Titre : L'Europe anti-prussienne : images et documents pour servir à l'histoire de la guerre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-12-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327712154
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 décembre 1914 25 décembre 1914
Description : 1914/12/25 (N8). 1914/12/25 (N8).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5143552q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60475
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2019
Jouets, Bibelots et Curiosités
————————■— de cette fin d’année 1914
JS JS M M M
Jouets, bibelots, boîtes et sacs de bonbons, objets-étrennes de
toutes sortes — publicité elle-même — tout est à la Guerre. Ce qui
surprendrait, c’est qu’il en fût autrement.
Et les étrennes 1915 nous ramènent cent ans en arrière, à cette
année 1814, où les alliés — les Cosaques surtout — régnaient en
maîtres dans les boutiques des confiseurs et des marchands de jouets.
Aujourd’hui, il est vrai, les rôles sont renversés : les alliés sont
avec nous, et les fameux bonbons-pétards, dits cosaques, ne sont
plus guère de mode.
Du reste, ce ne sont point là les seules distinctions à faire. En
décembre 1814, la vie mondaine battait son plein ; épuisée par des
années de guerre, lasse de faire sans cesse rimer gloire avec victoire,
la société se reprenait à vivre et saluait dans la défaite des armées
impériales l’aurore d’une ère nouvelle de paix et de prospérité. De
ceux qui se battaient encore héroïquement pour sauver le pays,
il n’était guère question, et nul ne songeait à envoyer des étrennes,
sous une forme quelconque, aux jeunes recrues et aux vieux bris
cards sous les armes.
Aujourd’hui, si Paris et la France se reprennent quelque peu
à vivre, en cette angoissante fin d’année, c’est uniquement en vue
d’apporter de multiples marques de sympathie et, si possible, quel
que soulagement à ceux qui, là-bas, dans les tranchées, loin de tout,
loin des leurs surtout, privés des soins et de l’affection de la
femme — mère ou sœur — luttent pour la défense et pour la libé
ration du sol, pour notre indépendance et pour notre vie, à nous tous.
Cette année, donc, les classiques étrennes se trouvent avoir
un objectif nouveau ; on a, pour ainsi dire, créé une institution :
la Noël et le Jour de VAn du Soldat, dont les cadeaux, d’espèce
essentiellement pratique, visent tout ce qui a trait à l’hygiène et à
la'nourriture, tout ce qui peut donner à ceux qui combattent et meu
rent pour la patrie, un peu de confort et de réconfort.
Regardez attentivement la vitrine de nos magasins : ce ne sont
que chocolat du soldat, tablettes du soldat ; c’est le paquet-Noël,
le café militaire, le souvenir pour les prisonniers, Noël aux tran
chées, de souvenir aux absents : mélange de toutes sortes de récon
fortants ; — ce sont les spécialités pour obvier aux fatigues de la
guerre : les piles de poche, lampes pour militaires, les plastrons
du soldat, les protège ou pare-balles, les sacs de couchage perfec
tionnés, le parapluie du soldat, le réchaud du soldat. Et, comme
la réclame s’est mise au ton du jour, la quatrième page de nos
journaux se remplit d’avis ainsi formulés : Nos soldats mangeront
chaud — Nos soldats dormiront chaudement — Nos soldats auront
vingt-quatre heures d'illusion. Ça, c’est pour les paniers-paquets
confortablement garnis de toutes sortes de provisions de Ixmche.
Voilà pour ceux qui sont au loin : les étrennes des grands,
si l’on peut s’exprimer ainsi ; des grands qui, grâce à certains des
nôtres, vont même recevoir des « étrennes intellectuelles ».
A-t-on pour cela oublié les petits?
Ah ! non, certes : car les jouets d’actualité, jouets militaires
naturellement, abondent, depuis le Boche — une tête de Guil
laume II en bois, sur laquelle on tire avec un pistolet ; — le nez,
les yeux, la bouche tombent, et le kaiser se trouve alors transformé
en tête de mort— jusqu’aux Ombres de la Revanche, séries d’images
en silhouettes.
Voici VAttaque brusquée — cela ne pouvait manquer — une
sorte de table-billard avec lance-billes, garnie des drapeaux des
alliés ; Y Equipe anglaise, jeu de quilles ; la Mitrailleuse automa
tique ; le 75, garni de toutes sortes de surprises ; Y Attaque du fort
et diverses compositions de soldats de plomb pour constituer les jeux
de la guerre « franco-allemande ».
Petits soldats d’André Hellé et de Carlègle, qui, sur l’image
ici placée en frontispice, paraissez si pacifiques, nos enfants sauront
bien, avec vous, constituer des armées victorieuses. Et vous avez
pour moi un charme tout particulier, car votre bois découpé et tourné
procède en droite ligne des soldats en bois, primitifs, de l’année 1814.
Tout naturellement, l’Alsace et la Flandre triomphent dans
le rayon des poupées, et, Quand il sera grand, transporté de la carte
postale dans le jouet en bois, nous montre l’Alsacienne présentant
un j>etit soldat français à son enfant au berceau.
Les aquarelles d’actualité emplissent le domaine de la confiserie :
c’est le sac-tambour de Scott, dont les grandes compositions de
VIllustration devaient si bien se prêter à ces adaptations ; c’est
la bourse des alliés, c’est les gamelles anglaise et française ; ce sont
les coiffures militaires de toutes sortes, les obus, les 75, et, là aussi,
les poupées-boîtes, Alsaciennes, Flamandes, Belges, qui, sous leurs
jupes, enserrent toutes les douceurs permises... même en temps
de guerre.
Le livre a, lui aussi, tenu à donner sa note de guerre, et, à côté
des CJiay/ts patriotiques et nationaux de tous les pays, Les Mémoires
d'un 75, de notre confrère André Tudesq, dont les reportages en
divers pays ont été si remarqués, constituent véritablement le livre
du jour.
Jeux et bibelots de camelotage, c’est par vous que je vais ter
miner ces brèves notes : Jeu du Bivouac franco-anglais, la Croix
des Alliés (avec leurs six drapeaux, il s’agit de former une croix
nouvelle) ; pantins de toutes sortes : Bataille du Boche et du Belge ;
cartes à transformations... magiques.
Qui dira, qui dénombrera les cartes-calendriers (je signale celle
de l’éditeur Fontane pour la correspondance militaire), les cartes-
souhaits de nouvel an, avec les alliés au grand complet, et tous les
————————■— de cette fin d’année 1914
JS JS M M M
Jouets, bibelots, boîtes et sacs de bonbons, objets-étrennes de
toutes sortes — publicité elle-même — tout est à la Guerre. Ce qui
surprendrait, c’est qu’il en fût autrement.
Et les étrennes 1915 nous ramènent cent ans en arrière, à cette
année 1814, où les alliés — les Cosaques surtout — régnaient en
maîtres dans les boutiques des confiseurs et des marchands de jouets.
Aujourd’hui, il est vrai, les rôles sont renversés : les alliés sont
avec nous, et les fameux bonbons-pétards, dits cosaques, ne sont
plus guère de mode.
Du reste, ce ne sont point là les seules distinctions à faire. En
décembre 1814, la vie mondaine battait son plein ; épuisée par des
années de guerre, lasse de faire sans cesse rimer gloire avec victoire,
la société se reprenait à vivre et saluait dans la défaite des armées
impériales l’aurore d’une ère nouvelle de paix et de prospérité. De
ceux qui se battaient encore héroïquement pour sauver le pays,
il n’était guère question, et nul ne songeait à envoyer des étrennes,
sous une forme quelconque, aux jeunes recrues et aux vieux bris
cards sous les armes.
Aujourd’hui, si Paris et la France se reprennent quelque peu
à vivre, en cette angoissante fin d’année, c’est uniquement en vue
d’apporter de multiples marques de sympathie et, si possible, quel
que soulagement à ceux qui, là-bas, dans les tranchées, loin de tout,
loin des leurs surtout, privés des soins et de l’affection de la
femme — mère ou sœur — luttent pour la défense et pour la libé
ration du sol, pour notre indépendance et pour notre vie, à nous tous.
Cette année, donc, les classiques étrennes se trouvent avoir
un objectif nouveau ; on a, pour ainsi dire, créé une institution :
la Noël et le Jour de VAn du Soldat, dont les cadeaux, d’espèce
essentiellement pratique, visent tout ce qui a trait à l’hygiène et à
la'nourriture, tout ce qui peut donner à ceux qui combattent et meu
rent pour la patrie, un peu de confort et de réconfort.
Regardez attentivement la vitrine de nos magasins : ce ne sont
que chocolat du soldat, tablettes du soldat ; c’est le paquet-Noël,
le café militaire, le souvenir pour les prisonniers, Noël aux tran
chées, de souvenir aux absents : mélange de toutes sortes de récon
fortants ; — ce sont les spécialités pour obvier aux fatigues de la
guerre : les piles de poche, lampes pour militaires, les plastrons
du soldat, les protège ou pare-balles, les sacs de couchage perfec
tionnés, le parapluie du soldat, le réchaud du soldat. Et, comme
la réclame s’est mise au ton du jour, la quatrième page de nos
journaux se remplit d’avis ainsi formulés : Nos soldats mangeront
chaud — Nos soldats dormiront chaudement — Nos soldats auront
vingt-quatre heures d'illusion. Ça, c’est pour les paniers-paquets
confortablement garnis de toutes sortes de provisions de Ixmche.
Voilà pour ceux qui sont au loin : les étrennes des grands,
si l’on peut s’exprimer ainsi ; des grands qui, grâce à certains des
nôtres, vont même recevoir des « étrennes intellectuelles ».
A-t-on pour cela oublié les petits?
Ah ! non, certes : car les jouets d’actualité, jouets militaires
naturellement, abondent, depuis le Boche — une tête de Guil
laume II en bois, sur laquelle on tire avec un pistolet ; — le nez,
les yeux, la bouche tombent, et le kaiser se trouve alors transformé
en tête de mort— jusqu’aux Ombres de la Revanche, séries d’images
en silhouettes.
Voici VAttaque brusquée — cela ne pouvait manquer — une
sorte de table-billard avec lance-billes, garnie des drapeaux des
alliés ; Y Equipe anglaise, jeu de quilles ; la Mitrailleuse automa
tique ; le 75, garni de toutes sortes de surprises ; Y Attaque du fort
et diverses compositions de soldats de plomb pour constituer les jeux
de la guerre « franco-allemande ».
Petits soldats d’André Hellé et de Carlègle, qui, sur l’image
ici placée en frontispice, paraissez si pacifiques, nos enfants sauront
bien, avec vous, constituer des armées victorieuses. Et vous avez
pour moi un charme tout particulier, car votre bois découpé et tourné
procède en droite ligne des soldats en bois, primitifs, de l’année 1814.
Tout naturellement, l’Alsace et la Flandre triomphent dans
le rayon des poupées, et, Quand il sera grand, transporté de la carte
postale dans le jouet en bois, nous montre l’Alsacienne présentant
un j>etit soldat français à son enfant au berceau.
Les aquarelles d’actualité emplissent le domaine de la confiserie :
c’est le sac-tambour de Scott, dont les grandes compositions de
VIllustration devaient si bien se prêter à ces adaptations ; c’est
la bourse des alliés, c’est les gamelles anglaise et française ; ce sont
les coiffures militaires de toutes sortes, les obus, les 75, et, là aussi,
les poupées-boîtes, Alsaciennes, Flamandes, Belges, qui, sous leurs
jupes, enserrent toutes les douceurs permises... même en temps
de guerre.
Le livre a, lui aussi, tenu à donner sa note de guerre, et, à côté
des CJiay/ts patriotiques et nationaux de tous les pays, Les Mémoires
d'un 75, de notre confrère André Tudesq, dont les reportages en
divers pays ont été si remarqués, constituent véritablement le livre
du jour.
Jeux et bibelots de camelotage, c’est par vous que je vais ter
miner ces brèves notes : Jeu du Bivouac franco-anglais, la Croix
des Alliés (avec leurs six drapeaux, il s’agit de former une croix
nouvelle) ; pantins de toutes sortes : Bataille du Boche et du Belge ;
cartes à transformations... magiques.
Qui dira, qui dénombrera les cartes-calendriers (je signale celle
de l’éditeur Fontane pour la correspondance militaire), les cartes-
souhaits de nouvel an, avec les alliés au grand complet, et tous les
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.56%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.56%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 26/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5143552q/f26.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5143552q/f26.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5143552q/f26.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5143552q/f26.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5143552q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5143552q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5143552q/f26.image × Aide