Titre : La Vie illustrée : journal hebdomadaire
Éditeur : Juven (Paris)
Date d'édition : 1907-05-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32889048v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 mai 1907 24 mai 1907
Description : 1907/05/24 (N449). 1907/05/24 (N449).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t512924538
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-794
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/10/2023
124
LA VIE ILLUSTRÉE
L’Agitation catalane. == Le mouvement séparatiste
P
#
9 - &U moment même où, en France, le Roussillon et le Languedoc s'agi-
A | tent, en Espagne la Catalogne est en émoi. Des deux côtés de la
11 ! I frontière on ne voit que manifestations tumultueuses, on n'en-
8 83 tend que farouches revendications. Les Français se plaignent delà
crise viticole, les Catalans protestent contre la tyrannie madrilène.
La Catalogne, riche, industrieuse et prospère, supportezimpatiemment
le joug de la capitale, som
nolente et paresseuse. Pro
vince active et entreprenante,
elle prétend devenir un pays
« moderne », il lui faut des
chemins de fer, des ports, des
routes qui soient autre chose
que des caricatures de che
mins de fer, de ports ou de
routes. Elle réclame une au
tonomie très large et le droit
de s’administrer elle-même
conformément à ses besoins.
La Castille routinière ne
daigne pas s’émouvoir de ces
plaintes. Satisfaite de sa mé
diocrité, elle ne comprend pas
pourquoi on romprait avec des
traditions sacro-saintes. Ma
drid ne veut voir dans les
Catalans que des rebelles in
surgés contre la patrie.
Les élections viennent de
porter la crise à son paroxys
me. Une coalition s’est formée
sous le nom de « Solidarité
Catalane » où tous les partis
politiques ont fait bloc sur un
programme de revendications
locales. Les carlistes les plus
intransigeants ont marché la
main dans la main avec les
plus fougueux républicains.
Le chef républicain Salmeron en tournée en Catalogne *
M. Salmeron, qui fut président de l’éphémère République espagnole,
s’est mis à la tête du mouvement. Et l’on a vu ce vieillard de soixante-
dix ans parcourir en automobile toute la province, donnant meeting sur
meeting, émerveillant amis et adversaires par son enthousiasme et sa
jeunesse. L’une de nos photographies le représente au moment où il opère
dans une bourgade de Catalogne, à Borgas, son entrée triomphale ; l’autre
reproduit la manifestation qui a suivi sa conférence.
Sous les plis de la bannière catalane — jaune, quatre fois barrée de
rouge — chantant des chansons du pays comme le vieil hymne des
« Segadores », les semeurs, qui rappellent d’anciennes révoltes paysannes.
Hommes, femmes, enfants, parcourent les rues de la ville. Le mouvement
est unanime. Dans ce pays qui fut jadis un des foyers du carlisme, une
des forteresses de l’autel et de la monarchie absolue, des querelles politiques
divisaient hier les gens. Des
rivalités économiques les met
tront demain face à face, car
le prolétariat delà ville et des
champs est nombreux en Ca
talogne, et le capitalisme puis
sant. Mais aujourd’hui, le mou
vement national unit toutes
les ardeurs dans une aspira
tion commune. Les prêtres,
la veille du vote, ont dit à
leurs ouailles : Demain diman
che, saint Salmeron ! — (Ma-
nanadomingo, san Salmeron !)
Les catholiques ont fait des
neuvaines pour obtenir de la
vierge le rétablissement du
candidat républicain Cambo,
blessé dans l’attentat auquel
le vieux chef a par miracle
échappé. Les républicains ont
agi vis-à-vis de leurs anciens
adversaires avec une loyauté
égale, et les 4o candidats de la
Solidarité ont été élus.
Madrid est toute surprise
encore de voir aux Cortès des
députés qui n’ont pasété dési
gnés, suivant l’usage, par le
ministère, et nommés par les
fonctionnaires. Il y a quelque
chose de changé dans les «cho
ses d’Espagne »; sans bien s’en rendre compte, elle le sent confusément.
C’est un peu de la tradition qui s’en va par une petite fenêtre ouverte
sur un monde plus vivant, plus moderne. L’Espagne « flamenco », l’Es
pagne pour étrangers, la patrie de Carmen, des castagnettes, des courses
de taureaux et des danses du ventre sent, pour la première fois, que son
« pittoresque » prestige pourrait n’être pas éternel.
Ce ne sont certes pas ceux qui aiment l’Espagne qui s’en plaindront.
André Mobizet.
LA VIE ILLUSTRÉE
L’Agitation catalane. == Le mouvement séparatiste
P
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9 - &U moment même où, en France, le Roussillon et le Languedoc s'agi-
A | tent, en Espagne la Catalogne est en émoi. Des deux côtés de la
11 ! I frontière on ne voit que manifestations tumultueuses, on n'en-
8 83 tend que farouches revendications. Les Français se plaignent delà
crise viticole, les Catalans protestent contre la tyrannie madrilène.
La Catalogne, riche, industrieuse et prospère, supportezimpatiemment
le joug de la capitale, som
nolente et paresseuse. Pro
vince active et entreprenante,
elle prétend devenir un pays
« moderne », il lui faut des
chemins de fer, des ports, des
routes qui soient autre chose
que des caricatures de che
mins de fer, de ports ou de
routes. Elle réclame une au
tonomie très large et le droit
de s’administrer elle-même
conformément à ses besoins.
La Castille routinière ne
daigne pas s’émouvoir de ces
plaintes. Satisfaite de sa mé
diocrité, elle ne comprend pas
pourquoi on romprait avec des
traditions sacro-saintes. Ma
drid ne veut voir dans les
Catalans que des rebelles in
surgés contre la patrie.
Les élections viennent de
porter la crise à son paroxys
me. Une coalition s’est formée
sous le nom de « Solidarité
Catalane » où tous les partis
politiques ont fait bloc sur un
programme de revendications
locales. Les carlistes les plus
intransigeants ont marché la
main dans la main avec les
plus fougueux républicains.
Le chef républicain Salmeron en tournée en Catalogne *
M. Salmeron, qui fut président de l’éphémère République espagnole,
s’est mis à la tête du mouvement. Et l’on a vu ce vieillard de soixante-
dix ans parcourir en automobile toute la province, donnant meeting sur
meeting, émerveillant amis et adversaires par son enthousiasme et sa
jeunesse. L’une de nos photographies le représente au moment où il opère
dans une bourgade de Catalogne, à Borgas, son entrée triomphale ; l’autre
reproduit la manifestation qui a suivi sa conférence.
Sous les plis de la bannière catalane — jaune, quatre fois barrée de
rouge — chantant des chansons du pays comme le vieil hymne des
« Segadores », les semeurs, qui rappellent d’anciennes révoltes paysannes.
Hommes, femmes, enfants, parcourent les rues de la ville. Le mouvement
est unanime. Dans ce pays qui fut jadis un des foyers du carlisme, une
des forteresses de l’autel et de la monarchie absolue, des querelles politiques
divisaient hier les gens. Des
rivalités économiques les met
tront demain face à face, car
le prolétariat delà ville et des
champs est nombreux en Ca
talogne, et le capitalisme puis
sant. Mais aujourd’hui, le mou
vement national unit toutes
les ardeurs dans une aspira
tion commune. Les prêtres,
la veille du vote, ont dit à
leurs ouailles : Demain diman
che, saint Salmeron ! — (Ma-
nanadomingo, san Salmeron !)
Les catholiques ont fait des
neuvaines pour obtenir de la
vierge le rétablissement du
candidat républicain Cambo,
blessé dans l’attentat auquel
le vieux chef a par miracle
échappé. Les républicains ont
agi vis-à-vis de leurs anciens
adversaires avec une loyauté
égale, et les 4o candidats de la
Solidarité ont été élus.
Madrid est toute surprise
encore de voir aux Cortès des
députés qui n’ont pasété dési
gnés, suivant l’usage, par le
ministère, et nommés par les
fonctionnaires. Il y a quelque
chose de changé dans les «cho
ses d’Espagne »; sans bien s’en rendre compte, elle le sent confusément.
C’est un peu de la tradition qui s’en va par une petite fenêtre ouverte
sur un monde plus vivant, plus moderne. L’Espagne « flamenco », l’Es
pagne pour étrangers, la patrie de Carmen, des castagnettes, des courses
de taureaux et des danses du ventre sent, pour la première fois, que son
« pittoresque » prestige pourrait n’être pas éternel.
Ce ne sont certes pas ceux qui aiment l’Espagne qui s’en plaindront.
André Mobizet.
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