PRÉFACE
XVII
A défaut de Corporation, les Hortilions avaient formé une Communauté, à la tête de
laquelle était un Capitaine. L'origine de cette Communauté nous échappe. On la voit
apparaître, en 1636, soutenant un « fameux» procès contre le Chapitre de la Cathédrale au
sujet de la dîme des aires. Le 14 Août 1666, 30 ans après, par arrêt du Parlement, les
Hortillons étaient condamnés à payer, avec l'arriéré,une dîme en nature ou en livres, à leur
choix, soit 600 livres, les frais du procès s’élevant à 1218 livres et intérêts.' En 1670, ils
optèrent, pour la dîme de 4 livres tournois par journal (arch. de la Somme). Cette dîme
cessa d’être payée à la Révolution.
Le Capitaine répartissait les impôts et charges, faucardement des rieux, curage, etc...
et notamment la réparation du Puisoir existant encore rue Haute des Tanneurs (note de
M. A. Dubois). Les Hortillons apportaient là leurs herbes (légumes) le plus près possible
du Marché aux herbes.
Après requête favorablement répondue du Maire, le Capitaine recouvrait le rôle établi
par lui chaque année. En 1711, ce rôle était de 366 livres 10 sols. La ville etla voirie étaient
divisées en 3 classes payant la i re 7 livres, la 2 e de 4 à 6 livres, la 3 e 60, 40 et 30 sols ; à la
Neuville, les 3 classes payaient un peu moins. La livre, en 1711, valait 3 fr. 35 en mon
naie de notre époque (d'Avenel, t. I. p. 33 et note de M. G. Boudon).
Le recouvrement des rôles souleva parfois des difficultés. Ainsi, en 1695, «les Hortillons
« de la Neuville s'étaient insurgés contre leur participation au paiement de la taxe annuelle,
« mais ils furent déboutés et durent s’incliner. En 1702, ils ne furent pas plus heureux dans
« leur résistance à fournir la somme nécessaire à la levée des hommes de milice'par la
« Communauté » (note de M. A. Dubois).
Bien qu’appauvrie par le Procès des Dîmes, la Communauté des Hortillons fut
obligée, comme toutes les autres du reste, d’apporter son obole
creuse, du grand Roi. Le 9 juillet 1700, elle soldait
les droits d’enregistrement de ses armoiries : De sable
à lafasce dentelée d’argent. (Borel d'Hauterive).
Néanmoins les Hortillons étaient restés simples
et pauvres ; et quand, le 13 Octobre 1762, l'intendant
leur demande l'état de leur communauté, ils la répu
dient. «Nous n'avons ni titres approbatifs,ni revenus,
« ni dettes, ni charges... tout un chacun est libre de
« travailler aux légumes, » répondent Sorel, capi
taine, et Catlain père, Guillaume, Azéronde et
Lemaire, plus anciens hortillons (archiv. de la
Somme, C. 480).
à la Caisse, lors très
