Titre : Les Dimanches de la femme : supplément de la "Mode du jour"
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-06-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757532k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 13670 Nombre total de vues : 13670
Description : 17 juin 1934 17 juin 1934
Description : 1934/06/17 (A13,N641). 1934/06/17 (A13,N641).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6143933z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-66555
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
12
DIMANCHES DE LA FEMME
Louise Labé, la belle Cordière
Par JEAN LARNAC ("
LES vers de Louise Labé, non plus que sa prose,
n'ont jamais atteint le gros public et ne l'attein-
dront jamais. La faute en est, non au mérite de la
poétesse, mais à la langue qu'elle emploie, cette
étrange langue du commencement du XVIe siècle, celle de
Rabelais, son contemporain, toute, farcie d'archaïsmes
latins et de néologismes que le temps n'a pas fixés, langue
incertaine, en pleine période d'évolution et qui veut, pour
être comprise, une assez longue adaptation. 11 semble donc
oiseux de s'arrêter à un tel personnage. Celui-ci pourtant
en vaut la peine à ce point de vue particulier : Louise Labé
fut, en France, la première des femmes de lettres.
Avant elle, assurément, il y eut des amies des Muses.
Mais Louise fut la première à faire imprimer ses oeuvres,
la première à vivre d'une vie indépendante tout entière
Louise Labé.
consacrée à la passion des lettres et, par surcroît, à l'amour.
On ne saurait mieux la comparer dans les temps modernes
qu'à Louise Colet, l'amie passagère de Musset et de
Flaubert, dont M. Gérard Gailly vient de nous conter
les " véhémences ». Comme celle-ci, la belle Lyonnaise
eût pu dire : « Vous savez qu'on a retrouvé les bras de la
Vénus de Milo... dans mes manches ! » Comme celle-ci,
elle fut la femme de lettres intégrale, la première en date.
Mais, ayant fait allusion k la beauté de Louise Labé
et à son amour de l'amour, une remarque s'impose tout
de suite : notre bas-bleu n'avait pas des moeurs bien
recommandables, du moins selon notre conception actuelle
de l'honnêteté. C'est vrai ! Elle fut en son temps ce que les
Italiens appelaient une « cortigiana onesta », une courti-
sane honnête. Ne la jugeons pas pourtant d'après nos
propres idées, mais d'après celles de la Renaissance,
toutes différentes, puisqu'un père de famille alors ne se
trouvait nullement déshonoré — au contraire ! — si sa
fille devenait la maîtresse de quelque haut personnage.
Au reste, note justement M. Jean Larnac en terminant
la biographie de Louise Labé, « les moeurs d'une époque
exercent une influence considérable sur la vie des indivi-
dus... Elle vécut à une époque où l'éclat de la civilisation
italienne tournait les têtes. Celle du père Labé, en parti-
culier, qui voulut pour sa fille une éclatante éducation,
lui donna le goût de la liberté, de l'indépendance, du
luxe et du savoir. Si bien que la petite cordière de Lyon,
destinée par sa naissance à une humble vie bourgeoise,
vécut, en compagnie des gentilshommes et des lettrés les
plus insignes de son temps, une vie où la passion joua le
plus grand rôle et lui inspira des vers... »
Donc le père Labé était cordier, tout bêtement, à
Lyon. Mais ce quenouilleur de chanvre n'était pas-bête.
Travailleur, intrigant, ambitieux, ami de l'argent, il avait
su amasser une petite fortune par son labeur, et grâce
(I) Firmin-Didot, éditeur.
aussi à deux mariages successifs. Ainsi avait-il pu se
pousser aux honneurs dans les confréries religieuses dont ,
il faisait partie. Louise naquit du second mariage de son
père. A quelle date ? Probablement en 1522. Dans cette
vie romanesque en effet subsistent encore bien des obscu-
rités. Sa mère mourut presque aussitôt et son père, pour
la troisième fois, prit femme. Etant plus âgé, i) fut moins
prudent : il épousa une jolie fille qui avait vingt ans de
moins que lui mais sans dot.
Ce que l'ambition du brave cordier n'avait pu réaliser
pour lui-même, à cause de son manque d'instruction,
il voulut le réaliser dans sa fille Louise. Elle était toute
jeune, d'une intelligence déjà remarquable, elle promettait
d'être jolie, très jolie. 11 lui donna de savants maîtres qui
lui enseignèrent le latin et le grec, l'italien et l'espagnol,
la mythologie et l'astronomie, tout ce que pouvait ap-
prendre enfin un « honnête homme » de ce temps. Et
comme un honnête homme également, Louise apprit à
jouer la comédie, à monter à cheval, à tirer l'épée. Certains
de ses historiographes en conclurent même que, telle une
nouvelle Jeanne d'Arc, la belle Lyonnaise s'enrôla dans
l'armée du roi et prit part au siège de Perpignan. Il semble
bien, d'après M. Jean Larnac, qu'il n'en fut rien.
Ce qui est sûr, c'est que Louise, à seize ans, se mit à
fréquenter la société élégante et savante de Lyon. Lyon se
trouvait sur la route de l'Italie où les Français ne cessaient
de guerroyer. Un jour passa un homme d'armes, jeune et
beau, dont l'histoire n'a pas conservé le nom. Il vit la
belle cordière et s'en éprit. Elle s'en éprit violemment
et ne lui fut pas farouche. Première faiblesse de Louise,
faiblesse dont elle se souvint toujours avec émotion et qui
lui inspira ses premiers vers. Hélas ! le capitaine « au
blond chef couronné d'un laurier verd » dut s'éloigner.
Louise resta seule avec son amour meurtri.
Faute de mieux, elle reprit sa vie à la fois de plaisir et
de doctes réunions. Puis — ceci est assez incompréhen-
sible — elle se maria. Elle se maria avec un brave homme
de cordier comme son père. Il se nommait Ennemond
Perrin et possédait quelque bien, mais c'était un être
frusteet avaitdéjàdépasséla cinquantaine, alors que Louise
ne comptait pas encore vingt ans. 11 faut croire que cet
étrange mariage fut, pour notre poétesse, une sorte de
formalité, un acquiescement aux idées reçues, car, bien
vite, elle imposa à son mari une existence à part de la
sienne et, dans ses appartements particuliers, meublés,
embellis avec l'argent de Perrin, recommença de recevoir
les beaux esprits, les savants, les poètes et le:: amoureux.
L'un de ces derniers, le plus connu de tous, fut Olivier
de Magny. Elle l'aima sans doute d'un amour égal à son
premier amour. N'est-ce pas pour lui qu'elle trouva ces
vers si poignants :
Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien.
Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien...
Malheureusement, Olivier partit, comme le premier,
vers l'Italie où il lui fallait suivre une ambassade. Plus
tard, il devait repasser par Lyon, revoir Louise, l'aimer
de nouveau, pour peu de temps. La poésie et d autres
amours sur lesquelles nous ne savons rien consolèrent
peut-être la délaissée. Les amours, n'en parlons plus 1
L'événement principal qui assure le souvenir de la belle
cordière dans la mémoire des hommes, c'est la publication,
en 1555, des OEuvres de Louise Labé, Lyonnaise, à Lyon, par
Jean de Tournes.
Il contient, ce livre, des dissertations amoureuses et
philosophiques ; il contient surtout vingt-trois sonnets,
le meilleur de ce qu'écrivit notre poétesse.
On peut dire que, dès lors, son rôle était joué. Louise
avait trente-trois ans. Quelques années encore suivirent
d'une vie heureuse, sinon éclatante. Puis le déclin com-
mença. Sa beauté se flétrit. Ses amis l'abandonnèrent.
Elle fut en butte aux attaques des Lyonnais que surexci-
taient les conflits sanglants entre protestants et catho-
liques. Soupçonnée dans sa foi, calomniée pour ses moeurs,
Louise Labé finit par se retirer dans une petite propriété
familiale qu'elle possédait à Parcieu, près de Lyon. C'est
là qu'elle mourut à quarante-quatre ans.
ROGER RÉGIS.
SI VOUS aimez les romans :
Voici deux livres d'allure souriante et qui peuvent être mis
entre toutes les mains : Yvette bachelière, où M. Jean Dufourt
brosse un amusant portrait de jeune fille moderne, et Les bévues
de Mn° Chinchon, par H. Lauvernière. (Pion, éditeur.)
L!L DAGOVER
LE cinéma muet avait déjà mis en valeur la brune
vedette allemande. Son visage fin, régulier, ses
yeux noirs, tour à tour rêveurs et cruels, sa
sobre élégance, lui avaient valu, bien avant le
« parlant », l'estime de tous les publics du monde.
On aimait la sincérité de son jeu, la justesse de sa
mimique, sa réserve charmante ou, tout au contraire,
sa morgue altière, sa « superbe », car Lil Dagoger inter-
prétait avec le même bonheur les héroïnes douloureuses
et les femmes fatales, implacables.
Ses débuts d'artiste n'avaient pas été des plus faciles.
Ses parents s'étaient énergiquement opposés à ses projets
et avaient refusé de lui laisser embrasser la carrière diffi-
cile d'actrice de cinéma. Lil Dagover, issue, en effet,
d'une des familles les plus estimées d'Allemagne, avait
reçu une instruction raffinée et une éducation parfaite
dans un des meilleurs pensionnats de Berlin.
Mais l'amour de l'écran avait été le plus fort. Il y avait
eu bientôt rupture entre les parents trop rigoristes et la
jeune ambitieuse.
Le succès était bientôt parvenu à effacer les amer-
tumes et à réconcilier les antagonistes. Devenue « grande
vedette », Lil Dagover cessait d'être l'opprobre de la
famille... Ainsi va le monde.
La jeune artiste travaillait presque sans arrêt. Les films
succédaient aux films. C'était l'époque heureuse de l'in-
flation cinématographique ! En quelques années, elle
interpréta une cinquantaine de scénarios, tous intéres-
sants, sinon de valeur égale.
Puis, survint la dangereuse période qui servit de tran-
sition entre le « muet » et le « parlant ». Nombre de
stars se virent condamnées à l'inaction. Lil Dagover, elle
aussi, marqua le pas pendant un certain temps, tout
comme sa compatriote et aînée, la réputée comédienne
Henny Porten d'ailleurs.
L'Allemagne vivait en pleine angoisse. Le désordre
social paralysait complètement l'industrie du plaisir. Les
artistes vivaient péniblement.
Puis, un semblant de réaction se produisit. Lil Dagover
en profita pour tourner son premier film parlant.
C'est à l'occasion de la présentation de ce film à Paris
que je fis sa connaissance et l'interviewai devant le micro
de la Tour Eiffel. Cette excellente comédienne était trou-
blée comme une débutante, comme une timide' qu'elle
est, en réalité, en dépit de son apparence cinématogra-
phique de « vamp ».
Etrange fantaisie de l'objectif !
La sobriété de sa mise m'avait surpris : un simple tail-
leur de couleurfoncés.un petit chapeau discret et l'absence
totale de tout maquillage. Oui, mesdames... Contraire-
ment à la tradition, cette « vedette » n'avait même pas
de poudre de riz sur son gracieux visage... Encore moins
de rouge à lèvres.
Après l'émission radiophonique, je passai un long
moment en sa compagnie, /e pus ainsi apprécier sa vive
intelligence, sa sensibilité, sa finesse d'esprit. Elle se révéla
une artiste sincère, très éprise de son métier, un peu
attristée par les difficultés qui assaillaient alors sa patrie,
mais nullement découragée pourtant et bien décidée
à poursuivre courageusement la lutte contre la fatalité,
pour conserver son prestige aux yeux de ses compa-
triotes, comme à ceux de tous les fervents du cinéma.
— J'aime Paris, m'avait-elle avoué. J'ai l'impression de
me sentir chez moi. Aussi ne tarderai-je pas à y revenir.
EMe espérait, à cette époque, tourner dans un grand
film français (qui n'a d'ailleurs pas été réalisé) le rôle
d'une réfugiée... russe, si ma mémoire est fidèle. Elle
s'en réjouissait.
Hélas ! Les événements l'en ont empêchée.
Lil Dagover n'est pas revenue « tourner » à Paris.
Je suis certain que, là-bas, dans sa confortable demeure
de Berlin, la brune vedette doit souvent regretter le
grand plaisir qu'elle avait si ardemment escompté et que la
vie, cette implacable tueuse d'espérances, a si malen-
contreusement anéanti.
JACQUES FAURE.
Académie de La Femme de France |
43, Rue de Bunker que, Pari* (Xe.) |
Téléphona : TrudalRS 09-92 1
| Court d« coup» ( I 8 leçons) Ï1S fr. g
s Cours da couture (un mois ou 9 leçons) 125 fr. £
: Cours de mede et de chupeeux (deux mois ou I 8 |
[ leçons).; 258 fr» §
: Cour» de ceupe lingerie (10 leçons) 125 fr. g
ï Cours spéciaux pour professionnelles et professorat. 1
i Cours du jour et cours du soir. |
| Cours d* tricot. Tous les vendredis de 2 h. 30 à |
| 4 heures. La leçon 10 fr. |
§• Envoi franco de renseignements sur demande |
I d l'adresse ci-dessus. g
r.iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMi)i)iiliiiiiiiiiiiiil!iiiiiiiiiiiii(iiiiiiiitiiiiiliiiiilllliiiiiiliiiiiiiliiilliliiiiiiiiiinT
DIMANCHES DE LA FEMME
Louise Labé, la belle Cordière
Par JEAN LARNAC ("
LES vers de Louise Labé, non plus que sa prose,
n'ont jamais atteint le gros public et ne l'attein-
dront jamais. La faute en est, non au mérite de la
poétesse, mais à la langue qu'elle emploie, cette
étrange langue du commencement du XVIe siècle, celle de
Rabelais, son contemporain, toute, farcie d'archaïsmes
latins et de néologismes que le temps n'a pas fixés, langue
incertaine, en pleine période d'évolution et qui veut, pour
être comprise, une assez longue adaptation. 11 semble donc
oiseux de s'arrêter à un tel personnage. Celui-ci pourtant
en vaut la peine à ce point de vue particulier : Louise Labé
fut, en France, la première des femmes de lettres.
Avant elle, assurément, il y eut des amies des Muses.
Mais Louise fut la première à faire imprimer ses oeuvres,
la première à vivre d'une vie indépendante tout entière
Louise Labé.
consacrée à la passion des lettres et, par surcroît, à l'amour.
On ne saurait mieux la comparer dans les temps modernes
qu'à Louise Colet, l'amie passagère de Musset et de
Flaubert, dont M. Gérard Gailly vient de nous conter
les " véhémences ». Comme celle-ci, la belle Lyonnaise
eût pu dire : « Vous savez qu'on a retrouvé les bras de la
Vénus de Milo... dans mes manches ! » Comme celle-ci,
elle fut la femme de lettres intégrale, la première en date.
Mais, ayant fait allusion k la beauté de Louise Labé
et à son amour de l'amour, une remarque s'impose tout
de suite : notre bas-bleu n'avait pas des moeurs bien
recommandables, du moins selon notre conception actuelle
de l'honnêteté. C'est vrai ! Elle fut en son temps ce que les
Italiens appelaient une « cortigiana onesta », une courti-
sane honnête. Ne la jugeons pas pourtant d'après nos
propres idées, mais d'après celles de la Renaissance,
toutes différentes, puisqu'un père de famille alors ne se
trouvait nullement déshonoré — au contraire ! — si sa
fille devenait la maîtresse de quelque haut personnage.
Au reste, note justement M. Jean Larnac en terminant
la biographie de Louise Labé, « les moeurs d'une époque
exercent une influence considérable sur la vie des indivi-
dus... Elle vécut à une époque où l'éclat de la civilisation
italienne tournait les têtes. Celle du père Labé, en parti-
culier, qui voulut pour sa fille une éclatante éducation,
lui donna le goût de la liberté, de l'indépendance, du
luxe et du savoir. Si bien que la petite cordière de Lyon,
destinée par sa naissance à une humble vie bourgeoise,
vécut, en compagnie des gentilshommes et des lettrés les
plus insignes de son temps, une vie où la passion joua le
plus grand rôle et lui inspira des vers... »
Donc le père Labé était cordier, tout bêtement, à
Lyon. Mais ce quenouilleur de chanvre n'était pas-bête.
Travailleur, intrigant, ambitieux, ami de l'argent, il avait
su amasser une petite fortune par son labeur, et grâce
(I) Firmin-Didot, éditeur.
aussi à deux mariages successifs. Ainsi avait-il pu se
pousser aux honneurs dans les confréries religieuses dont ,
il faisait partie. Louise naquit du second mariage de son
père. A quelle date ? Probablement en 1522. Dans cette
vie romanesque en effet subsistent encore bien des obscu-
rités. Sa mère mourut presque aussitôt et son père, pour
la troisième fois, prit femme. Etant plus âgé, i) fut moins
prudent : il épousa une jolie fille qui avait vingt ans de
moins que lui mais sans dot.
Ce que l'ambition du brave cordier n'avait pu réaliser
pour lui-même, à cause de son manque d'instruction,
il voulut le réaliser dans sa fille Louise. Elle était toute
jeune, d'une intelligence déjà remarquable, elle promettait
d'être jolie, très jolie. 11 lui donna de savants maîtres qui
lui enseignèrent le latin et le grec, l'italien et l'espagnol,
la mythologie et l'astronomie, tout ce que pouvait ap-
prendre enfin un « honnête homme » de ce temps. Et
comme un honnête homme également, Louise apprit à
jouer la comédie, à monter à cheval, à tirer l'épée. Certains
de ses historiographes en conclurent même que, telle une
nouvelle Jeanne d'Arc, la belle Lyonnaise s'enrôla dans
l'armée du roi et prit part au siège de Perpignan. Il semble
bien, d'après M. Jean Larnac, qu'il n'en fut rien.
Ce qui est sûr, c'est que Louise, à seize ans, se mit à
fréquenter la société élégante et savante de Lyon. Lyon se
trouvait sur la route de l'Italie où les Français ne cessaient
de guerroyer. Un jour passa un homme d'armes, jeune et
beau, dont l'histoire n'a pas conservé le nom. Il vit la
belle cordière et s'en éprit. Elle s'en éprit violemment
et ne lui fut pas farouche. Première faiblesse de Louise,
faiblesse dont elle se souvint toujours avec émotion et qui
lui inspira ses premiers vers. Hélas ! le capitaine « au
blond chef couronné d'un laurier verd » dut s'éloigner.
Louise resta seule avec son amour meurtri.
Faute de mieux, elle reprit sa vie à la fois de plaisir et
de doctes réunions. Puis — ceci est assez incompréhen-
sible — elle se maria. Elle se maria avec un brave homme
de cordier comme son père. Il se nommait Ennemond
Perrin et possédait quelque bien, mais c'était un être
frusteet avaitdéjàdépasséla cinquantaine, alors que Louise
ne comptait pas encore vingt ans. 11 faut croire que cet
étrange mariage fut, pour notre poétesse, une sorte de
formalité, un acquiescement aux idées reçues, car, bien
vite, elle imposa à son mari une existence à part de la
sienne et, dans ses appartements particuliers, meublés,
embellis avec l'argent de Perrin, recommença de recevoir
les beaux esprits, les savants, les poètes et le:: amoureux.
L'un de ces derniers, le plus connu de tous, fut Olivier
de Magny. Elle l'aima sans doute d'un amour égal à son
premier amour. N'est-ce pas pour lui qu'elle trouva ces
vers si poignants :
Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien.
Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien...
Malheureusement, Olivier partit, comme le premier,
vers l'Italie où il lui fallait suivre une ambassade. Plus
tard, il devait repasser par Lyon, revoir Louise, l'aimer
de nouveau, pour peu de temps. La poésie et d autres
amours sur lesquelles nous ne savons rien consolèrent
peut-être la délaissée. Les amours, n'en parlons plus 1
L'événement principal qui assure le souvenir de la belle
cordière dans la mémoire des hommes, c'est la publication,
en 1555, des OEuvres de Louise Labé, Lyonnaise, à Lyon, par
Jean de Tournes.
Il contient, ce livre, des dissertations amoureuses et
philosophiques ; il contient surtout vingt-trois sonnets,
le meilleur de ce qu'écrivit notre poétesse.
On peut dire que, dès lors, son rôle était joué. Louise
avait trente-trois ans. Quelques années encore suivirent
d'une vie heureuse, sinon éclatante. Puis le déclin com-
mença. Sa beauté se flétrit. Ses amis l'abandonnèrent.
Elle fut en butte aux attaques des Lyonnais que surexci-
taient les conflits sanglants entre protestants et catho-
liques. Soupçonnée dans sa foi, calomniée pour ses moeurs,
Louise Labé finit par se retirer dans une petite propriété
familiale qu'elle possédait à Parcieu, près de Lyon. C'est
là qu'elle mourut à quarante-quatre ans.
ROGER RÉGIS.
SI VOUS aimez les romans :
Voici deux livres d'allure souriante et qui peuvent être mis
entre toutes les mains : Yvette bachelière, où M. Jean Dufourt
brosse un amusant portrait de jeune fille moderne, et Les bévues
de Mn° Chinchon, par H. Lauvernière. (Pion, éditeur.)
L!L DAGOVER
LE cinéma muet avait déjà mis en valeur la brune
vedette allemande. Son visage fin, régulier, ses
yeux noirs, tour à tour rêveurs et cruels, sa
sobre élégance, lui avaient valu, bien avant le
« parlant », l'estime de tous les publics du monde.
On aimait la sincérité de son jeu, la justesse de sa
mimique, sa réserve charmante ou, tout au contraire,
sa morgue altière, sa « superbe », car Lil Dagoger inter-
prétait avec le même bonheur les héroïnes douloureuses
et les femmes fatales, implacables.
Ses débuts d'artiste n'avaient pas été des plus faciles.
Ses parents s'étaient énergiquement opposés à ses projets
et avaient refusé de lui laisser embrasser la carrière diffi-
cile d'actrice de cinéma. Lil Dagover, issue, en effet,
d'une des familles les plus estimées d'Allemagne, avait
reçu une instruction raffinée et une éducation parfaite
dans un des meilleurs pensionnats de Berlin.
Mais l'amour de l'écran avait été le plus fort. Il y avait
eu bientôt rupture entre les parents trop rigoristes et la
jeune ambitieuse.
Le succès était bientôt parvenu à effacer les amer-
tumes et à réconcilier les antagonistes. Devenue « grande
vedette », Lil Dagover cessait d'être l'opprobre de la
famille... Ainsi va le monde.
La jeune artiste travaillait presque sans arrêt. Les films
succédaient aux films. C'était l'époque heureuse de l'in-
flation cinématographique ! En quelques années, elle
interpréta une cinquantaine de scénarios, tous intéres-
sants, sinon de valeur égale.
Puis, survint la dangereuse période qui servit de tran-
sition entre le « muet » et le « parlant ». Nombre de
stars se virent condamnées à l'inaction. Lil Dagover, elle
aussi, marqua le pas pendant un certain temps, tout
comme sa compatriote et aînée, la réputée comédienne
Henny Porten d'ailleurs.
L'Allemagne vivait en pleine angoisse. Le désordre
social paralysait complètement l'industrie du plaisir. Les
artistes vivaient péniblement.
Puis, un semblant de réaction se produisit. Lil Dagover
en profita pour tourner son premier film parlant.
C'est à l'occasion de la présentation de ce film à Paris
que je fis sa connaissance et l'interviewai devant le micro
de la Tour Eiffel. Cette excellente comédienne était trou-
blée comme une débutante, comme une timide' qu'elle
est, en réalité, en dépit de son apparence cinématogra-
phique de « vamp ».
Etrange fantaisie de l'objectif !
La sobriété de sa mise m'avait surpris : un simple tail-
leur de couleurfoncés.un petit chapeau discret et l'absence
totale de tout maquillage. Oui, mesdames... Contraire-
ment à la tradition, cette « vedette » n'avait même pas
de poudre de riz sur son gracieux visage... Encore moins
de rouge à lèvres.
Après l'émission radiophonique, je passai un long
moment en sa compagnie, /e pus ainsi apprécier sa vive
intelligence, sa sensibilité, sa finesse d'esprit. Elle se révéla
une artiste sincère, très éprise de son métier, un peu
attristée par les difficultés qui assaillaient alors sa patrie,
mais nullement découragée pourtant et bien décidée
à poursuivre courageusement la lutte contre la fatalité,
pour conserver son prestige aux yeux de ses compa-
triotes, comme à ceux de tous les fervents du cinéma.
— J'aime Paris, m'avait-elle avoué. J'ai l'impression de
me sentir chez moi. Aussi ne tarderai-je pas à y revenir.
EMe espérait, à cette époque, tourner dans un grand
film français (qui n'a d'ailleurs pas été réalisé) le rôle
d'une réfugiée... russe, si ma mémoire est fidèle. Elle
s'en réjouissait.
Hélas ! Les événements l'en ont empêchée.
Lil Dagover n'est pas revenue « tourner » à Paris.
Je suis certain que, là-bas, dans sa confortable demeure
de Berlin, la brune vedette doit souvent regretter le
grand plaisir qu'elle avait si ardemment escompté et que la
vie, cette implacable tueuse d'espérances, a si malen-
contreusement anéanti.
JACQUES FAURE.
Académie de La Femme de France |
43, Rue de Bunker que, Pari* (Xe.) |
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[ leçons).; 258 fr» §
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ï Cours spéciaux pour professionnelles et professorat. 1
i Cours du jour et cours du soir. |
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