUÉE, — par LÉONCE PETIT.
Alcide Paturel était un mauvais écolier; ce qu'on appelle un cancre.
Chaque semaine, il apportait du collège communal à sa famille une longue pancarte contenant ses notes — notes déplorables.
— Si tu continues à ne pas mieux répondre aux sacrifices que nous faisons pour ton éducation, lui dit un jour son père, nous allons te mettre en appren-
tissage chez un cordonnier. Dis, veux-tu être apprenti cordonnier?
Le prochain numéro du •Journal Amu-
sant sera entièrement composé d'une série
très-intéressante de notre collaborateur
STOP, sur la Bretagne et les Bretons.
CHRONIQUE PARISIENNE
À l'heure où les saltimbanques vont prendre leurs
quartiers d'hiver, voici qu'ils viennent de taire leur ap.
parition sur la scène des Variétés.
Ne confondez pas. Il ne s'agit pas de l'immortel Bilbo-
quet, qui, lui aussi, illustra cette même scène. L'im-
mortel Bilboquet est devenu un personnage légendaire
qui n'a plus rien de commun avec la réalité.,
Le saltimbanque contemporain ( et ici il faut bien
dire que les personnages de MM. Meilhac et Halévy
n'ont eux-mêmes rien de commun avec cette réalité), le
saltimbanque contemporain a perdu , sauf de bien
rares exceptions, toute son originalité.
Les phénomènes, qui constituaient la partie la plus
pittoresque de la corporation, ont à peu près complète-
ment disparu. On ne montre plus dans les baraques
que quelques grosses vieilles dames qui trouvent moyen
de se faire des rentes avec leur repoussante laideur.
Si dans la rue elles exhibaient leurs mollets en se re.
troussant pour éviter la crotte, tout le monde prendrait
la fuite. Et l'on donne deux sous pour leur voir faire
la même chose sur une estrade. Impénétrables mystères
du coeur humain !
Le phénomène étant décédé, il ne reste plus que les
montreurs de spectacle. Ceux-là n'ont du saltimbanque
ancien que le nom.
Plus de haillons artistiques. On voit dans le comptoir
de leur établissement siéger la patronne en robe de
velours avec des bagues à tous les doigts. Le monsieur
qui fait le boniment a des favoris en côtelettes, une
redingote noire et une cravate blanche.
Quand l'hercule a fini de travailler, il met un cha-
peau tuyau de poêle et des cravates avec épingle.
Plus rien d'imprévu.
Ces entreprises éclairées au gaz ne sont plus que
des contrefaçons de théâtre pitoyablement médiocres,
banalement triviales.
m*^ Tenez, je suis allé l'autre jour à la kermesse in-
stallée au Palais de l'industrie. C'est franchement écoeu-
rant et bêtement laid.
Du temps de Bilboquet, la loque avait de l'esprit.
, C'est fini.
I Finies aussi les parades réjouissantes où l'on trouvait
souvent des boutades étonnantes de verve et de fan-
taisie.
Le dernier pitre, un vieux qui travaillait autrefois
chez Laroche, est mort pendant le siège.
A présent, on a remplacé les lazzi drolatiques par
des contorsions stupides.
Pouah !
Ainsi je songeais en regardant l'autre soir Baron et
Hamburger.
La Cigale elle-même, qui a donné son nom à la nou-
velle pièce des Variétés, est aujourd'hui un personnage
complètement fabuleux.
Mesdemoiselles les saltimbanques sont des indus-
trielles qui pensent à s'amasser une dot pour épouser
un fils de bonnetier ou un employé en retraite. •
Mais il ne s'agit pas de demander la vraisemblance
à une oeuvre fantaisiste et capricieuse qui ne se soucie
que d'amuser son public et qui y a réussi comme vous
savez.
MM. Meilhac et Halévy font comme Paganini, qui
prenait le thème le plus vulgaire pour y broder ses va-
riations prodigieuses.
Ils ressemblent aussi à ce chapelier dont les affiches
disent aux passants :
Donnez-moi un vieux chapeau, je vous en rendrai
un neuf.
Ils disent :
— Donnez-nous un vieux sujet, nous le rajeunirons
si bien tju'il sera bon comme neuf.
Et ils ont tenu parole.
^*» Ici j'ouvre une parenthèse avant de vous parler
de Céline Chaumont et du succès étourdissant qu'elle
vient d'obtenir.
Peu à peu et sans qu'on s'en aperçût, l'opérette a
fait descendre le niveau théâtral. On s'est habitué, en
effet, à ne plus demander aux actrices de savoir jouer
la comédie; tout ce qu'on exigeait d'elles, c'était de sa-
voir à peu près mettre un semblant d'intention sur la
pointe d'un couplet. Pour le surplus, on leur faisait
crédit, et il semblait presque que le dialogue fût de-
venu une superfluité.
A ce point de vue, le triomphe.de Chaumont est plus
qu'une victoire individuelle, c'est une reprise de goût
de la part des spectateurs, décidés à revenir aux vraies
formules de l'art trop longtemps délaissées.
Elle est vraiment extraordinaire, cette comédienne de
race à qui Déjazet a livré ses secrets.
Chose rare dans les annales d'une scène de ce genre,
elle avait tellement empoigné son monde, qu'au beau
milieu du premier acte on a interrompu le spectacle
pour la rappeler deux fois.
C'est une chose si charmante que le bien dire ! On
est si heureusement étonné en entendant détailler avec
finesse ce qu'on est habitué à entendre débiter avec
des minauderies bredouillantes !
A côté de Céline Chaumont, Dupuis, qui est, lui
aussi, un comédien auquel l'accompagnement de vio-
lon est absolument inutile, Dupuis a eu sa large part
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