la notion d'espace se construit par un va-et-
vient entre l'analyse du milieu local sans
cesse élargi et celle des mileux lointains,
la notion de temps s'élabore par des com-
paraisons entre les « siècles » successifs
et entre chaque « siècle » et notre XXe siècle
presque aux trois quarts finissant.
Ainsi, on peut apporter la Radiovision aux
maîtres et à la classe dans le cadre des acti-
vités d'éveil ? La Radiovision fournit aux
maîtres des moyens pour conduire une classe
active. Elle a deux ambitions principales
- provoquer l'intérêt des élèves, fournir
des incitations à la recherche faisant péné-
trer'dans la classe la vie du monde exté-
rieur, les recherches des savants, les pro-
blèmes de l'environnement (le parc naturel
de La Vanoise ; le paysage à sauver le
bocage), les aventures de pionniers de
l'Himalaya, de la conquête de l'espace ou
de l'exploration des grottes, des volcans,
des mers, les joies et les angoisses d'ou-
vriers métallurgistes, de paysans, d'avia-
teurs, de marins et de routiers ; tous ces
hommes entrent dans la classe par la pho-
tographie et par la parole ;
- proposer des documents visuels et
sonores, photographies d'objets et de
fresques préhistoriques, de mines, de
fouilles, de monuments médiévaux, de
vitraux, de tapisseries, de tableaux de Vinci
ou de Van Gogh, de cartes de la Renais-
sance, d'eaux-fortes de Callot, de gravures
du XVIIIe et du 'XtX" siècles..., témoignages
oraux de personnes vivantes sur leur métier,
sur les faits historiques qu'elles ont vécu
(guerre, mouvements sociaux, changements
économiques, vie quotidienne...) ; points
de vue de chercheurs sur les périodes du
du passé qu'ils étudient ; documents écrits
tirés de discours, de mémoires, d'œuvres
littéraires à valeur historique comme celles
de Balzac ou de Zola...
Dans le domaine de la biologie, l'obser-
vation directe du matériel réel est toujours
souhaitable. Mais on ne peut tout faire
observer en classe ou en classe-prpmenade.
Des milieux différents de celui où l'enfant
habite, des animaux lointains (des îles Ker-
guelen par exemple), trop grands ou trop
petits pour être observés en classe, des
plantes exotiques peuvent être présentées
et étudiées, grâce à la Radiovision, dans les
conditions des méthodes actives.
L'origine et la mise en oeuvre de ces docu-
ments variés permettent de dégager les
grands types d'émissions :
- témoignages recueillis à domicile (H. Ta-
zieff, Norbert Casteret) ou en studio ;
- reportages suite d'interviews recueillies
en situation ou « sur le vif », dans une exploi-
tation agricole, dans un parc naturel (La
Vanoise), à l'usine (Dunkerque), avec les
bruits et les conditions de vie réelles ;
- scènes montées en reliant des textes
authentiques en rapport étroit avec les
images (le texte éclairant l'image et l'image
incarnant le texte) ; comme la traite des
Noirs ou l'année 1789 ;
- réponses d'un archéologue aux questions
des enfants d'un C.M. (le camp romain) ;
- séries d'images explorant le concret à
l'aide de différents instruments optiques :
- loupe binoculaire : tête et ailes d'abeille.
(« Le monde des abeilles. »)
- microscope optique : cellules-cristaux,
œil d'insecte vus au microscope optique.
(« Le monde microscopique. »)
- microscope électronique : cellule vue au
microscope électronique. (« Le monde mi-
croscopique. »)
V. - Au service de la pédagogie nou-
velle. Quelques formes d'exploitation
des radiovisions.
Chaque émission se refuse à être une leçon.
Elle tend à provoquer une curiosité, accroître
un intérêt et fournir les documents pour les
satisfaire. Une fois l'émission terminée, l'es-
sentiel reste à faire. Aux enfants et aux
maîtres de l'utiliser selon le tempérament,
les goûts, l'imagination et la documentation
de chacun, les richesses de comparaison
qu'offre le milieu local.
Les documents d'accompagnement faci-
litent la préparation de l'écoute. Le maître
découvre dans les fiches du dossier le
contenu de l'émission, des idées d'exploi-
tation, des textes, une courte bibliographie,
des cartes et des croquis.
La notice de la boîte de diapositives com-
mente le sujet de chaque vue, donne l'ori-
gine de l'image... Très souvent un article
de la revue «Textes et Documents pour la
Classe » permet de consolider la préparation
sans de longues recherches.
Avant l'écoute, il suffit d'écrire au tableau
les quelques mots difficiles indiqués dans
la fiche pédagogique. Pendant l'émission,
il ne semble pas souhaitable de faire prendre
des notes aux élèves souvent ils prennent
des détails d'intérêt limité, ils se fatiguent
vite à osciller entre l'image et leur cahier
de brouillon. Et tandis qu'ils suivent deux
lièvres à la fois, le charme est vite rompu.
N'ayez crainte, collectivement, toute la
classe réunie, ou par groupes, les enfants
retrouvent même six mois après (expérience
faite près de Bordeaux après l'émission
« L'Alsace ») l'essentiel et même les détails
de ce qu'ils ont vu et entendu.
Quelques émissions constituent de bonnes
révisions de plusieurs leçons. Le plus grand
nombre s'avère efficace comme point de
départ de l'étude d'une question. Toutes
doivent être suivies d'une exploitation qui
peut être longue si les enfants le désirent
et qui doit aboutir à des exercices d'expres-
sion.
Les possibilités abondent. Beaucoup de
maîtres commencent par un large débat
non directif où fusent les remarques et
les questions des enfants. Il suffit de ne pas
retenir les interventions sans intérêt, de
canaliser le débat, de favoriser les échanges
entre les enfants, de les laisser se répondre
les uns aux autjes, de faire sortir de leurs
interrogations les thèmes de recherches
individuelles ou par groupe.
Le débat va parfois très loin, un débat sur la
conquête de l'Himalaya a abouti à des ré-
flexions très perspicaces sur les raisons qui
poussaient les « conquérants de l'inutile ». Un
autre débat sur la « tapisserie de Bayeux»
a conduit les élèves à s'interroger sur ce
qu'est un document historique. Ils sont
arrivés aux notions d'interprétation des faits
et des points de vue. Ils ont remarqué qu'à
côté du point de vue des Normands conqué-
rants de l'Angleterre, il eût été intéressant
d'avoir celui des vaincus.
Si l'émission a captivé la classe, proposez des
travaux et une expression écrite.
Les enfants raconteront volontiers ce qu'ils
ont vu et feront part de leurs réflexions dans
le journal qu'ils impriment ou dans une
lettre à leurs camarades de la correspon-
dance scolaire. Ils peuvent illustrer ces textes
de dessins ou de croquis (autoroutes arrivant
à Paris, situation de Venise, extension du
port de Dunkerque, dessin d'une des pre-
mières locomotives, d'un voilier, d'un avion,
des débuts de l'aviation, d'abeilles butinant
des fleurs, de fourmis dans leur fourmi-
lière, d'explorateurs parcourant en canot
une rivière souterraine...).
La qualité et le charme de certains de ces
dessins réalisés par les élèves après les
émissions prouvent l'intérêt des enfants, la
joie qu'ils éprouvent à préciser et à complé-
ter leur information sur ces sujets. Un bon
exercice consiste à établir un schéma à
partir de l'image, la diapositive étant projetée
sur un grand papier blanc. Ainsi se simpli-
fient facilement la forme d'un volcan comme
le plan d'une ferme. Et même pourquoi ne
pas aller jusqu'à l'édification de maquettes ?
Si le maître a la chance de disposer d'un
magnétophone portatif et d'un appareil
de photographie, il peut essayer d'élaborer
avec ses élèves un montage audio-visuel,
une petite radiovision : reportage sur une
usine ou sur un musée avec les paroles du
guide et les réflexions des enfants, interview
d'un parent ou d'un grand-parent, illustration
d'une aventure ou d'un conte par la parole
et par des diapositives dessinées en cou-
leur sur un papier spécial.
Quelle forme passionnante donner à une
enquête
Avec la Radiovision la vie du monde entre
dans la classe. La Radiovision apporte des
documents, des thèmes de travaux de toutes
sortes, des directions de recherches.
Puisse-t-elle donner aux enfants le goût
et le désir de connaître le passé de leur
village ou de leur cité, des mouvements des
quartiers et de leurs habitants !
La Radiovision, en nourrissant la corres-
pondance scolaire, favorise les échanges
entre les écoliers des différentes régions
de France, des campagnes et des villes, de la
France et de pays lointains de langue
française. Elle suggère même parfois le but
de certains voyages de fin d'année, nous
écrivent des maîtres conduits par une émis-
sion, l'un à Vézelay, l'autre à Bayeux.
La Radiovision semble un auxiliaire précieux
de l'enseignement dans le cadre des « Activi-
tés d'Éveil ». C'est un auxiliaire efficace grâce
à sa souplesse d'utilisation. Elle est au ser-
vice des maîtres qui désirent aider leurs
élèves à s'éveiller au monde, à « notre
monde » de l'image et de la parole.
J. MADRE (E.n., Auteuil)
et J. DEUNFF
(E.n., Saint-Germain-en-Laye),
à partir d'un article paru dans « l'Éducation »
du 29-1-1970.
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