Titre : Le Télégramme : journal de la démocratie du Midi
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1907-06-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32876489m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 juin 1907 12 juin 1907
Description : 1907/06/12 (A13,N4093). 1907/06/12 (A13,N4093).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG09 Collection numérique : BIPFPIG09
Description : Collection numérique : BIPFPIG12 Collection numérique : BIPFPIG12
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Rosalis... Collection numérique : Bibliothèque Rosalis (Toulouse)
Description : Collection numérique : Presse locale Collection numérique : Presse locale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53792640z
Source : Bibliothèque municipale de Toulouse, P 015
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/05/2023
M. Etienne lui impose silence, _
tb. Ga-îeaax-CazaM. — La valeur au pro-
dûLr s'est avilie par suite de ta grande
Quantité jdeff vies mauvais et par î effet du
mouillage, "Les vins défectueux son,, rafis-
toilés et vont concurrencer les vins men-
leurs au'on vend plus cher. Et ■l'orateur
énumère différents procédés et différants
produits. employés pour le rafistolage.
M. Gazéneuve écouta avec attention.
M. tfiàim lui crie : « Ça vous .retéress^
hein, docteur ? (Rires). Le diaoto c-mpo.te
Jttdeja Gironde,'continuant son
énuméSn *a*Ie de eoqsèwateura rcu-
SS et hïa^cs. •'(Mouvements divers)-
wf, cazaaux-Gasalet. — Ih« est forme un
commerce nbûvéjuf- pour la vente de ces
^rafistolés. Autrefois, Us _allaient a la
'distillation mais fWjOUvd'bm. »• cuufco au.
l'avilissement des eaux-de-vie, tes produc-
t^iTrs n'ont plus intérêt - o. distmoi.
L avSiasonmnt dés éaux-de-vie- provient
do la éontrcsb-aride. (Brun).
M' Seli&lfeiat. - La contrebande
est celle qu'on ne peut même pas songer
à empêcher. (Mouvements c-iveis).
L^vIiBri d'oaax-de-yie ne sont eac*-
d~éps aue d'hommes armes. (Bruit).
Ii nous- faudrait des régiments de cava,
lerie (Protestations). Et le députe 1/t un
ra-rroort du préposé à l'octrcî de Béziers,
Ke gSuMsoil Voilà l'effet du paria-
"KSlUx-OazsSet. - Il n'y M«.»f
moyen de prévenir cette fraude . cest di
miter le sifflement dont tes contreuandieio
se servent entre eux pour s'avertir du dan-
fer Rires) Je n'ai pas l'intention de corn-
battre le privilège des bouilleurs de cru,
mais une Lrveliarice est nécessaire. Un
4es procédés de la fraude, c est le blanchis-
"T ?. ** **• #*ft
m. ealïaux déclare que le gouverne-
meai, déposerai un projet de loi établissant
rïAq magasins séparés..
Càzeawx-Oazalet. — Sur la question
idu'mouillage, la commission est d acc-ora
avec'le ministre. Et L'orateur expose diver-
ses manières de fraude par le mouillage
oui ont été signalées à la commission, au
cours de Venquête, à Toulouse et a, Mar-
eaacam-Oazalot; - Il faut prévenir
le mouillage ; toute loi qui ne le prévien-
kteûKt pas serait inefficace.
Montrant les conséquences d,e la crise,
l'orateur cite des chiffres indiquant la de-
prédation générale des (propriétés et la
jBdsère du Midi. ï,-„„ ^on«
M. MaShss. — C'est la même chose dans
Aynard, — Jolie réclame pour 1 impôt
tSoarai.t. - ^^rernnS3
M Camuzet paraît gêné.
M-. Rt-bïeré, son compatriote, 1 engage à
tépondre ; mais ùl se tait. ,
m Cazeaux-Cazalet. — Cette fois, il n y
a pas despoir de relèvement des cours La
mlère des propriétaires est noire Ce qu ai
v a de plus grave encore, c est qu'e la ira
K*SS"to Tzpik ta
entre les diverses prqductions^_e ^ ^f_
*>£ dÏÏÏÏÏaStoSw» et de l'administra-
lois sont
*kS5Ï
^tSquîT^S^ it te'a^rt
*i?dgï?X»£Eïafeioia » «tau
ÏTOM.Tasies. - £u»l
M. Ganmszet lit, mais la Cliamni o p _
et on n'entend pas. m t
M. Lasies. — Enlève ton paravent
Chiffres en mains. M.. Camuzet piouv
gu'il-y a surproduction.,
NL LaSœ.1"—l'Et^laf'consoxmnlation ! Il
*ï.<1Ê&iir- L «m *
pient, c'est la surproduction des ,vms.
ÉF'wb Vasies. - Artificiels. (Longue agita-
^lîh'CaslJaux. — J'ai la prétention de dire
la vérité. 11 y a des plaques de ôurproduc-
lion, mais non une surproduction d «osem-
bie. Délita part, on doit montre en regard
l'augmentation de la production taxée.
(Applaudlsements.) La crise Ment en par-
tie à la contextare nouvelle du vrgpoble
français et c'est -pourquoi dans le projet de
budget le gouvernement proposera
d'exempter d'impôt., pendant 5 ans, tiou «-
terré précédemment plantée en vignes et
fplsntéô en une autre îcultuire. (Très bien .)
La séance est levée à midi 10 et renvoyee
à 2 heur es.
SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI
La séance est ouverte à 2 h. 20, sous la
présidence dô M. H. Brisson.
On adopté le projet de loi modifiant le
recrutement des ingénieurs des poudres et
^On passe à la discussion d'un projet de
loi poi-tant approbation d- la convention
de commerce et de navigation passée entre
la France et la Serbie.
PU. Lasses proteste contre 1 élévation des
droits sur les eaux-.do-vie et cosmacs.
M. Bflulac se joint à lui et se plaint ae la
rapidité avec laquelle on veut discuter le
^ M. Dpumcrgue déclare que le tarif por¬
tant des réductions, il y a tout avantage à
le voter sans délai.
M. ÏVHilac demande l'ajournement.
M. Dotimergue insiste sur l'urgence. Si
la discussion est ajournée, les réductions
consenties seront rannortées.
M, Lasies. — Ce sont toujours les me-
mes qui sont sacrifiés. Les eaux-do-vie ser-
vent do rançon.
M. Mulac. Donnez-nous trois jours
pour nous permettre d'étudier la question.
M. Antide Boyer déclare que le traité ne
constitue pas un progrès : loin de là.
M. Dousr.ergue répond que te 3} Serbes
nous ont fait (ies' concêssicms, alors que
nous les traitions comme les autres na-
tions.
La demanda d'ajournement n est| pas
maintenue.
M, Brousse remarque que les.vins sont
sacrîïïes une fois encore)
M. PSicîioii. — AU lieu de chercher quel-
les réductions nous sont .consenties sur le.
tarif général serbe, il faut voir ce que nous
payions hier, et ce que nous paierons de-
maiiïï t •
M. -Jean Mord rapporteur, défend la
convention.
— Quand vous ne donnez rien, pouvez
vous demander lieauqoup ? ,
M. Lasies. — Vous nous augmentez ae
50 %.
L'urgence est déclarés et l'ensemble du
projet adopté. ^
LES POURSUITES CONTRE M. DUFOUR
On discute les conclusions de la com-
mission chargée d'examiner la demande en
autorisation dé poursuites contre M. Du-
four. La commission conclut à l'autorisa-
tion.
M. Berry combat ces conclusions . _
M. Berry. — L'immunité parlementaire
ne peut être levée que, pour des raisons no-
Hllques. En dépouillant M. Dufour, qum-
ze jours avant les vacances, vous le pro-
clamez coupable. (Très bien !)
M. RévilSe, rapporteur, défend les con-
clusions de son rapport et demande a la
Chambre de las adopter, dans l'intexe» me-
me de l'inculpé, qui pourra se laver des ac-
cusations portées contre lui.
M. Berry. — Il le fera dans quinze jours.
M." Dufour veut plaider sa cause lui-mê-
Dufour. — Prenez gaTde de ^ céder à
des influences politiques. (Très bien 1 a
l'extrême gauche.)
M. Jaurès demande l'ajournement.
L'ajournement est prononcé.
LA CRISE VITICQLE
On reprend la discussion du projet de
loi du gouvernement.
, M. Jaurès dépose un contre-projet ten-
dant à déclarer propriété nationale le vi-
snoble français et à en organiser 1 exploa-
tation d'après les doctrines coUectivistes.
M. Jaurès développe son projet.
8V3. Jaurfès. —^ Qua,nd oni aura constate
l'insuffisance des palliatifs proposés, on de-
vra reconnaître l'efficacité de notre p.roje^.
Mais, en attendant que les circonstances en
aient manifesté la nécessité, je voterai lçs
mesures préconisées par le gouvernement
pour atténuer les maux extremes_ ; mais
ie m'oi>poserai à toute mesure qui aux ait
pour effet de soulever les uns contre les
autres les consommateurs de ce pays. _
Si le Midi souffre des fraudes commises
avec le sucre, le Nord souffre des fraudes
sur l'alcool, et si le Midi demande la sup-
pression des unes, il doit consentir a la
rfnfrèfdeïïShre ri de l'hygène pu-
blMU Jaurès. - C'est le Midi lui-même qui,
au moment du phylloxéra, donna l'exemple
du la fabrication du \ in sucré.
S; £S8T p°nr- r;5
on enlève au Nord un débouché pour ses
oroduit-s il faut lui donner une compensa-
tion, en détaxant de nouveau 'p«)dmite.
An rinit nrévGïiir IcL crise du M^cii,
assura*. r*"ȣ2 ssssrs-
mif Hpci autres récrions. C est aans ^
p^ qeu je voteraf le projet de la commas-
S|Mkis le véritâble remède, c'est de donner
ri'rès bien ! à l'extrême garnie.)
C fi est trop tard pour vous parler cie la
Slt® Débrouillez-vous ! »
(BI^M)idi se déclare impuissafit et s'en re-
rnf/rhambre11 écoute, distraite, l'orateur,
que ses amis soutiennent de leurs applau-
- Ce n'est pas une souffran-
gressive du capital, négation
wlmefe te propriété ; une dette, une char-
«e. vi
vanïque nous voudrions-détruire. (Bruit )
Vous ne supprimerez jamais complète-
mPnt L fraude. Pour paralyser les cours
il suffira de la peur de la fraude pour sor-
tir de l'état aiia.rcfiiq.u-e. ;
* M le ministre des finances oanseiUa «t
lui-même aux viticulteurs de s'organiser.
prenez garde. Ah ! vous la laissez échappé.,
voira organisez la guerre civile dans le Mi-
di et quand la viticulture sera ranimée la
lutte reprendra pour le -partage des béné-
f,CG<î
Et dominent la grande propriété pourra-
b-elle parler d'ordne quand, die s unit au-
à la
pro-
jound'hui avec les travailleurs pour le dé-
sonclre ? Comment en verrez-vous contre eux
des soldats, lorsque les officiers doivent
parlementer avec les fantassins de N-ir-
bonne ? (Applaudissements sur divers et
nombreux .oancs.) Vous risquez de voir la
France s-a.décomposer. La salut n'est pas
dans les lois de réaction, mais'dans les
luis d'organisation que reconstitueront en-
suite la souveraineté nationale. (Vifs
plaudissarnients à l'extrême gauche.)
_ L'orateur termine en demandant
Chambre d'organiser socialement la
clueLon. Il est àpl&.ndi par ses amis.
M. Ayhard lui succède.
M. Aynard. .— M. Jaurès avait promis, il.
y a un un. d'apporter une oragnriath n
toniiplète du pays. (Rires.) Il a commercé
aujourd'hui,- -mais ii a négligé d'indiquer
la portée exacte do son amendement
La( première partie du discours de M.
Jaurès était très raisonnable. (Bruit.) 1:
admettait le projet de loi comme nean'èié.
Brusquement, il iè rejette par dessus borr)
et il s est nus à construire non pas un n'a.-
lais, mais une sorte d'hospice. (Rires.)
M. Jaurès présente le Midi comme se ré
vouant; et s'abanclonliant.
M. Jaurès proteste.
M, AynaM. — M. Jaurès nous propose
un remede. En dux-neuf jours, il nous de-
manae de voter quatre lois organisant la
production du vin et de l'alcool.
Voix diverses : Et du sucre.
M. Aynard. — Et du sucre.
M. Aynard lit le projet de M. Jaurès et
y reieve de nombreuses contradictions.
M. Aynard. — Vous annoncez nue vous
cSSla-?r0prié'é- et vous ma»tenez
% nUm® ,au pomt de vue Politique
C/- maintenir : la petite propriété m
Guesde a dit le contraire.
m^'+ G,ue®f°, Pjoteste, aux applaudisse-
ments de 1 extrême gauche, et déclare qu'il
a. toujours entendu maintenir la petite vrn
pri-ete : celle du travail. P
tisf'i'n^narcl' ~ m y a donc d'eux proprié-
Jl' ^«sacree, l'autre qu'il faut suppri-
mer. (Applaudissements au centre et à droi-
te ; i extrême gauche voctifère.)
M- Aynard observe qu-e beaucoup de pro-
P1- îéta.iï6s- sorO/iGiit onchantés d'êtr© expro-
Examinant les termes du projet, il de-
mande a M. Jaurès ce qu'il entend par sa-
multe ) c'":tr®nie flanche se répand en tu-
Aynard, — On établit un conseil coin-
pose die trois groupes de délégués pris dans
les situations les plus dissemblables, pour
légiférer sur la question, la plus complexe,
i.hnrm, on transforme en services sociiaux
le commerce des vins, des sucres et des aï-
cools. (Rires.)
Il faudrait plusieurs législatures. Voilà
le remède proposé. C'est se moaue.r du Mi-
dii. C'est se jouer avec son délire et cher-
cher a l'accroître.
M. Jaurès a parlé d'anarchie. N'a-t-il pas
contribué à la proposer ? (Très bien ' très
bien !)
L'extrême gauche accable l'orateur d'in-
suites.
M. Aynard. — Ne vous a-t-on pas trouvé
à l'origine de tous les conftits ? Vous avez
constamment dressé les classes l'une con-
tre l'autre ; en condamnant l'une, vous
avez opposé les oppresseurs et les oppri-
niés.
M. Aliard. — C'est la société elle-même.
M. Aynard. — Vous accusez les proprié-
tair-es de se dresser contre la loi. Que con-
seillez-vous tous les jours ? (Vifs applau-
dissonants ; nombreux cris à l'extrême
gauchi.)
Vous auriez dû trouver les mêmes rai-
sons pour défendre la liberté de conscien-
ce. (Nouveaux applaudissements sur les
mêmes bancs.)
J'ai-toujours, mai, été le champion de la
liberté générale.
Cherchant la cause du malaise, M. Ay-
nard. déclare que l'Etat succombe sous toii-
tes les charges dont on l'accablé.
M. Aynard. •— Il succombe sous le poids
des principes qu-e vous voulez pousser à
ses dernières conséquences. Vous avez dé-
fendu id.es lois .insidieuses ; aujourd'hui,
vous apportez des lois monstrueuses. (Pro-
teStations à l'extrême gauche.)
Je remercie M. Jaurès d'avoir montré où
nous allons.
M. CiMStano. — Vous parlez comme le
Père Peinard ». (Bruit.)
ML- Aynard. —M. Jaurès a eu beaucoup
d'influence sur certains ; las uns s'en re-
pentent et il n'est pas de jour où vous ne
leur ayez donné plus de raisons. (Rires.)
Nous sommes tous piei-ns de commiséra-
tion pour le Midi.
M. Zévaès. — C'est- toute votre solution ?
Mi. Aynard. f— M. Jaurès a parlé de
guerre civile. Pour l'éviter, il faut l'union
morale entre tous. Il ne faut pas enlever
la liberté aux uns, pour la donner aux au-
très. (Applaudissements.)
L'orateur fait appel à la sagesse et à la
modération, de la Chambre.
M. Aynard. — L'une des causes de la
révolte actuelle est la corruption oolitique,
qui a engendré le mépris de la loi (Très
bien !)
S'élevant contre les réformes, l'orateur
cite la patience des lyonnais, qui attendent
depuis longtemps déjà l'amélioration du
régime du Rhône.
M. Aynard. — On doit respecter la loi.-
M. Fournies-. — Demandez à M. Piou ce
qu'il pense de la loi de séparatâon-. (Mouve-
ments divers..)
M. de Gailhard-Bancel veut répondre ;
le bruit l'en empêche.
M. Aynard termine en demandant de ré-
sou-dre la question vitâeole par des moyens
prudents et légaux.
Il est chaleureusement applaudi par ses
amis.
M. Jaurès répond.
Causerie
12 Juin
A S'Qpérà-Coinicjua : « Fortunio », musique de M. An-
dro Messager. — Théâtres. — Le selon des huznoris-
tés. — Livres récents. — MM. Jérôme et Jean Tha-
faute — Memento.
Voici tine comédie lyrique qui fer a le tour du monde.
Le succès de « l'oriunio » a été très grand et en a
tai( une ovation chaleureuse à M. André Messager.
Le situation de ce musicien dans U monde inusi-
cal est exceptionnelle : il semble ne pas avoir d'enne-
mis, lû de jaloux ! On est d'accord pour vanter l'êlé-,
(fonce de-son art, la sûreté de sa technique, la grâce
la clarté de s:i composition. Quand on sut qu'il met-
tait en musique, sous le titre do i< Fortunio », le
« Çhaiideliev », d'Alfred de Musset, on répéta que
lui, seul pouvait 'tenter un travail si délicat. On était
certain d'avance qu'il y réussirait .M. Messager fait
en souriant dos œuvres charmantes ; il choisit des su-
jets amusants, voulions même, et il les traite si spi-
rituellement que les gens graves l'applaudissent et
l'admirent.
La comédie de Musset n'a que trois actes. Vous sa-
y es combien elle est exquise : de plus en plus le
théâtre de Musset grandit dans ïcsti:nc des lettrés et
du public. Mais la fantaisie du poète s'accommode tnal
d.'S exigences de la mise en scène ; ses trois actes
forment dix tableaux. Au cours d'un même acte, il
place les personnages dans un salon, puis clans une
salle à manger, pour finir dans la chambre de Jaeque-
fine. MM. G. A. de Caillayet et Robert de Flors ont
adroitement composé un livret en cinq actes qui con-
serve la fraîcheur du. texte du « Chandelier ». C'est
du Musset qui ressemble à du Molière : la jolie Jac-
queline, épousa de maître André, vieux notaire,
reçoit dans sa chambre le brillant capitaine Cdavaro-
Che et le cache dans une armoire quand paraît son
. mari jaloux. Clavaroehe, pour dépister répoux, con-
i teille à la bsUq de prendre un ir Chandelier », c'est-
à-dire un amoureux qu'elle feindra d'encourager et
qui attirera sur lui les soupçons du notaire. Ce
« Chandelier » ce sera le jeune/ clerc Fortunio. Vous
savez comment finit Thistoire : le brave petit a m ou-
reux s'empare du cœur de Jacqueline et. ce sera
désormais le bouillant Clavaroehe qui tiendra
M. Jaurès. — M. Aynard a cherché à me
mettre en opposition avec M. J. Guesde,
alors que j'ai reproduit les paroles qu'il a
toujours prononcées. (Très bien ! à l'ex-
trêrrie gau-che.) f .
M. Beau regard. — Vous êtes en contra-
diction avec tout le socialisme autorisé.
M. Jaurès. — M. Aynard a trouvé que
je fixais une date trop proche. Je la recule
au l,rfaoût, si cela peut le satisfaire. J'ai
fait ce que nous avons fait pour le rachat
de l'Ouest ; j'aflaissé à une loi postérieure
le soin de régler -les mesures d'exécution
de la loi. Les cultivateurs ne se tromperont
pas, ils savent que le seul remède est celui
que j'ai proposé. (Applaudissements à l'ex-
trème gauche). 11 faut s'incliner devant la
leçon des choses. Ce sont les propriétaires
les plu.s individualistes qui vous dernan-
dent de les obliger à déclarer leurs récol-
tes, reniant leur égoïsme d'autrefois. (Ap-
plaudissements à l'extrême gauche. Voyez
combien sont puissants les sentiments de
«lasse ! J'ai vu applaudir M. Aynard par
les représentants de ce Midi qui s'en remet
à -l'Etat, quand M. Ayhard déplorait le rô-
Je croissant de l'Etat. (Très bien ! à l'ex-
trème gauche).
C'est un signe des temps. C'est l'annonce
d'un monde nouveau que de voir la pro-
priété jadis révolutionnaire quand il s'a-
gissàit d'organiser une forme nouvelle de-
venue aujourd'hui une puissance conserva-
tri-ce. (Applaudissements à l'extrême gau-
che).
M. Jaurès termine en condamnant les vi-
ces de la société.
Jaurès. — Votre société mourra d'el-
le-même. (Protestation générale. L'extrê-
me gauche applaudit frénétiquement M.
Jaurès).
La séance est suspendue à quatre heures
un quart.
La séance est reprise à cinq heures
moins cinq.
M. Cazeneuive vient rejeter le contre-pro-
jet de M. Jaurès, au nom de la commis-
sion. Id invoque l'ombre de M. Berthelot.
D'un geste d'inattention, il renverse son
verre d'eau. (Hilarité).
M. Lasies. -— VUa la chimie. Si vous trai-
tez ainsi vos analyses, (Rires). ,
M. Gazeneuve lit différents passages d'a-r-
tieles de M. Jaurès où de député du Tarn
représente l'organisation sociale comme
impossible, dans les circonstances présen-
tes.
M. Cazertouve. — C'était en 1900...
Voix à l'extrême gauche : Il y a sept ans.
M. Gazeneuve, .avant de descendre, fait
appel à toutes les bonnes volontés pour
faire aboutir le projet de la commission.
lie contre-projet d-e M. Jaurès est mis aux
voix.
La salle se remplit ; les députés veulent
se prononcer.
LE VOTE
Le vote a lieu au milieu de l'animation.
Pour, 65 voix ; contre, 505.
_ M. Brisson se trompe et lit les chiffres à
l'envers. On acclame M. Jaurès. (Hilarité
prolongée.)
M. Zévaès. — Le scrutin est acquis.
M. Brisson rectifie.
M. Lasies vient développer son contre-
projet. ; il regrette que celuî de M. Jaurès
n'ait pas été voté.
— Mes amis du gouvernement m'auraient
donné de ma propriété un prix rémunéra-
teur, et je me serais fait nommer délégué.
(Rires.),
Je combattrai l'article additionnel que M.
Jaurès avait annoncé qu'il déposerait, pour
supprimer le privilège des bouilleurs de
cru.
M. Jaurès. — C'est un projet de résolu-
tion.
M. Lasies. — Dans ce cas, il ri" a pas d!e
danger.
Examinant la question des coopératives,
le député du Gers déclare airelles n-e pour-
ront s'organiser que lorsque la, Prospérité
sera revenue. Recherchant les causes de la
crisè, il constate que les petits vins, les
vins défectueux encombrent le marché et
font une concurrence funeste aux vins non-
nêtes.
M. Lasies. — Dans mon contre-projet, je
me suis inspiré des idées émises jadis par
MiM. Sarraut et Do-umergue.
Le ministre du commes-ae déclare que ses
idée® n'ont pps changé et qu'elles sont, con-
tenues dans le projet du gouvernement.
M. Sarraut. — On veut nous opposer les
uns aux autres.
tH. Lasies. — Il ne faut pas être nerveux,
monsieur le sous-secrétaire d'Etat. (Hilari-
té).
M. Lasies explique son contre-projet.
M. Lasies. — Dans la déclaration, il suf-
fit qu'elle soit affichée à la mairie, car tous
les propriétaires se connaissent et se sur-
veillent.
IL est impossible de demander la déclara-
tion du degré, car le degré n'est pas fixé.
Nous voulons que les effets de la déclara-
tion soient étendus an négociant pour que
celui qui a acheté 1.000 hectolitres au nro-
priétaire ne- puisse en revendre 5.000. Dans
quelles conditions s'exercera la survel-Uan-
ce des sucres annoncée par le projet du
gouvernement ?
M. OaiViaux. — Toute expédition depuis
15 kilogrammes devra être consignée sur
un registre spécial
M. Lasie®. — La fraude par le sucre n'est
pas limitée aux vins. Que le ministre nous
dise combien on consomme d'alcool à Pa-
ris.
M. C-aiLlaux donne des signes d'-ignoran-
ce.
M. Lasies. — Les trois quarts sont fabri-
qués avec du sucre. Et ce qui développe
cette fraude, c'est l'élévation du droit sur
les alcools à l'entrée des villes. (Très bien 1)
M. Ri bot applaudit.
M. Lasie-3. -L Nous n'avons pas voulu dé-
poser d'amendements, pour ne pas alourdir
la loi ; mais il faudra bien établir des ca-
taxes différentes entre les alcools indus-
triels et les alcools Me fruits.
M. Delau-ue. — Elles seront inappliea.
bles.
M. Lasies. — Elles existent, en fait, à
votre profit. ; on paie.200 fr. l'hectolitre in-
dustriel et 375 fr. l'alcool d'Armagnac.
M. De-Saune. — Dans votre raisonnement.
un produit doit d'autç.nt moins rayer, qu'i
a plus de valeur ; c'est le contraire qui est.
(Très bien !)
M. René se prononce pour' la taxe diffé-
rentiellc.
M.Lasies. — Vos alcools industriels vien-
fient chez nous, pour nous voler et semer
la miisère. *
Les députés du Gers applaudissent.
M, Dclaisne. — En quoi en sommes-nous
responsables ?
M, Lasies. — Nous voulons que le sucre
ne soit piua un, moyen d.e concurrencer
nos alcools de fruits. Le Midi s'est trop
longtemps sacrifié pour donner des pri-
mes au Nord. Pour coiî&jattre la fraude,
il faut établir aussi l'exercice chez le dé-
bitant.
Nous ne votero-ns le projet qu'à deux con-
ditions : Si la déclaration atteint les né-
godants et si l'exercice est étendu aux dé-
bitant s. Il n'y a que les malhonnêtes gens
pour protester. Il finit en conseillant à lai
Chambre de ne pas pousser à bout leMidi
La, pauvreté devient séditieuse quand l'o-
pulerjce devient progressive.
Voix diverses : A jeudi.
M. Cazencisve demande à la Chambre
d'achever la discussion des contre-projets.
M. Noulens. — Notre contre-projet com-
plète les -mesures proposées par le gouver-
nement. Je tiens à affirmer une fois de
plus que la sua-production n'est pour rien
dans la crise. .
Là "seule cause, c'est la fraude et notre
contre-projet cherche à l'atteindre. Nous
demanderons au Parlement de régler la
question des alcools par un autre projet,
pour nous donner l'ensemble des mesures.
Dans notre contre-projet, nous demandons
d'appliquer l'exercice aux négociants pour
prévenir le mouillage nous remercions le
gouvernement de frapper le sucre raffiné
à côté du sucre brut. Il termine en déola-
rant que le gouvernement doit apliquer les
lois sans faiblesse.
M. Gazeneuve demande à MM, Lasies et
Noulens de retirer leur contre-projet.
ÎVÎ. Lasies y consent, se réservant de le re-
prendre sous forme d'amendement.
M. Augé retire également le sien.
L'a suite de la discussion est renvoyée à
jeudi matin.
La séance est levée à 6 h. 45.
AU SÉNAT
Séance du 11 juin
La, séance est ouverte à 3 h. 15, sous la
présidence de M. Antonin Dutoost.
Les sénateurs sont assez nombreux. MM.
Clemenceau, Barthou, Caillaux, Milliès-
Lacroix, Pichon, Viviani, Guyot-Dessaigue,
prennent place au banc des ministrea
LE RACHAT DE L'OUEST
Le président donne immédiatement la
parole à M. Emile Labiche, président, de la
commission sénatoriale des chemins dè fer,
qui demande au Sénat de décider le renvoi
du projet de rachat à la commission séna-
toriale des fmance&s.
DECLARATIONS DU GOUVERNERAENT
Au milieu do l'attention générale, M.
Barthou, ministre des ' travaux publics,
monte à la tribune pour expliquer .l'attitude
du gouvernement, à l'égard du projet de
rachat. j •
Le ministre des travaux publics ccmmen-
ce . tout, d'abord par déclarer que ie »otl-
vernement ne saurait s'opposer du projet devant la commission des finan-
ces.
M. Barthou. — Le projet de rachat de
l'Ouest soulève des questions financières
d'une gravité particulière. La commission
du budget a été appelée au Palais-Bourbon
à en connaître. II est naturel que !a com-
mission des finances soit appelée à son tour
à l'examiner ici.
Toutefois, le ministre, au nom du gau-
vernement, tient à établir très Dritom'-iit
que la renvoi de la question-ne d ût pas
être considéré -comme un recul inavoué.
(Approbation.)
L'HISTORIQUE DU RACHAT
M. Barthou poursuit en rappelant par
quelles phases a pasisé, -depuis sept ans, ia
question soumise au Sénat,
M. Barthou. — A deu-x'reprises, la Chain-
bre, sur des propositions d'initiative parie-
mentaire, a voté lie rachat du réseau de
l'Ouest, En 'décembre dernier, sur l'initia-
tive du gouvernement, elle l'a voté de «ou-
veau et cette fois à 200 voix de majorité.
Vous êtes maintenant saisis de ce grand
sujet. Votre commission des chemins ce
fer vient d'examiner avec soin et avec le
souci des moindres détails cette question.
Le gouvernement do-it rendre hommage au
rapport de M. Prévôt qui ne laisse ' dans
l'ombre 'aucun de.s points du débat.-Il a été
rédigé d'après les informations les plus
copieuses et les plus authentiques. L'affaire
aujourd'hui est donc complètement instrui-
te. Les problèmes financiers notamment
que -soulève le rachat ont été traités avec
une extrême clarté par l'honorable rappor-
teur qui y a consacré tout un chapitre de
son travail. C'est dans ces conditions que
1-e projet de loi va venir devant la commis-
sion des finances. La. tâche de celle-ci en
sera singulièrement simplifiée, si simplifiée
même que, nous l'espérons fermement, elle
MQBBSBSMSEaMQBBffiBàHMBSBi
■raS£3S33EB3%C529EZS
pourra rapidement nous saisir de seg txmc
clusions. (Très bie n!). Le temps presse
Le ministre insiste en effet sur l'urgence
du vote du projet de rachat.
M. Barthou. — Le Sénat me permettra
de dire en effet qu'au point où en sont lee
choses, il est temps pour les pouvoirs pu-
blics de résoudre la grave, délicate et près-
santé question qui lui est soumise. Oui, il
est temps de mettre fin à un état de choses
-incertain dont la prolongation ne pourrait
que causer de réalg et de graves fiofnTna»
ges.
Le ministre arrive ensuite & l'exameq
des conséquences financières du projet 11
les divise en deux catégories ; les directes
et-indire-etes,
M. Barthou. — Les premières se résu<
ment dans l'évaluation du prix d'aoquisi*
tion du réseau par l'Etat, suivant les con-
vantions de 1887. J'observe qu'elles soulè-
vent des questions d'o-ndre litigieux sur les-
quelles il est difficile au gouvernement*
de s'expliquer dès maintenant, sous peine
d-e risquer d'engager prématurément les
droits et les intérêts de l'Etat, à propos de®
solutions contestées qui seront sûrement
déférée-s aux tribunaux ; quant aux consé-
qu-ences financières indirectes, elles sonlj
moins fragiles peut-être à préciser que lea
conséquences directes, mais l'examen eu
est plus aisé à aborder.
La commission d'es finances a trop d'ex-
périence en ces matières pour ne pas faux-
nir prornptement au Sénat l'avis qui ya
être demandé à ses lumières.
Le gouvernement la prie instaimnen®
d'aller vite ; des raisons graves et décisi-
ves noua imposent à tous, en effet, l'oMi-
gation de ne pas laisser les choses pju®
logtemps en suspens.
A ce sujet, Je ministre des travaux pu-
baies -entre dans un certain nombre de cooas
sidérat.ions sur les difficultés que soulève
la situation présente dans les rap-ports en«
tre la Compagnie de l'Ouest et le gouverne-
ment. Il déclare que le gouvernement na
saurait, en aucune sorte, reprendre les né-
gociations engagées jadis par M. Marué-
jouis et M. Gauthier avec les Compagnies
de l'Ouest et de l'Oriéans dans le but d-'ar-
river à un remaniement du réseau de l'E-
tat. (Mouvements divers).
M. Barthou. — Le gouvernement croil
ae son devoir de rappeler ici qu'il a repous-
sé cette solution, qu'il la repousse, qu'il
croit superflu de l'envisager. H faut exami-
ner la question du rachat en elle-même ;
il faut 1 aborder de front. On ne la résou-
dra pas par les voies détournées, nous ne
nous prêterons d'ailleurs à rien de semMa-
bie. (Approbations).
Le ministre des travaux publics termine
en insistant auprès de la. commission des
finances pour qu'elle s'efforce de ne retar-
der en rien la discussion du projet
M. Barthou. — Ni le Parlement, ni la
gouvernement, en effet, né doivent faire le
j-eu des auteurs de la campagne qui est en
ce moment dirigée contré la rachat (Pro-
testations.)
On prétend que nous poursuivons en cet-
te affaire j,e ne sais quel programme de se-
cialisation. Nous, nous voyons dans le ra-
chat une question d'affaire et une CTtiertion
d'espèce. Nous sommes convaincus que no-
tre solution est/la bonne. Nous sau/ons la
soutenir et prendre, l'heure venue, toute
notre responsabilité. (Vifs applaudisse-
ments à gauche.)
M. Sebline. — C'est ia question de con-
fiance posée à terme. (Rires au centre.)
Le renvoi est prononcé.
M. Emile Labiche remercie M. Kârthoa
d'9 no pas s'être opposé au renvoi.
M. Labiche. — M. le ministre des travaux
publics a cru néanmoins devoir appuyer
notre proposition en faisant valoir à Ta-
vance les arguments qu'il compte dévelop-
:Per devant nos collègues de cette commis-
si on. Qu'il me permette de le remercier de
1 aide peut-être un pe uinutile qu'il a bien
voulu nous prêter. (Rires et applaudi»»,,
ments ironiques a droite et au centime }
M. CSemenceau. — Nous avions des dé
clarabiofis a faire ; nous vous les avons fai-
tes. Elles étaient nécessaires.
Après quelques observations de MM Ma-
ms, Prevet et Lintilhac, le renvoi est pro, -
nonce sans plus ample débat.
LES ACCIDENTS DU TRAVAIL
Le Sénat adopte ensuite, après échange
d observations entre MM. Poirier, rappor-
teur, ie ministre du travail et M. Leche-
valiei% la loi ayant pour objet de donner le
droit a la responsabilité forfaitaire en ma-
tiere d accidents du travail
On adapte également 01a. -loi modifiant
1 article p 148 du Code civil, relatif aux for-
thèques inS!Cn-PlX(>n des privilèges et hypo*
LA VENTE DES ENCRAIS
En l'absence de M. Ruau, on ajourne -en,
suite a une séance ultérieure la discussion
gfate pr0p!0sition rela{ive à la vente des en-
PoirIer combat, du -reste,
qu il trouve onereuse pour le
honnête ét la petite culture.
Prochaine séance, jeudi à 3 heures
La seance est levée à 5 h. 25.
cette loi
commerce
Conseil de Cabinet
Paris, 11 juin.
Les ministres se sont réunis ce matin, à
huit heures .et demtie, en conseil de cabi-,
net, au ministère de l'intériteur, so.us la
présidence de M. Clemenceau.
La délibération a duré à perlne vingt mi-
-nutes. Elle a été entièrement consacrée à
la question'des sucrages.
ia
chandelle !
La musique de M. André Messager (J.) çcntcnlo en-
core une fois le public et les connsissèiifs : elle est
légère pour rester dans le ton du sujet, gracieuse et
divertissante. Elle a du style et de l'originalité. M.
Messager est maître de son art et personne n'a meil-
leur goût que lui. Or. attend beaucoup de sa future
direction de notre Opéra national.
M. Albert Carré a monté « Fortunio » délicieuse-
a,eut et l'interprétation a été excellente. M. Fugère,
aans maître André, tient un des rôles plaisants dans
lesquels il réussit toujours ; le ton de l'ouvrage doit
lui plaire. Mme Marguerite JJnrré est uîio ravissante
e£-ir,
/ifflkà
i#
à chacune de ses créa-
'ranccll sont de par-
Jacqueline : elle est en profit
tiens. MM. Dufranîie, Périe?
faits artistes.
Voilà donc un bon opéra-comique qui va être po-
pulaire. Vous l'entendrez d'ici peu à Toulouse. On va
chanter dans les salons les couplets du « Chande-
lier », la fameuse chanson de Fortunio : « Si vous
croyez que je rais dire... » autrefois mise en musique
irai Ofie.ubàch et que Messager traite tout autrement.
Enfin le grand duo du cinquième acte : « Parce que
votre main frémissait dans la mienne », aidera bien
dès amoureux à se témoigner discrètement l'ardeur
de leur flamme I
Il était temps qu'un si beau succès vint achever
cette saison théâtrale plutôt médiocre. A l'Odéon et au
Théâtre Antoine, MM. Trarieux et Loyson. traitent
un même sujet qui n'est point bon : la religion en
lutte avec l'athéisme dans la famille. A l'Odéon aussi,
M. Bricux a fait le panégyrique de la (t Française ».
Pans une pièce un peu désordonnée, il a réussi à dé-
finu ce qui distingue les femmes de chez nous, ce
je. ne sais quoi qui paraît insaisissable et valait bien
la peine d'être étudié. M. Drieux avait pris l'habitude
de prêcher au théâtre et il a failli plusieurs fois nous
y ennuyer. Il se ressaisit. Bien des scènes cle la
« Française » sorti exquises et d'une observation très
sûre et très juste.
(T.) « Fortunio », comédie lyrique en cinq actes,
d'après le G. A: de Cal'ïavét ci Robert de Fiers, musique d'An-
dré Messager, Chouder.a , éditeur.
Le « Ftire », auquel nous devons tous des moments
de franche gaieté, vient de prendre une bien heu-
relise initiative en nous offrant le premier Salon des
Humoristes. Il est ouvert au Palais de Glace : la piste
est transformée en une salle d'exposition où se presse
une foule élégante et amusée. Comme on est ravi de
trouver là les bons artistes qui tournent en dérision
leurs contemporains ! Toute notre époque est vivante
dans leurs dessins.
Voici d'abord le triomphateur Sem, le maître du
crayon, qui peint les caractères en quelques traits et
fixe l'être vivant dans son attitude la plus exprès-
sive. Chacun de ses dessins est une synthèse d'une
précision admirai/le. On a réuni là quelques excel-
lentes pages de ses albums : M. et Mme Alphonse de
HdtchSchild au bord de la mer ; ce sont deux paU-
rres vieux qui donnent une impression poignante
d.-; décrépitude au milieu d'une plage déserte I A-t-on
jamais mieux exprimé la vanité des grandeurs hu-
marnes ? h côté, voici M. Chauchard ei ses élégan-
ces ; 31. de Max, qui se tortille comme dans « Jules
César » ; Mme la comtesse de Nouilles dans sa mar-
cjic à la gloire ; et tant d'autres, les habitués du Bois,
des Premières et du Pesage.
Les dessins de M. Léandre sont bien différents :
ses caricatures enflent les bosses des personnages et
les déforment ainsi d'une manière très bouffonne.
Après lui, il y 'a ceux qui illustreut des légendes rvs-
ses et, puisque le maître Forain est à peu près ai-
sent de cette exposition, il faut nommer MM. Wil
leite Abel Faivre, Albert Guillaume. Puis il y a les
spécialistes : l'exquis Benjamin Habier, qui huma-
fuse nos bons frères les chiens — et tout particuliè-
rement les bassets — ou les lapins et les panards ;
M. Ch. Huard, dont les croquis évoquent la vie bour-
geoise des petites villes do nos provinces ; M. Fran-
cisque Poulbot, qui connaît les grosses, sait noter leurs
gestes et les faire parler ; M. Roubille, excellent déco-
rateur, qui réussit particulièrement bien dans l'ai-
fiche ; M. de Losques, dont les croquis de théâtre ont
de plus en plus d'assurance et de simplicité ; M. Char-
les Pourriol, dont le dessin, rehaussé de couleurs, est
intéressant.
Les envois des artistes étrangers occupent la galerie
supérieure, niais on n'a pas donné aux remarquables
dessinateurs du journal n Simplicissimus», de Mu-
nich, la place qu'ils méritent. MM. Th. Heine et Olaf
(iumransson ont une profondeur d'inspiration et une
originalité tout à fait admirables, M. Caplello, dont
le dessin a taiil de finesse et qui saisit les ressem-
mauces d'une manière si extraordinaire, méritait
bien lui aussi une des places d'honneur qui ont été
accordées plutôt à l'ancienneté qu'au mérite.
Les jouets de Câran d'Ache sont l'une des curiosités
sensationnelles de cette exposition. Ils intéressent
parce qu'ils sont très artistiques et ils amusent.
Enfin le salon des humoristes remporte un très vif
succès, on en parle beaucoup et l'on sera content d'y
retourner tous J es an s,
M. Frédédic Mauzens vient de publier un roman
curieux u Le coffre-fort vivant » (.1 ), récit des aven-
tures extraordinaires d'un homme qui a avalé par
accident un diamant d'une valeur énorme. C'est une
lecture reposante et désopilante.
Un nouveau volume de Conan-Doyle vient de pa-
raître : le « Capitaine de l'Etoile polaire » 02), ré-
ci (il de récits poignants. Vous connaissez ce roman-
nier anglais que nous avons découvert il y a un ou
deux ans. Il est devenu célèbre en racontant les ex-
picits d'un détective amateur, le fameux Sherlook
Holmes, dont les sûres méthodes débrouillent sous
les yeux du lecteur les affaires les plus embrouillées.
Ce qui distingue ces romans des vulgaires histoires
de crimes que tant de feuilletonnistes rabâchent, c'est
qu'ils sont totalement dépourvus de toute mièvrerie
sentimentale et que l'intelligence du lecteur est direc-
tement aux prises avec un problème passionnant. Mais
il est un peu injuste de rendre Conan-Doyle si célè-
b< e en France alors qu'on ne lit presque pas les dê-
licleux romans cie Stevenson. .
M. Albert Savine a eu l'heureuse idée de traduire le
premier recueil -de Rudyard Kipling, les « Simples
ccntes des Collines ». L'illustre écrivain anglais
avait vingt-quatre ans quand il les écrivit et ils firent
scandais. On y trouve déjà les qualités qui rendent
son œuvre si Vivante..
Pour Unir, je m'adresse aux amis des bons livres
— j'entends les livres qui se distinguent de tous les
autres en ayant du style — et je leur conseille de
meiire dans leur bibliothèque le nouveau volume de
« Le cofire-fort virant »,
ji) Frédéric Mauzens,
Flammarion, éditeur.
(2j Conan-Doyle, « Le Câpitziuc de rEtoile po-
laire », J. Tallandier, éditeur,
. . ^ » t... .,ggj
MM. Jérôme et Jean Tbaraud, la « Ville et les
Champs » ), à côté de leur récent roman « Bingley,
l'illustre écrivain », qui obtint l'hiver dernier le prix
Concourt. Ce sont de petits ouvrages remarquables.
MM. Tharaud retrouvent un art oublié depuis bien
longtemps, celui de conter d'une manière agréable,
comme faisait autrefois Mérimée. Les deux nouvelles
qui forment la « Ville et les Champs » sont de poi-
gnants épisodes de 1810-71. Lruh se passe en Péri-
géra, au moment des défaites, et Vautre à Paris pen-
dant la Commune. Dans tous les deux, un homme est
aux prises avec la justice aveugle de la foule et Suc-
combe injustement. La précision du style et la ra-
\idité du récit laissent au sujet une grandeur simple
rt saisissante.
îoiS de l'exposition
des
œuvres de Chardin et de Fragonard, attendue depuis
bien longtemps ; elle s'ouvre au moment où cet article
psiaît.
Jacques MOHLAJSO
MEMENTO
Derniers livres parus :
Paul Bourget, « l'Emigré », roman ; Pion, éditeur,
3 fr. 50. -
Conan-Doyle, le « Capitaine de l'Etoile polaire », U»
brairie illustrée ; Tallandier éditeur, 3 fr. 50.
Rudyard Kipling, « Simples contes des Collines »,
trad. Albert Savine ; Stock éditeur, 3 fr. 50.
Philippe Monnier « Venise au dix-huitième siècle »,
Perrin éditeur, 5 francs.
I. Mentré, « A. Cournot » ; Bloud éditeur, 0 fr. 60.
(.1) Jérôme et Jean Tharaud, la « Ville ef la
Champs », Edouard Pelletan, éditeur.
tb. Ga-îeaax-CazaM. — La valeur au pro-
dûLr s'est avilie par suite de ta grande
Quantité jdeff vies mauvais et par î effet du
mouillage, "Les vins défectueux son,, rafis-
toilés et vont concurrencer les vins men-
leurs au'on vend plus cher. Et ■l'orateur
énumère différents procédés et différants
produits. employés pour le rafistolage.
M. Gazéneuve écouta avec attention.
M. tfiàim lui crie : « Ça vous .retéress^
hein, docteur ? (Rires). Le diaoto c-mpo.te
Jttdeja Gironde,'continuant son
énuméSn *a*Ie de eoqsèwateura rcu-
SS et hïa^cs. •'(Mouvements divers)-
wf, cazaaux-Gasalet. — Ih« est forme un
commerce nbûvéjuf- pour la vente de ces
^rafistolés. Autrefois, Us _allaient a la
'distillation mais fWjOUvd'bm. »• cuufco au.
l'avilissement des eaux-de-vie, tes produc-
t^iTrs n'ont plus intérêt - o. distmoi.
L avSiasonmnt dés éaux-de-vie- provient
do la éontrcsb-aride. (Brun).
M' Seli&lfeiat. - La contrebande
est celle qu'on ne peut même pas songer
à empêcher. (Mouvements c-iveis).
L^vIiBri d'oaax-de-yie ne sont eac*-
d~éps aue d'hommes armes. (Bruit).
Ii nous- faudrait des régiments de cava,
lerie (Protestations). Et le députe 1/t un
ra-rroort du préposé à l'octrcî de Béziers,
Ke gSuMsoil Voilà l'effet du paria-
"KSlUx-OazsSet. - Il n'y M«.»f
moyen de prévenir cette fraude . cest di
miter le sifflement dont tes contreuandieio
se servent entre eux pour s'avertir du dan-
fer Rires) Je n'ai pas l'intention de corn-
battre le privilège des bouilleurs de cru,
mais une Lrveliarice est nécessaire. Un
4es procédés de la fraude, c est le blanchis-
"T ?. ** **• #*ft
m. ealïaux déclare que le gouverne-
meai, déposerai un projet de loi établissant
rïAq magasins séparés..
Càzeawx-Oazalet. — Sur la question
idu'mouillage, la commission est d acc-ora
avec'le ministre. Et L'orateur expose diver-
ses manières de fraude par le mouillage
oui ont été signalées à la commission, au
cours de Venquête, à Toulouse et a, Mar-
eaacam-Oazalot; - Il faut prévenir
le mouillage ; toute loi qui ne le prévien-
kteûKt pas serait inefficace.
Montrant les conséquences d,e la crise,
l'orateur cite des chiffres indiquant la de-
prédation générale des (propriétés et la
jBdsère du Midi. ï,-„„ ^on«
M. MaShss. — C'est la même chose dans
Aynard, — Jolie réclame pour 1 impôt
tSoarai.t. - ^^rernnS3
M Camuzet paraît gêné.
M-. Rt-bïeré, son compatriote, 1 engage à
tépondre ; mais ùl se tait. ,
m Cazeaux-Cazalet. — Cette fois, il n y
a pas despoir de relèvement des cours La
mlère des propriétaires est noire Ce qu ai
v a de plus grave encore, c est qu'e la ira
K*SS"to Tzpik ta
entre les diverses prqductions^_e ^ ^f_
*>£ dÏÏÏÏÏaStoSw» et de l'administra-
lois sont
*kS5Ï
^tSquîT^S^ it te'a^rt
*i?dgï?X»£Eïafeioia » «tau
ÏTOM.Tasies. - £u»l
M. Ganmszet lit, mais la Cliamni o p _
et on n'entend pas. m t
M. Lasies. — Enlève ton paravent
Chiffres en mains. M.. Camuzet piouv
gu'il-y a surproduction.,
NL LaSœ.1"—l'Et^laf'consoxmnlation ! Il
*ï.<1Ê&iir- L «m *
pient, c'est la surproduction des ,vms.
ÉF'wb Vasies. - Artificiels. (Longue agita-
^lîh'CaslJaux. — J'ai la prétention de dire
la vérité. 11 y a des plaques de ôurproduc-
lion, mais non une surproduction d «osem-
bie. Délita part, on doit montre en regard
l'augmentation de la production taxée.
(Applaudlsements.) La crise Ment en par-
tie à la contextare nouvelle du vrgpoble
français et c'est -pourquoi dans le projet de
budget le gouvernement proposera
d'exempter d'impôt., pendant 5 ans, tiou «-
terré précédemment plantée en vignes et
fplsntéô en une autre îcultuire. (Très bien .)
La séance est levée à midi 10 et renvoyee
à 2 heur es.
SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI
La séance est ouverte à 2 h. 20, sous la
présidence dô M. H. Brisson.
On adopté le projet de loi modifiant le
recrutement des ingénieurs des poudres et
^On passe à la discussion d'un projet de
loi poi-tant approbation d- la convention
de commerce et de navigation passée entre
la France et la Serbie.
PU. Lasses proteste contre 1 élévation des
droits sur les eaux-.do-vie et cosmacs.
M. Bflulac se joint à lui et se plaint ae la
rapidité avec laquelle on veut discuter le
^ M. Dpumcrgue déclare que le tarif por¬
tant des réductions, il y a tout avantage à
le voter sans délai.
M. ÏVHilac demande l'ajournement.
M. Dotimergue insiste sur l'urgence. Si
la discussion est ajournée, les réductions
consenties seront rannortées.
M, Lasies. — Ce sont toujours les me-
mes qui sont sacrifiés. Les eaux-do-vie ser-
vent do rançon.
M. Mulac. Donnez-nous trois jours
pour nous permettre d'étudier la question.
M. Antide Boyer déclare que le traité ne
constitue pas un progrès : loin de là.
M. Dousr.ergue répond que te 3} Serbes
nous ont fait (ies' concêssicms, alors que
nous les traitions comme les autres na-
tions.
La demanda d'ajournement n est| pas
maintenue.
M, Brousse remarque que les.vins sont
sacrîïïes une fois encore)
M. PSicîioii. — AU lieu de chercher quel-
les réductions nous sont .consenties sur le.
tarif général serbe, il faut voir ce que nous
payions hier, et ce que nous paierons de-
maiiïï t •
M. -Jean Mord rapporteur, défend la
convention.
— Quand vous ne donnez rien, pouvez
vous demander lieauqoup ? ,
M. Lasies. — Vous nous augmentez ae
50 %.
L'urgence est déclarés et l'ensemble du
projet adopté. ^
LES POURSUITES CONTRE M. DUFOUR
On discute les conclusions de la com-
mission chargée d'examiner la demande en
autorisation dé poursuites contre M. Du-
four. La commission conclut à l'autorisa-
tion.
M. Berry combat ces conclusions . _
M. Berry. — L'immunité parlementaire
ne peut être levée que, pour des raisons no-
Hllques. En dépouillant M. Dufour, qum-
ze jours avant les vacances, vous le pro-
clamez coupable. (Très bien !)
M. RévilSe, rapporteur, défend les con-
clusions de son rapport et demande a la
Chambre de las adopter, dans l'intexe» me-
me de l'inculpé, qui pourra se laver des ac-
cusations portées contre lui.
M. Berry. — Il le fera dans quinze jours.
M." Dufour veut plaider sa cause lui-mê-
Dufour. — Prenez gaTde de ^ céder à
des influences politiques. (Très bien 1 a
l'extrême gauche.)
M. Jaurès demande l'ajournement.
L'ajournement est prononcé.
LA CRISE VITICQLE
On reprend la discussion du projet de
loi du gouvernement.
, M. Jaurès dépose un contre-projet ten-
dant à déclarer propriété nationale le vi-
snoble français et à en organiser 1 exploa-
tation d'après les doctrines coUectivistes.
M. Jaurès développe son projet.
8V3. Jaurfès. —^ Qua,nd oni aura constate
l'insuffisance des palliatifs proposés, on de-
vra reconnaître l'efficacité de notre p.roje^.
Mais, en attendant que les circonstances en
aient manifesté la nécessité, je voterai lçs
mesures préconisées par le gouvernement
pour atténuer les maux extremes_ ; mais
ie m'oi>poserai à toute mesure qui aux ait
pour effet de soulever les uns contre les
autres les consommateurs de ce pays. _
Si le Midi souffre des fraudes commises
avec le sucre, le Nord souffre des fraudes
sur l'alcool, et si le Midi demande la sup-
pression des unes, il doit consentir a la
rfnfrèfdeïïShre ri de l'hygène pu-
blMU Jaurès. - C'est le Midi lui-même qui,
au moment du phylloxéra, donna l'exemple
du la fabrication du \ in sucré.
S; £S8T p°nr- r;5
on enlève au Nord un débouché pour ses
oroduit-s il faut lui donner une compensa-
tion, en détaxant de nouveau 'p«)dmite.
An rinit nrévGïiir IcL crise du M^cii,
assura*. r*"ȣ2 ssssrs-
mif Hpci autres récrions. C est aans ^
p^ qeu je voteraf le projet de la commas-
S|Mkis le véritâble remède, c'est de donner
ri'rès bien ! à l'extrême garnie.)
C fi est trop tard pour vous parler cie la
Slt® Débrouillez-vous ! »
(BI^M)idi se déclare impuissafit et s'en re-
rnf/rhambre11 écoute, distraite, l'orateur,
que ses amis soutiennent de leurs applau-
- Ce n'est pas une souffran-
gressive du capital, négation
wlmefe te propriété ; une dette, une char-
«e. vi
vanïque nous voudrions-détruire. (Bruit )
Vous ne supprimerez jamais complète-
mPnt L fraude. Pour paralyser les cours
il suffira de la peur de la fraude pour sor-
tir de l'état aiia.rcfiiq.u-e. ;
* M le ministre des finances oanseiUa «t
lui-même aux viticulteurs de s'organiser.
prenez garde. Ah ! vous la laissez échappé.,
voira organisez la guerre civile dans le Mi-
di et quand la viticulture sera ranimée la
lutte reprendra pour le -partage des béné-
f,CG<î
Et dominent la grande propriété pourra-
b-elle parler d'ordne quand, die s unit au-
à la
pro-
jound'hui avec les travailleurs pour le dé-
sonclre ? Comment en verrez-vous contre eux
des soldats, lorsque les officiers doivent
parlementer avec les fantassins de N-ir-
bonne ? (Applaudissements sur divers et
nombreux .oancs.) Vous risquez de voir la
France s-a.décomposer. La salut n'est pas
dans les lois de réaction, mais'dans les
luis d'organisation que reconstitueront en-
suite la souveraineté nationale. (Vifs
plaudissarnients à l'extrême gauche.)
_ L'orateur termine en demandant
Chambre d'organiser socialement la
clueLon. Il est àpl&.ndi par ses amis.
M. Ayhard lui succède.
M. Aynard. .— M. Jaurès avait promis, il.
y a un un. d'apporter une oragnriath n
toniiplète du pays. (Rires.) Il a commercé
aujourd'hui,- -mais ii a négligé d'indiquer
la portée exacte do son amendement
La( première partie du discours de M.
Jaurès était très raisonnable. (Bruit.) 1:
admettait le projet de loi comme nean'èié.
Brusquement, il iè rejette par dessus borr)
et il s est nus à construire non pas un n'a.-
lais, mais une sorte d'hospice. (Rires.)
M. Jaurès présente le Midi comme se ré
vouant; et s'abanclonliant.
M. Jaurès proteste.
M, AynaM. — M. Jaurès nous propose
un remede. En dux-neuf jours, il nous de-
manae de voter quatre lois organisant la
production du vin et de l'alcool.
Voix diverses : Et du sucre.
M. Aynard. — Et du sucre.
M. Aynard lit le projet de M. Jaurès et
y reieve de nombreuses contradictions.
M. Aynard. — Vous annoncez nue vous
cSSla-?r0prié'é- et vous ma»tenez
% nUm® ,au pomt de vue Politique
C/- maintenir : la petite propriété m
Guesde a dit le contraire.
m^'+ G,ue®f°, Pjoteste, aux applaudisse-
ments de 1 extrême gauche, et déclare qu'il
a. toujours entendu maintenir la petite vrn
pri-ete : celle du travail. P
tisf'i'n^narcl' ~ m y a donc d'eux proprié-
Jl' ^«sacree, l'autre qu'il faut suppri-
mer. (Applaudissements au centre et à droi-
te ; i extrême gauche voctifère.)
M- Aynard observe qu-e beaucoup de pro-
P1- îéta.iï6s- sorO/iGiit onchantés d'êtr© expro-
Examinant les termes du projet, il de-
mande a M. Jaurès ce qu'il entend par sa-
multe ) c'":tr®nie flanche se répand en tu-
Aynard, — On établit un conseil coin-
pose die trois groupes de délégués pris dans
les situations les plus dissemblables, pour
légiférer sur la question, la plus complexe,
i.hnrm, on transforme en services sociiaux
le commerce des vins, des sucres et des aï-
cools. (Rires.)
Il faudrait plusieurs législatures. Voilà
le remède proposé. C'est se moaue.r du Mi-
dii. C'est se jouer avec son délire et cher-
cher a l'accroître.
M. Jaurès a parlé d'anarchie. N'a-t-il pas
contribué à la proposer ? (Très bien ' très
bien !)
L'extrême gauche accable l'orateur d'in-
suites.
M. Aynard. — Ne vous a-t-on pas trouvé
à l'origine de tous les conftits ? Vous avez
constamment dressé les classes l'une con-
tre l'autre ; en condamnant l'une, vous
avez opposé les oppresseurs et les oppri-
niés.
M. Aliard. — C'est la société elle-même.
M. Aynard. — Vous accusez les proprié-
tair-es de se dresser contre la loi. Que con-
seillez-vous tous les jours ? (Vifs applau-
dissonants ; nombreux cris à l'extrême
gauchi.)
Vous auriez dû trouver les mêmes rai-
sons pour défendre la liberté de conscien-
ce. (Nouveaux applaudissements sur les
mêmes bancs.)
J'ai-toujours, mai, été le champion de la
liberté générale.
Cherchant la cause du malaise, M. Ay-
nard. déclare que l'Etat succombe sous toii-
tes les charges dont on l'accablé.
M. Aynard. •— Il succombe sous le poids
des principes qu-e vous voulez pousser à
ses dernières conséquences. Vous avez dé-
fendu id.es lois .insidieuses ; aujourd'hui,
vous apportez des lois monstrueuses. (Pro-
teStations à l'extrême gauche.)
Je remercie M. Jaurès d'avoir montré où
nous allons.
M. CiMStano. — Vous parlez comme le
Père Peinard ». (Bruit.)
ML- Aynard. —M. Jaurès a eu beaucoup
d'influence sur certains ; las uns s'en re-
pentent et il n'est pas de jour où vous ne
leur ayez donné plus de raisons. (Rires.)
Nous sommes tous piei-ns de commiséra-
tion pour le Midi.
M. Zévaès. — C'est- toute votre solution ?
Mi. Aynard. f— M. Jaurès a parlé de
guerre civile. Pour l'éviter, il faut l'union
morale entre tous. Il ne faut pas enlever
la liberté aux uns, pour la donner aux au-
très. (Applaudissements.)
L'orateur fait appel à la sagesse et à la
modération, de la Chambre.
M. Aynard. — L'une des causes de la
révolte actuelle est la corruption oolitique,
qui a engendré le mépris de la loi (Très
bien !)
S'élevant contre les réformes, l'orateur
cite la patience des lyonnais, qui attendent
depuis longtemps déjà l'amélioration du
régime du Rhône.
M. Aynard. — On doit respecter la loi.-
M. Fournies-. — Demandez à M. Piou ce
qu'il pense de la loi de séparatâon-. (Mouve-
ments divers..)
M. de Gailhard-Bancel veut répondre ;
le bruit l'en empêche.
M. Aynard termine en demandant de ré-
sou-dre la question vitâeole par des moyens
prudents et légaux.
Il est chaleureusement applaudi par ses
amis.
M. Jaurès répond.
Causerie
12 Juin
A S'Qpérà-Coinicjua : « Fortunio », musique de M. An-
dro Messager. — Théâtres. — Le selon des huznoris-
tés. — Livres récents. — MM. Jérôme et Jean Tha-
faute — Memento.
Voici tine comédie lyrique qui fer a le tour du monde.
Le succès de « l'oriunio » a été très grand et en a
tai( une ovation chaleureuse à M. André Messager.
Le situation de ce musicien dans U monde inusi-
cal est exceptionnelle : il semble ne pas avoir d'enne-
mis, lû de jaloux ! On est d'accord pour vanter l'êlé-,
(fonce de-son art, la sûreté de sa technique, la grâce
la clarté de s:i composition. Quand on sut qu'il met-
tait en musique, sous le titre do i< Fortunio », le
« Çhaiideliev », d'Alfred de Musset, on répéta que
lui, seul pouvait 'tenter un travail si délicat. On était
certain d'avance qu'il y réussirait .M. Messager fait
en souriant dos œuvres charmantes ; il choisit des su-
jets amusants, voulions même, et il les traite si spi-
rituellement que les gens graves l'applaudissent et
l'admirent.
La comédie de Musset n'a que trois actes. Vous sa-
y es combien elle est exquise : de plus en plus le
théâtre de Musset grandit dans ïcsti:nc des lettrés et
du public. Mais la fantaisie du poète s'accommode tnal
d.'S exigences de la mise en scène ; ses trois actes
forment dix tableaux. Au cours d'un même acte, il
place les personnages dans un salon, puis clans une
salle à manger, pour finir dans la chambre de Jaeque-
fine. MM. G. A. de Caillayet et Robert de Flors ont
adroitement composé un livret en cinq actes qui con-
serve la fraîcheur du. texte du « Chandelier ». C'est
du Musset qui ressemble à du Molière : la jolie Jac-
queline, épousa de maître André, vieux notaire,
reçoit dans sa chambre le brillant capitaine Cdavaro-
Che et le cache dans une armoire quand paraît son
. mari jaloux. Clavaroehe, pour dépister répoux, con-
i teille à la bsUq de prendre un ir Chandelier », c'est-
à-dire un amoureux qu'elle feindra d'encourager et
qui attirera sur lui les soupçons du notaire. Ce
« Chandelier » ce sera le jeune/ clerc Fortunio. Vous
savez comment finit Thistoire : le brave petit a m ou-
reux s'empare du cœur de Jacqueline et. ce sera
désormais le bouillant Clavaroehe qui tiendra
M. Jaurès. — M. Aynard a cherché à me
mettre en opposition avec M. J. Guesde,
alors que j'ai reproduit les paroles qu'il a
toujours prononcées. (Très bien ! à l'ex-
trêrrie gau-che.) f .
M. Beau regard. — Vous êtes en contra-
diction avec tout le socialisme autorisé.
M. Jaurès. — M. Aynard a trouvé que
je fixais une date trop proche. Je la recule
au l,rfaoût, si cela peut le satisfaire. J'ai
fait ce que nous avons fait pour le rachat
de l'Ouest ; j'aflaissé à une loi postérieure
le soin de régler -les mesures d'exécution
de la loi. Les cultivateurs ne se tromperont
pas, ils savent que le seul remède est celui
que j'ai proposé. (Applaudissements à l'ex-
trème gauche). 11 faut s'incliner devant la
leçon des choses. Ce sont les propriétaires
les plu.s individualistes qui vous dernan-
dent de les obliger à déclarer leurs récol-
tes, reniant leur égoïsme d'autrefois. (Ap-
plaudissements à l'extrême gauche. Voyez
combien sont puissants les sentiments de
«lasse ! J'ai vu applaudir M. Aynard par
les représentants de ce Midi qui s'en remet
à -l'Etat, quand M. Ayhard déplorait le rô-
Je croissant de l'Etat. (Très bien ! à l'ex-
trème gauche).
C'est un signe des temps. C'est l'annonce
d'un monde nouveau que de voir la pro-
priété jadis révolutionnaire quand il s'a-
gissàit d'organiser une forme nouvelle de-
venue aujourd'hui une puissance conserva-
tri-ce. (Applaudissements à l'extrême gau-
che).
M. Jaurès termine en condamnant les vi-
ces de la société.
Jaurès. — Votre société mourra d'el-
le-même. (Protestation générale. L'extrê-
me gauche applaudit frénétiquement M.
Jaurès).
La séance est suspendue à quatre heures
un quart.
La séance est reprise à cinq heures
moins cinq.
M. Cazeneuive vient rejeter le contre-pro-
jet de M. Jaurès, au nom de la commis-
sion. Id invoque l'ombre de M. Berthelot.
D'un geste d'inattention, il renverse son
verre d'eau. (Hilarité).
M. Lasies. -— VUa la chimie. Si vous trai-
tez ainsi vos analyses, (Rires). ,
M. Gazeneuve lit différents passages d'a-r-
tieles de M. Jaurès où de député du Tarn
représente l'organisation sociale comme
impossible, dans les circonstances présen-
tes.
M. Cazertouve. — C'était en 1900...
Voix à l'extrême gauche : Il y a sept ans.
M. Gazeneuve, .avant de descendre, fait
appel à toutes les bonnes volontés pour
faire aboutir le projet de la commission.
lie contre-projet d-e M. Jaurès est mis aux
voix.
La salle se remplit ; les députés veulent
se prononcer.
LE VOTE
Le vote a lieu au milieu de l'animation.
Pour, 65 voix ; contre, 505.
_ M. Brisson se trompe et lit les chiffres à
l'envers. On acclame M. Jaurès. (Hilarité
prolongée.)
M. Zévaès. — Le scrutin est acquis.
M. Brisson rectifie.
M. Lasies vient développer son contre-
projet. ; il regrette que celuî de M. Jaurès
n'ait pas été voté.
— Mes amis du gouvernement m'auraient
donné de ma propriété un prix rémunéra-
teur, et je me serais fait nommer délégué.
(Rires.),
Je combattrai l'article additionnel que M.
Jaurès avait annoncé qu'il déposerait, pour
supprimer le privilège des bouilleurs de
cru.
M. Jaurès. — C'est un projet de résolu-
tion.
M. Lasies. — Dans ce cas, il ri" a pas d!e
danger.
Examinant la question des coopératives,
le député du Gers déclare airelles n-e pour-
ront s'organiser que lorsque la, Prospérité
sera revenue. Recherchant les causes de la
crisè, il constate que les petits vins, les
vins défectueux encombrent le marché et
font une concurrence funeste aux vins non-
nêtes.
M. Lasies. — Dans mon contre-projet, je
me suis inspiré des idées émises jadis par
MiM. Sarraut et Do-umergue.
Le ministre du commes-ae déclare que ses
idée® n'ont pps changé et qu'elles sont, con-
tenues dans le projet du gouvernement.
M. Sarraut. — On veut nous opposer les
uns aux autres.
tH. Lasies. — Il ne faut pas être nerveux,
monsieur le sous-secrétaire d'Etat. (Hilari-
té).
M. Lasies explique son contre-projet.
M. Lasies. — Dans la déclaration, il suf-
fit qu'elle soit affichée à la mairie, car tous
les propriétaires se connaissent et se sur-
veillent.
IL est impossible de demander la déclara-
tion du degré, car le degré n'est pas fixé.
Nous voulons que les effets de la déclara-
tion soient étendus an négociant pour que
celui qui a acheté 1.000 hectolitres au nro-
priétaire ne- puisse en revendre 5.000. Dans
quelles conditions s'exercera la survel-Uan-
ce des sucres annoncée par le projet du
gouvernement ?
M. OaiViaux. — Toute expédition depuis
15 kilogrammes devra être consignée sur
un registre spécial
M. Lasie®. — La fraude par le sucre n'est
pas limitée aux vins. Que le ministre nous
dise combien on consomme d'alcool à Pa-
ris.
M. C-aiLlaux donne des signes d'-ignoran-
ce.
M. Lasies. — Les trois quarts sont fabri-
qués avec du sucre. Et ce qui développe
cette fraude, c'est l'élévation du droit sur
les alcools à l'entrée des villes. (Très bien 1)
M. Ri bot applaudit.
M. Lasie-3. -L Nous n'avons pas voulu dé-
poser d'amendements, pour ne pas alourdir
la loi ; mais il faudra bien établir des ca-
taxes différentes entre les alcools indus-
triels et les alcools Me fruits.
M. Delau-ue. — Elles seront inappliea.
bles.
M. Lasies. — Elles existent, en fait, à
votre profit. ; on paie.200 fr. l'hectolitre in-
dustriel et 375 fr. l'alcool d'Armagnac.
M. De-Saune. — Dans votre raisonnement.
un produit doit d'autç.nt moins rayer, qu'i
a plus de valeur ; c'est le contraire qui est.
(Très bien !)
M. René se prononce pour' la taxe diffé-
rentiellc.
M.Lasies. — Vos alcools industriels vien-
fient chez nous, pour nous voler et semer
la miisère. *
Les députés du Gers applaudissent.
M, Dclaisne. — En quoi en sommes-nous
responsables ?
M, Lasies. — Nous voulons que le sucre
ne soit piua un, moyen d.e concurrencer
nos alcools de fruits. Le Midi s'est trop
longtemps sacrifié pour donner des pri-
mes au Nord. Pour coiî&jattre la fraude,
il faut établir aussi l'exercice chez le dé-
bitant.
Nous ne votero-ns le projet qu'à deux con-
ditions : Si la déclaration atteint les né-
godants et si l'exercice est étendu aux dé-
bitant s. Il n'y a que les malhonnêtes gens
pour protester. Il finit en conseillant à lai
Chambre de ne pas pousser à bout leMidi
La, pauvreté devient séditieuse quand l'o-
pulerjce devient progressive.
Voix diverses : A jeudi.
M. Cazencisve demande à la Chambre
d'achever la discussion des contre-projets.
M. Noulens. — Notre contre-projet com-
plète les -mesures proposées par le gouver-
nement. Je tiens à affirmer une fois de
plus que la sua-production n'est pour rien
dans la crise. .
Là "seule cause, c'est la fraude et notre
contre-projet cherche à l'atteindre. Nous
demanderons au Parlement de régler la
question des alcools par un autre projet,
pour nous donner l'ensemble des mesures.
Dans notre contre-projet, nous demandons
d'appliquer l'exercice aux négociants pour
prévenir le mouillage nous remercions le
gouvernement de frapper le sucre raffiné
à côté du sucre brut. Il termine en déola-
rant que le gouvernement doit apliquer les
lois sans faiblesse.
M. Gazeneuve demande à MM, Lasies et
Noulens de retirer leur contre-projet.
ÎVÎ. Lasies y consent, se réservant de le re-
prendre sous forme d'amendement.
M. Augé retire également le sien.
L'a suite de la discussion est renvoyée à
jeudi matin.
La séance est levée à 6 h. 45.
AU SÉNAT
Séance du 11 juin
La, séance est ouverte à 3 h. 15, sous la
présidence de M. Antonin Dutoost.
Les sénateurs sont assez nombreux. MM.
Clemenceau, Barthou, Caillaux, Milliès-
Lacroix, Pichon, Viviani, Guyot-Dessaigue,
prennent place au banc des ministrea
LE RACHAT DE L'OUEST
Le président donne immédiatement la
parole à M. Emile Labiche, président, de la
commission sénatoriale des chemins dè fer,
qui demande au Sénat de décider le renvoi
du projet de rachat à la commission séna-
toriale des fmance&s.
DECLARATIONS DU GOUVERNERAENT
Au milieu do l'attention générale, M.
Barthou, ministre des ' travaux publics,
monte à la tribune pour expliquer .l'attitude
du gouvernement, à l'égard du projet de
rachat. j •
Le ministre des travaux publics ccmmen-
ce . tout, d'abord par déclarer que ie »otl-
vernement ne saurait s'opposer
ces.
M. Barthou. — Le projet de rachat de
l'Ouest soulève des questions financières
d'une gravité particulière. La commission
du budget a été appelée au Palais-Bourbon
à en connaître. II est naturel que !a com-
mission des finances soit appelée à son tour
à l'examiner ici.
Toutefois, le ministre, au nom du gau-
vernement, tient à établir très Dritom'-iit
que la renvoi de la question-ne d ût pas
être considéré -comme un recul inavoué.
(Approbation.)
L'HISTORIQUE DU RACHAT
M. Barthou poursuit en rappelant par
quelles phases a pasisé, -depuis sept ans, ia
question soumise au Sénat,
M. Barthou. — A deu-x'reprises, la Chain-
bre, sur des propositions d'initiative parie-
mentaire, a voté lie rachat du réseau de
l'Ouest, En 'décembre dernier, sur l'initia-
tive du gouvernement, elle l'a voté de «ou-
veau et cette fois à 200 voix de majorité.
Vous êtes maintenant saisis de ce grand
sujet. Votre commission des chemins ce
fer vient d'examiner avec soin et avec le
souci des moindres détails cette question.
Le gouvernement do-it rendre hommage au
rapport de M. Prévôt qui ne laisse ' dans
l'ombre 'aucun de.s points du débat.-Il a été
rédigé d'après les informations les plus
copieuses et les plus authentiques. L'affaire
aujourd'hui est donc complètement instrui-
te. Les problèmes financiers notamment
que -soulève le rachat ont été traités avec
une extrême clarté par l'honorable rappor-
teur qui y a consacré tout un chapitre de
son travail. C'est dans ces conditions que
1-e projet de loi va venir devant la commis-
sion des finances. La. tâche de celle-ci en
sera singulièrement simplifiée, si simplifiée
même que, nous l'espérons fermement, elle
MQBBSBSMSEaMQBBffiBàHMBSBi
■raS£3S33EB3%C529EZS
pourra rapidement nous saisir de seg txmc
clusions. (Très bie n!). Le temps presse
Le ministre insiste en effet sur l'urgence
du vote du projet de rachat.
M. Barthou. — Le Sénat me permettra
de dire en effet qu'au point où en sont lee
choses, il est temps pour les pouvoirs pu-
blics de résoudre la grave, délicate et près-
santé question qui lui est soumise. Oui, il
est temps de mettre fin à un état de choses
-incertain dont la prolongation ne pourrait
que causer de réalg et de graves fiofnTna»
ges.
Le ministre arrive ensuite & l'exameq
des conséquences financières du projet 11
les divise en deux catégories ; les directes
et-indire-etes,
M. Barthou. — Les premières se résu<
ment dans l'évaluation du prix d'aoquisi*
tion du réseau par l'Etat, suivant les con-
vantions de 1887. J'observe qu'elles soulè-
vent des questions d'o-ndre litigieux sur les-
quelles il est difficile au gouvernement*
de s'expliquer dès maintenant, sous peine
d-e risquer d'engager prématurément les
droits et les intérêts de l'Etat, à propos de®
solutions contestées qui seront sûrement
déférée-s aux tribunaux ; quant aux consé-
qu-ences financières indirectes, elles sonlj
moins fragiles peut-être à préciser que lea
conséquences directes, mais l'examen eu
est plus aisé à aborder.
La commission d'es finances a trop d'ex-
périence en ces matières pour ne pas faux-
nir prornptement au Sénat l'avis qui ya
être demandé à ses lumières.
Le gouvernement la prie instaimnen®
d'aller vite ; des raisons graves et décisi-
ves noua imposent à tous, en effet, l'oMi-
gation de ne pas laisser les choses pju®
logtemps en suspens.
A ce sujet, Je ministre des travaux pu-
baies -entre dans un certain nombre de cooas
sidérat.ions sur les difficultés que soulève
la situation présente dans les rap-ports en«
tre la Compagnie de l'Ouest et le gouverne-
ment. Il déclare que le gouvernement na
saurait, en aucune sorte, reprendre les né-
gociations engagées jadis par M. Marué-
jouis et M. Gauthier avec les Compagnies
de l'Ouest et de l'Oriéans dans le but d-'ar-
river à un remaniement du réseau de l'E-
tat. (Mouvements divers).
M. Barthou. — Le gouvernement croil
ae son devoir de rappeler ici qu'il a repous-
sé cette solution, qu'il la repousse, qu'il
croit superflu de l'envisager. H faut exami-
ner la question du rachat en elle-même ;
il faut 1 aborder de front. On ne la résou-
dra pas par les voies détournées, nous ne
nous prêterons d'ailleurs à rien de semMa-
bie. (Approbations).
Le ministre des travaux publics termine
en insistant auprès de la. commission des
finances pour qu'elle s'efforce de ne retar-
der en rien la discussion du projet
M. Barthou. — Ni le Parlement, ni la
gouvernement, en effet, né doivent faire le
j-eu des auteurs de la campagne qui est en
ce moment dirigée contré la rachat (Pro-
testations.)
On prétend que nous poursuivons en cet-
te affaire j,e ne sais quel programme de se-
cialisation. Nous, nous voyons dans le ra-
chat une question d'affaire et une CTtiertion
d'espèce. Nous sommes convaincus que no-
tre solution est/la bonne. Nous sau/ons la
soutenir et prendre, l'heure venue, toute
notre responsabilité. (Vifs applaudisse-
ments à gauche.)
M. Sebline. — C'est ia question de con-
fiance posée à terme. (Rires au centre.)
Le renvoi est prononcé.
M. Emile Labiche remercie M. Kârthoa
d'9 no pas s'être opposé au renvoi.
M. Labiche. — M. le ministre des travaux
publics a cru néanmoins devoir appuyer
notre proposition en faisant valoir à Ta-
vance les arguments qu'il compte dévelop-
:Per devant nos collègues de cette commis-
si on. Qu'il me permette de le remercier de
1 aide peut-être un pe uinutile qu'il a bien
voulu nous prêter. (Rires et applaudi»»,,
ments ironiques a droite et au centime }
M. CSemenceau. — Nous avions des dé
clarabiofis a faire ; nous vous les avons fai-
tes. Elles étaient nécessaires.
Après quelques observations de MM Ma-
ms, Prevet et Lintilhac, le renvoi est pro, -
nonce sans plus ample débat.
LES ACCIDENTS DU TRAVAIL
Le Sénat adopte ensuite, après échange
d observations entre MM. Poirier, rappor-
teur, ie ministre du travail et M. Leche-
valiei% la loi ayant pour objet de donner le
droit a la responsabilité forfaitaire en ma-
tiere d accidents du travail
On adapte également 01a. -loi modifiant
1 article p 148 du Code civil, relatif aux for-
thèques inS!Cn-PlX(>n des privilèges et hypo*
LA VENTE DES ENCRAIS
En l'absence de M. Ruau, on ajourne -en,
suite a une séance ultérieure la discussion
gfate pr0p!0sition rela{ive à la vente des en-
PoirIer combat, du -reste,
qu il trouve onereuse pour le
honnête ét la petite culture.
Prochaine séance, jeudi à 3 heures
La seance est levée à 5 h. 25.
cette loi
commerce
Conseil de Cabinet
Paris, 11 juin.
Les ministres se sont réunis ce matin, à
huit heures .et demtie, en conseil de cabi-,
net, au ministère de l'intériteur, so.us la
présidence de M. Clemenceau.
La délibération a duré à perlne vingt mi-
-nutes. Elle a été entièrement consacrée à
la question'des sucrages.
ia
chandelle !
La musique de M. André Messager (J.) çcntcnlo en-
core une fois le public et les connsissèiifs : elle est
légère pour rester dans le ton du sujet, gracieuse et
divertissante. Elle a du style et de l'originalité. M.
Messager est maître de son art et personne n'a meil-
leur goût que lui. Or. attend beaucoup de sa future
direction de notre Opéra national.
M. Albert Carré a monté « Fortunio » délicieuse-
a,eut et l'interprétation a été excellente. M. Fugère,
aans maître André, tient un des rôles plaisants dans
lesquels il réussit toujours ; le ton de l'ouvrage doit
lui plaire. Mme Marguerite JJnrré est uîio ravissante
e£-ir,
/ifflkà
i#
à chacune de ses créa-
'ranccll sont de par-
Jacqueline : elle est en profit
tiens. MM. Dufranîie, Périe?
faits artistes.
Voilà donc un bon opéra-comique qui va être po-
pulaire. Vous l'entendrez d'ici peu à Toulouse. On va
chanter dans les salons les couplets du « Chande-
lier », la fameuse chanson de Fortunio : « Si vous
croyez que je rais dire... » autrefois mise en musique
irai Ofie.ubàch et que Messager traite tout autrement.
Enfin le grand duo du cinquième acte : « Parce que
votre main frémissait dans la mienne », aidera bien
dès amoureux à se témoigner discrètement l'ardeur
de leur flamme I
Il était temps qu'un si beau succès vint achever
cette saison théâtrale plutôt médiocre. A l'Odéon et au
Théâtre Antoine, MM. Trarieux et Loyson. traitent
un même sujet qui n'est point bon : la religion en
lutte avec l'athéisme dans la famille. A l'Odéon aussi,
M. Bricux a fait le panégyrique de la (t Française ».
Pans une pièce un peu désordonnée, il a réussi à dé-
finu ce qui distingue les femmes de chez nous, ce
je. ne sais quoi qui paraît insaisissable et valait bien
la peine d'être étudié. M. Drieux avait pris l'habitude
de prêcher au théâtre et il a failli plusieurs fois nous
y ennuyer. Il se ressaisit. Bien des scènes cle la
« Française » sorti exquises et d'une observation très
sûre et très juste.
(T.) « Fortunio », comédie lyrique en cinq actes,
d'après le
dré Messager, Chouder.a , éditeur.
Le « Ftire », auquel nous devons tous des moments
de franche gaieté, vient de prendre une bien heu-
relise initiative en nous offrant le premier Salon des
Humoristes. Il est ouvert au Palais de Glace : la piste
est transformée en une salle d'exposition où se presse
une foule élégante et amusée. Comme on est ravi de
trouver là les bons artistes qui tournent en dérision
leurs contemporains ! Toute notre époque est vivante
dans leurs dessins.
Voici d'abord le triomphateur Sem, le maître du
crayon, qui peint les caractères en quelques traits et
fixe l'être vivant dans son attitude la plus exprès-
sive. Chacun de ses dessins est une synthèse d'une
précision admirai/le. On a réuni là quelques excel-
lentes pages de ses albums : M. et Mme Alphonse de
HdtchSchild au bord de la mer ; ce sont deux paU-
rres vieux qui donnent une impression poignante
d.-; décrépitude au milieu d'une plage déserte I A-t-on
jamais mieux exprimé la vanité des grandeurs hu-
marnes ? h côté, voici M. Chauchard ei ses élégan-
ces ; 31. de Max, qui se tortille comme dans « Jules
César » ; Mme la comtesse de Nouilles dans sa mar-
cjic à la gloire ; et tant d'autres, les habitués du Bois,
des Premières et du Pesage.
Les dessins de M. Léandre sont bien différents :
ses caricatures enflent les bosses des personnages et
les déforment ainsi d'une manière très bouffonne.
Après lui, il y 'a ceux qui illustreut des légendes rvs-
ses et, puisque le maître Forain est à peu près ai-
sent de cette exposition, il faut nommer MM. Wil
leite Abel Faivre, Albert Guillaume. Puis il y a les
spécialistes : l'exquis Benjamin Habier, qui huma-
fuse nos bons frères les chiens — et tout particuliè-
rement les bassets — ou les lapins et les panards ;
M. Ch. Huard, dont les croquis évoquent la vie bour-
geoise des petites villes do nos provinces ; M. Fran-
cisque Poulbot, qui connaît les grosses, sait noter leurs
gestes et les faire parler ; M. Roubille, excellent déco-
rateur, qui réussit particulièrement bien dans l'ai-
fiche ; M. de Losques, dont les croquis de théâtre ont
de plus en plus d'assurance et de simplicité ; M. Char-
les Pourriol, dont le dessin, rehaussé de couleurs, est
intéressant.
Les envois des artistes étrangers occupent la galerie
supérieure, niais on n'a pas donné aux remarquables
dessinateurs du journal n Simplicissimus», de Mu-
nich, la place qu'ils méritent. MM. Th. Heine et Olaf
(iumransson ont une profondeur d'inspiration et une
originalité tout à fait admirables, M. Caplello, dont
le dessin a taiil de finesse et qui saisit les ressem-
mauces d'une manière si extraordinaire, méritait
bien lui aussi une des places d'honneur qui ont été
accordées plutôt à l'ancienneté qu'au mérite.
Les jouets de Câran d'Ache sont l'une des curiosités
sensationnelles de cette exposition. Ils intéressent
parce qu'ils sont très artistiques et ils amusent.
Enfin le salon des humoristes remporte un très vif
succès, on en parle beaucoup et l'on sera content d'y
retourner tous J es an s,
M. Frédédic Mauzens vient de publier un roman
curieux u Le coffre-fort vivant » (.1 ), récit des aven-
tures extraordinaires d'un homme qui a avalé par
accident un diamant d'une valeur énorme. C'est une
lecture reposante et désopilante.
Un nouveau volume de Conan-Doyle vient de pa-
raître : le « Capitaine de l'Etoile polaire » 02), ré-
ci (il de récits poignants. Vous connaissez ce roman-
nier anglais que nous avons découvert il y a un ou
deux ans. Il est devenu célèbre en racontant les ex-
picits d'un détective amateur, le fameux Sherlook
Holmes, dont les sûres méthodes débrouillent sous
les yeux du lecteur les affaires les plus embrouillées.
Ce qui distingue ces romans des vulgaires histoires
de crimes que tant de feuilletonnistes rabâchent, c'est
qu'ils sont totalement dépourvus de toute mièvrerie
sentimentale et que l'intelligence du lecteur est direc-
tement aux prises avec un problème passionnant. Mais
il est un peu injuste de rendre Conan-Doyle si célè-
b< e en France alors qu'on ne lit presque pas les dê-
licleux romans cie Stevenson. .
M. Albert Savine a eu l'heureuse idée de traduire le
premier recueil -de Rudyard Kipling, les « Simples
ccntes des Collines ». L'illustre écrivain anglais
avait vingt-quatre ans quand il les écrivit et ils firent
scandais. On y trouve déjà les qualités qui rendent
son œuvre si Vivante..
Pour Unir, je m'adresse aux amis des bons livres
— j'entends les livres qui se distinguent de tous les
autres en ayant du style — et je leur conseille de
meiire dans leur bibliothèque le nouveau volume de
« Le cofire-fort virant »,
ji) Frédéric Mauzens,
Flammarion, éditeur.
(2j Conan-Doyle, « Le Câpitziuc de rEtoile po-
laire », J. Tallandier, éditeur,
. . ^ » t... .,ggj
MM. Jérôme et Jean Tbaraud, la « Ville et les
Champs » ), à côté de leur récent roman « Bingley,
l'illustre écrivain », qui obtint l'hiver dernier le prix
Concourt. Ce sont de petits ouvrages remarquables.
MM. Tharaud retrouvent un art oublié depuis bien
longtemps, celui de conter d'une manière agréable,
comme faisait autrefois Mérimée. Les deux nouvelles
qui forment la « Ville et les Champs » sont de poi-
gnants épisodes de 1810-71. Lruh se passe en Péri-
géra, au moment des défaites, et Vautre à Paris pen-
dant la Commune. Dans tous les deux, un homme est
aux prises avec la justice aveugle de la foule et Suc-
combe injustement. La précision du style et la ra-
\idité du récit laissent au sujet une grandeur simple
rt saisissante.
îoiS de l'exposition
des
œuvres de Chardin et de Fragonard, attendue depuis
bien longtemps ; elle s'ouvre au moment où cet article
psiaît.
Jacques MOHLAJSO
MEMENTO
Derniers livres parus :
Paul Bourget, « l'Emigré », roman ; Pion, éditeur,
3 fr. 50. -
Conan-Doyle, le « Capitaine de l'Etoile polaire », U»
brairie illustrée ; Tallandier éditeur, 3 fr. 50.
Rudyard Kipling, « Simples contes des Collines »,
trad. Albert Savine ; Stock éditeur, 3 fr. 50.
Philippe Monnier « Venise au dix-huitième siècle »,
Perrin éditeur, 5 francs.
I. Mentré, « A. Cournot » ; Bloud éditeur, 0 fr. 60.
(.1) Jérôme et Jean Tharaud, la « Ville ef la
Champs », Edouard Pelletan, éditeur.
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